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Algérie. De la démédiatisation de la Révolution pacifique

Plus que la censure, la déprogrammation ou la simple rétention de l’information, la démédiatisation d’un évènement est imposée par son incompatibilité avec l’agenda des grands centres de pouvoir de par le monde.

Alors que pour une poignée de contrebandiers et un putschiste, badigeonné en héros de la liberté, en Amérique Latine, certains des média hégémoniques ont été jusqu’à installer des postes avancés permanents, la chape de plomb verrouille l’information sur la Révolution pacifique et civique en Algérie, un mouvement pourtant unique en son genre. Il est vrai et qu’à juste titre, les Algériens ont toujours clamé leur opposition à toute ingérence étrangère, de quelque manière que ce soit, dans leurs affaires intérieures. 

Le fait sacrifié sur l’autel d’une grille de sélection posé a priori

Le but de cette réflexion n’est pas d’aller à contre-courant de la volonté des Algériens que personnellement, j’estime absolument fondée, mais d’essayer de comprendre comment fonctionnent les médias dominants qui semblent avoir sacrifié le factuel au détriment d’une grille de sélection et traitement des évènements, posée a priori.

Comme toute conjugaison d’éléments comprise dans un plus grand ensemble, le système médiatique dominant sert et se sert. À titre d’exemple, à propos des agissements de la CIA en Syrie, dans les années 1940 et 1950, en vue de renverser le patriote et président démocratiquement élu (1943, 1948 et 1955) Choukri al-Kaouatli (1891-1967), dans une tribune publiée en 2016, Robert F. Kennedy, Jr, note : « Hypocritement, la Maison-Blanche d’Eisenhower rejeta la confession de Stone (NDLR. Il s’agit de Rocky Stone envoyé en même temps que Kim Roosevelt et à Damas pour organiser le coup d’état) comme une « invention » et une « calomnie », un déni entièrement gobé par la presse américaine conduite par The New York Times et auquel crut le peuple américain, qui partageait la vision idéaliste que Mossadegh avait de leur gouvernement ». La presse a-t-elle simplement gobé ou avait-elle déjà volontairement inscrit son action dans une démarche préconçue et globale ? Il est pour le moins difficile d’esquiver cette question. Autre exemple, entre 2006 et 2011, la chaîne britannique Barada avait reçu 6 millions de dollars pour participer à la déstabilisation de la Syrie. La liste des servilités des média dominants sous le verni de l’humanitaire et de la défense des grands principes, est longue. 

La démédiatisation n’est pas que la censure

En Ukraine, en Syrie, au Venezuela, en Chine ou ailleurs, quelle que soit la position des acteurs qui se retrouvent sous les projecteurs, les média hégémoniques ne leur ont jamais demandé leur avis pour les mettre sous les feux de la rampe. Dans le cas de Révolution pacifique en Algérie, il s’agit donc clairement d’une évacuation volontaire concertée ou fortement suggérée de cette question, du menu des médias dominants parce que l’agenda de ces organes de presse et de leurs tutelles politico-financière ne peut pas trouver de voie à sa concrétisation. Il s’agit donc d’une démédiatisation d’une question qui pourtant s’impose en tant que fait d’actualité tant par sa nouveauté, son originalité que par sa proximité -pas uniquement spatio-temporelle-. En ce sens la démédiatisation est différente de la simple rétention de l’information, de la déprogrammation ou encore de la censure. Dans le cas de l’Algérie, aucun argument sérieux, juridique ou autre, ne peut être mis en avant pour justifier la censure. La démédiatisation revêt un caractère stratégique et global.

Bien évidemment, le black-out n’est pas total. Il est connu depuis fort longtemps que pour s’imposer dans un environnement hostile, un système est en mesure de mettre en avant des affichages contraires à la logique qui l’anime et qui le justifie. Cela dit aujourd’hui, la notion de système (principe, corps, doctrine) elle-même est à revoir. Celui-ci n’a plus besoin de s’organiser de façon structurelle à l’échelle planétaire. 

Le système et ses mulets

La fulgurante évolution des communications permets de faire des économies de structures fort onéreuses et très vulnérables. De plus en plus, le système se manifeste sous la forme d’un noyau dur qui envoie des signaux aux éléments réfractaires ou susceptibles de l’être, de par le monde. Ce n’est pas par hasard que le rescrit de « ligne rouge » est devenu si fréquent dans les fulminations des grands groupes de pression et de leurs fantassins recyclés en hommes politiques. Ce leitmotiv condamne ad vitam aeternam toute forme de compromis et d’interaction faisant appel à l’intelligence et au bon sens…, d’une évolution du monde sans désastre majeurs. Si les sommations ne suffisent pas, le système dispose alors de mulets locaux conscients ou inconscients des enjeux, mais dans tous les cas, serviles pour passer à l’acte.

Au grand dam de ceux qui, naïvement, pensent que la toile ne sert que le progrès, de façon plus cohérente, le système mondial l’utilise, entre autres, pour sonner l’hallali. La chasse à courre est alors lancée et les chiens font plus de mal que les veneurs.

Dahmane SOUDANI

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