Les Algériens s’attendaient à des décisions politiques. Le chef d’État-major les enferme dans un feuilleton sur la corruption.
Grosse déception à l’issue du discours du chef d’état-major de ce mardi, à Constantine. On attendait Gaïd Salah sur les dossiers politiques et il dévie vers le terrain de la corruption en nous promettant un interminable feuilleton. « « Il y a lieu d’indiquer que l’opération n’est qu’à son début et, par la grâce de Dieu, notre pays sera assaini définitivement de la corruption et des corrupteurs », nous promet le patron de l’ANP. Selon les informations rendues publiques, il n’y a pas eu un seul mot sur les mesures politiques visant les symboles du régime décadent du clan Bouteflika et la construction d’un État de droit. Comment peut-on lutter efficacement contre la dilapidation des ressources du pays avec les symboles majeurs de cette gabegie aux postes clés de l’État ? Pas plus tard qu’hier, citant l’avocat fribourgeois, Me Lachemi Belhocine, la Tribune de Genève nous apprenait que 1 000 à 1 500 sociétés écrans ont été créées en Suisse pour « siphonner l’argent algérien » et que les Bouteflika ont commencé à dissimuler l’argent détourné dès 2011.
Le traitement de la corruption est une certes question très importante, mais elle relève du ressort de la justice. Et pour que celle-ci puisse faire le travail correctement, elle ne peut pas se contenter d’une indépendance intermittente obtenue à coup de délégations conjoncturelles. Elle doit être inscrite dans le marbre constitutionnel.
À douche froide, douche glaciale
Or ce travail ne peut pas être fait par Abdelkader Bensalah et Noureddine Bedoui, les clones du clan Bouteflika, au pouvoir. Ce qui nous ramène à la première revendication issue de la sagesse et du bon sens populaire : toutes les figures emblématiques du régime décadent des Bouteflika doivent être limogées, Yatnahaou Ga3.
Il y a peu de temps, M. Gaïd Salah promettait de soutenir le peuple algérien jusqu’à la réalisation de toutes ses revendications légitimes. Les revendications politiques de ce peuple sont-elles, aujourd’hui, exclues de cette légitimité ? À moins que Abdelkader Bensalah et Noureddine Bedoui soient directement visés par les grands dossiers de malversation –ce qui conduirait inévitablement à leur chute-, cette volte-face du patron de l’Armée est incompréhensible. Il peut y avoir une autre explication à ce rétropédalage, pour le moins troublant : pour une raison quelconque, le chef d’état-major ne serait pas aussi libre qu’il le pensait.
Les Algériens apporteront, sans aucun doute, la réponse appropriée, vendredi prochain. À douche froide, douche glaciale : la présidentielle ne peut pas voir lieu avec Abdelkader Bensalah et Noureddine Bedoui aux postes de chef d’État et de Premier ministre. Le chef d’état-major a, entre ses mains, la clé de l’impasse dans laquelle se trouve le pays.
Dahmane SOUDANI
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