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Sanctions-inflation. Des riches toujours plus riches et des pauvres toujours plus pauvres

Alors que l’inflation dont certaines des causes, sont pour des raisons d’agenda politico-médiatiques, passées sous silence, frappe de plein fouet les classes populaires et les couches moyennes, une infime minorité de nantis se fait de l’or en barres.

Prix du gallon le 20 avril 2020 (photo D. Soudani)
Prix du gallon le 15 juin 2022 (photo DS)

Ces deux prises vues des prix, affichés par la même station d’essence le 20 avril 2020 et le 15 juin 2022, donnent une idée de l’évolution fulgurante du coût de la vie aux États-Unis, voire dans le monde ; même si les prix des autres biens, faut-il le souligner, n’ont pas connu une hausse aussi spectaculaire que celle qui a impacté les énergies. Sur ce site à bon marché (Connecticut, USA), le gallon (3,785 litres) de carburant de base est passé de 1,6 à 4,74 dollars, soit une hausse de plus de 196%. 

À l’échelle des États-Unis, le prix moyen du gallon à la pompe est passé de 2,237 le 7 juin 2019 à 4,491 le 16 mai 2022.

Repositionnement sur le marché de la consommation

De mai 2021 à mai 2022, le taux d’inflation a culminé à 8,6% aux USA ; le niveau le plus élevé en 41 ans, plus précisément depuis décembre 1981. Les usagers y compris ceux appartenant aux couches moyennes commencent à restreindre leurs déplacements en voitures, les grandes surfaces de la gamme discount attirent de plus en plus une clientèle qui jusque-là les snobait. Les questions du coût de la vie, des prix, de l’insuffisance des revenus face à cette fièvre de la cherté… commencent à alimenter régulièrement les discussions familiales. Durement éprouvés par ces temps d’airain des artisans informent leur clientèle que désormais, ils répercutent le prix du déplacement sur les factures. 

 Il faudra, sans aucun doute, s’attendre à ce que, d’ici quelques semaines, certaines dépenses des familles, comme celles dédiées aux restaurants, loisirs, arts, spectacles et aux sorties diverses, soient drastiquement réduites à défaut d’être totalement sacrifiées sur l’autel d’économies de bouts de chandelle, des incertitudes et de la peur des lendemains. La consommation, l’un des moteurs clé de la croissance subit souvent les contrecoups des situations inflationnistes et ses horizons sont plutôt sombres.  

Le consommateur américain lambda souffre, tout cela est bien vrai. C’est du moins le cas des 99% de la population. 

Les nantis se font de l’or en barre

Mais il y a d’autres, l’infime minorité de privilégiés, le 1% de nantis, qui profitent à fond de la situation et se font de l’or en barres, comme on dit. 

Au cours de ce même trimestre, le premier de l’année, Shell a réalisé des bénéfices d’un montant de 9,1 milliards de dollars contre 3,2 milliards de dollars une année auparavant. De son côté, BP affiche 6,2 milliards de dollars de bénéfices, le plus élevée de la décennie et plus du double des 2,6 milliards de dollars engrangés durant la même période une année auparavant.

À 5,48 milliards de dollars ExxonMobil double ses bénéfices par rapport à la même période de l’exercice précédent. 

Fin avril également, Chevron a annoncé un bénéfice trimestriel de 6,26 milliards de dollars, soit plus de quatre fois son bénéfice de 1,4 milliard de dollars au premier trimestre de l’année dernière. Les revenus du producteur d’énergie basé à San Ramon, en Californie, ont bondi de 41 %, pour atteindre 54,37 milliards de dollars.

Sur le 1er trimestre de l’année en coure, à elles seules, ces quatre compagnies pétrolières ont enregistré un bénéfice cumulé de plus de 27 milliards de dollars.

A 28 milliards 600 millions sur 2021 et sur le 1er trimestre 2022, même ExxonMobil a réussi à éponger son déficit record de 22 milliards et 490 millions enregistré en 2020 et à renouer avec les bénéfices.

Des perspectives incertaines 

Par suivisme ou par facilité, on pourrait être tenté, d’expliquer l’envolée des prix par la guerre en Ukraine, les sanctions et les contre-sanctions. Mais ça serait trop simple. Il y a aussi l’émission au cours des deux dernières années de gigantesques masses monétaires en dollar (5,9 billions) et en Euro (2,5 billions). Par ailleurs, les grands consortiums, pétroliers en particulier, qui au lieu de réduire ou de geler les marges bénéficiaires, les ont augmentées de façon indécente. À ce titre, pour les groupes de l’indice boursier S&P 500 (l’indice de Standard & Poor’s), la marge bénéficiaire est passée de 8,6 à 11% -en fonction des trimestres- en 2020 à 12,3% au premier trimestre 2022.

Certains de ces facteurs sont souvent passés sous silence pour des questions d’agenda politico-médiatiques.

Le bilan du premier semestre de l’année en cours dont les données sont attendues d’ici quelques jours devrait confirmer, de façon encore plus provoquante, cette tendance funeste : des riches indécemment toujours plus riches et des pauvres dramatiquement toujours plus pauvres. Mais cette posture n’est et ne sera pas un long fleuve tranquille. Tant s’en faut ! Les signes précurseurs terrassent déjà Quito, Buenos Aires, Kotte…

Dahmane SOUDANI

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