Le Conseil fédéral suisse a pesé de tout son poids et mis la main au gousset pour convaincre la première banque helvétique à reprendre le numéro deux du pays, à la dérive.
Avec les difficultés du Crédit suisse rendues publiques au milieu de la semaine écoulée, l’économie mondiale a frôlé la catastrophe. Le poids de cette banques forte de 167 ans d’expérience et de son interconnexion avec le système financier mondial pouvait et peut encore avoir des conséquences qui vont jusqu’à affecter l’économie réelle et pas en Suisse uniquement.
En effet à 1 251 milliards de francs suisses (1 350,31 milliards de dollars) d’actifs (2016), cette banque, la deuxième en Suisse, représente l’équivalent de près de 6% de la totalité des actifs de toutes les banques commerciales américaines qui est de 22 799,97 milliards de dollars.
Une banque d’importance systémique mondiale
Cotée en Suisse et à la bourse de New York, elle est par ailleurs implantée dans plusieurs régions du monde. Elle est, de ce fait, considérée comme banque d’importance systémique mondiale. En clair, une des institutions financières dont » la faillite désordonnée, en raison de leur taille, complexité et de leur interconnexion systémique, causerait des troubles importants au système financier dans son ensemble et à l’activité économique ». Rien que ça !
Une fois les problèmes de liquidités de cette banque, connus, pour rassurer sa clientèle et les investisseurs, jeudi dernier, sa direction a fait part d’un emprunt de 50 milliards de francs suisses auprès de la Banque centrale suisse (BCS). Nous vous le disions, dans notre article paru le même jour, il s’agissait d’une mesure d’urgence et non d’une solution structurelle.
Cette bouée de sauvetage n’a eu qu’un effet limité dans le temps et la panique s’était déjà installée. À en croire le Financial Times, en une seule journée, les clients ont retiré 10 milliards de dollars. Une véritable alerte rouge !
Pour calmer les esprits avant l’ouverture des marchés demain lundi, ce week-end,le Conseil fédéral suisse (CFS) a tenu plusieurs réunions de crise et a acté, ce dimanche, la reprise du numéro deux helvétique par UBS.
Un accord au forceps
La première banque suisse et la plus grande banque de gestion de fortune dans le monde, s’offre ainsi le Crédit suisse pour 3 milliards de francs suisses (3,24 milliards de dollars) et obtient du CFS une garantie de 9 milliards (9,71 milliards de dollars). Dans le cadre de cet accord, la Banque nationale suisse (BNS) mobilise également 100 milliards de dollars en faveur du Crédit suisse, en fait pour réduire les risques pour UBS qui avait eu du mal à se relever de la crise de 2007/2008, en dépit de l’aide fédérale.
À la crise larvée du système financier mondial, le Crédit Suisse a été secoué par plusieurs scandales et au cours des deux dernières années seulement, les actions de la banque ont chuté de plus de 80 %.
À la conférence de presse, tenue à l’issue de cet accord au forceps, il faut bien le souligner, autour d’Alain Berset, du président de la Confédération, il y avait Marlene Amstad, présidente du conseil d’administration de l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA) et Thomas Jordan, le patron de la Banque centrale, mais aussi, Colm Kelleher et Axel Lehmann, respectivement, présidents d’UBS et du Crédit suisse.
UBS, va-t-elle pouvoir digérer le Crédit suisse sans risque majeur ? C’est la question qui, désormais hante les esprits.
Dahmane SOUDANI
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