Après avoir retourné avec brio, le 18 octobre dernier, la qualification d’État parrain du terrorisme, contre l’Occident, l’élue dublinoise termine son intervention, lors d’un autre débat sur la promotion la sécurité au Moyen-Orient en demandant à ses collègues, si par hasard, ils n’étaient pas en train de plaisanter.
Certains de ses tweets culminent à plusieurs millions de vues. C’est important, mais ce n’est pas ce qui l’intéresse le plus. Clare Daly tient d’abord à dire tout haut ce qu’elle pense être juste. Lors de la plénière de mardi dernier, à l’occasion du débat consacré à « la sécurité au Moyen-Orient », encore une fois, elle n’a pas mâché ses mots. « Le principal agent d’instabilité dans ce qu’on appelle le Moyen-Orient, c’est l’Europe et sa colonie envahissante d’Amérique du Nord. Depuis les croisades, les gens là-bas ont toutes les raisons d’en avoir marre de nous voir », fustige l’eurodéputée, issue du parti irlandais de gauche Independents 4 Change, avant d’ajouter « La Grande-Bretagne et la France se sont implantées dans la région lorsque Sykes et Picot (1) en avaient tracé les frontières. C’est la Grande-Bretagne qui a planté les graines du régime d’apartheid israélien en Palestine, diviser pour régner, comme elle l’a fait en Irlande, et l’Occident n’a jamais eu de scrupule à soutenir les dictateurs tant qu’ils protégeaient nos intérêts.
Vagues tectoniques d’instabilité
Et l’élue irlandaise de poursuivre : « Alors en quoi le renversement de Mossadegh a-t-il favorisé la stabilité ? La guerre Iran-Irak était-elle bonne pour la sécurité ? Soutenir les moudjahidines, nous a-t-il couverts de gloire ? Chaque intervention occidentale, comme nous les appelons, l’occupation de l’Irak, le désastre de l’Afghanistan, les bombardements de l’OTAN en Libye, le soutien de l’extrémisme islamiste en Syrie, le génocide saoudien au Yémen, produisent tous des vagues tectoniques d’instabilité qui vibrent pendant des décennies, laissant des pays brisés, des économies sclérosées, de la violence, des traumatismes et des conflits permanents. Et à la fin, nous nous caressons le menton, prétendons que nous n’y sommes pour rien et nous nous demandons comment nous allons promouvoir la stabilité dans la région. Vous devriez plaisanter ! »
« Sainte croisade suicidaire contre la Russie »
Le 18 octobre dernier, intervenant, lors du débat sur la qualification de la Russie « d’État parrain du terrorisme » -résolution finalement adoptée mercredi dernier), Clare Daly avait sévèrement interpellé ses collègues. « État parrain du terrorisme est un terme de la législation américaine. Cela n’existe pas dans le droit de l’UE. Mais le conseiller de Zelensky l’a réclamé dans le magazine du Parlement (NDLR Le Courrier du Parlement européen). Et nous voici de nouveau, au rapport, pour accomplir le devoir ! Et tout ce que cela produira, c’est de rendre la paix plus difficile à réaliser. Exactement, bien évidemment, ce que veulent les extrémistes », s’élève-t-elle.
« Pas de paix, pas d’issues de sortie, tous les ponts brûlent et l’Ukraine un abattoir permanent d’une sainte croisade suicidaire contre la Russie », tance l’eurodéputée.
« Horreur après horreur, terreur après terreur«
« Cela dit, si vous voulez vous lancer dans la désignation des États parrains du terrorisme, allons-y ! Le parrainage européen du terrorisme israélien en Palestine, le parrainage occidental du terrorisme saoudien au Yémen, ISIS, le produit du parrainage français, américain, britannique, turc et du Golfe (NDLR. pays du Golfe), en Syrie et en Irak, des décennies de terrorisme de droite soutenu par les États-Unis contre la Révolution cubaine, les Contras (2) au Nicaragua, les escadrons de la mort au Guatemala, au Salvador, souvenez-vous du Vietnam, du Laos, du Cambodge, horreur après horreur, terreur après terreur », s’indigne, l’élue irlandaise avant de conclure : « Il n’y a rien de constructif dans le fait que la marmite qualifie la bouilloire de noire, pourriez-vous continuer ! Commencez par défendre la paix, la fin de la guerre ce qui est manifestement dans l’intérêt des citoyens européens, ukrainiens et russes. »
Dahmane SOUDANI
(1) L’accord franco-britannique dit Sykes-Picot, portant sur le découpage du Proche-Orient est officialisé le 16 mai 1916, à Downing Street (Londres) entre Paul Cambon, ambassadeur de France à Londres et Sir Edward Grey, secrétaire d’État au Foreign office. Il est le résultat de tractations secrètes préparatoires, le plus souvent épistolaires, entre le Français François Georges-Picot (1870-1951) et l’Anglais Mark Sykes (1879-1919)
(2) Les Contras est terme espagnol qui signifie contre-révolutionnaires. Il s’agit d’une guérilla contre-révolutionnaire, opposée aux sandinistes, entrainée et financée par la CIA et la corruption de ses membres les plus influents. Les Contras se sont constitués dès l’arrivée au pouvoir des sandinistes en juillet 1979.
Liens
Débat sur la promotion de la sécurité au Moyen-Orient 22 nov.2022 1
18 octobre 2022 lors du débat, au parlement européen sur les États parrainant le terrorisme.
https://twitter.com/ClareDalyMEP/status/1595372918678196224?s=20&t=g6z1k62M3WP1Gd9NklTwJg
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