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Algérie. Le régime en place joue les prolongations… et avec le feu

Comme l’hydre à sept têtes, le système reprend du service en voulant faire du neuf avec du vieux et en renouant avec la répression.

Les décideurs institutionnels jouent avec le feu. Pour les millions d’Algériens qui se battent depuis le 22 février dernier pour le démantèlement du système en place, à l’origine de tous les maux qui accablent la société, ce mardi est synonyme de douche froide. Deux faits montrent qu’à présent, le régime ne veut plus faire de concessions et frêne des quatre fers. 

Réunis en session extraordinaire, suite à la démission du président Abdelaziz Bouteflika, les deux chambres parlementaires se sont contentées du service minimum. Elles ont simplement constaté la vacance du pouvoir ; ce qui de facto, selon la constitution algérienne, installe Abdelkader Bensalah, président du sénat – un inconditionnel du président démissionnaire-, à la tête du pays durant la période transitoire qui est de 90 jours. Au vu des revendications massivement soutenues par les Algériens, exigeant la mise à l’écart de tous les hommes du système en place, les parlementaires avaient la possibilité d’invoquer l’article 7 de la constitution (1) et se conformer à la volonté du peuple. Cette option est implicitement prévue par la constitution, même si l’on peut y voir un conflit entre légitimité et constitutionnalité. Il n’en fut rien. Pour des représentants du peuple, les parlementaires ont ainsi adopté une posture irresponsable et gravissime. Il s’agit là, non seulement d’une provocation, mais d’une attitude de défi envers la volonté du peuple. Ils ont clairement fait le choix de remettre en selle des lambeaux d’un régime en déconfiture et de tourner le dos à leurs électeurs.

L’énigme Gaïd Salah

À l’intronisation d’Abdelkader Bensallah, il faudra ajouter qu’avant sa démission, Abdelaziz Bouteflika avait désigné un nouveau gouvernement dirigé parNoureddine Bedoui, son ancien ministre de l’Intérieur.

Aussi bien Abdelkader Bensalah que Noureddine Bedoui  sont impliqué jusqu’au coup dans les dérives de l’ancien système. Ils ont cautionné, à défaut d’avoir ordonné, toutes les fraudes électorales. Dans ces conditions quel crédit peut on leur accorder pour leur confier la phase de transition vers un nouveau régime avec tout ce qu’elle comporte comme échéances électorales ?

Le deuxième fait marquant de ce mardi est la répression brutale d’une marche pacifique des étudiants à Alger. La aussi, il s’agit d’actes gratuits aux conséquences catastrophiques. Tout ce que les Algériens, population, services de sécurité, armée, ont construit ensemble depuis le 22 février dernier –avec ce que cela a eu comme rayonnement international pour l’Algérie- se trouve irrémédiablement écorné. 

Ces deux évènements ne sont pas isolés. Ils sont clairement liés. Après avoir répandu un peu de poudre de perlimpinpin,le pouvoir renoue avec son mode de fonctionnement et ses pratiques. En réprimant les étudiants, il envoie un signal sans équivoque à la population qui occupe l’espace public chaque vendredi pour exiger le démantèlement du système en place. 

Dans ce jeu, aussi bien malsain et que dangereux, on ne comprend pas très bien où se situe Ahmed Gaïd Salah, le patron de l’armée, lui qui, il n’y a pas si longtemps, a promis de respecter la volonté du peuple algérien. Est-il en phase, donc acteur, avec ce jeu ? À-t-il décidé de pousser la légalité jusqu’à ses limites extrêmes ? Où alors attend-il un nouveau signal fort de la rue pour agir ? En tout cas, après avoir gagné en estime, depuis son discours de Ouargla, le chef d’état-major risque à son tour d’être discrédité, s’il ne clarifie pas immédiatement sa position. 

Dahmane SOUDANI 

(1). Art. 7. — Le peuple est la source de tout pouvoir. La souveraineté nationale appartient exclusivement au peuple. 

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