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Algérie. Les dessous d’un hypothétique mandat présidentiel écourté

Le cercle des régents de Bouteflika s’enfonce dans ses contradictions, mais les conséquences de leur amateurisme sont très hasardeuses et pourraient avoir des conséquences tragiques.

À bien scruter « la lettre du président Bouteflika » associée au dépôt de sa candidature au conseil constitutionnel, ce dimanche, et lue par son nouveau directeur de campagne Abdelghani Zaalane, s’il était élu, le président sortant s’engagerait à ne pas rester au pouvoir jusqu’au terme de son mandat et à organiser une élection présidentielle anticipée. « Je m’engage à ne pas me porter candidat lors de cette élection qui devrait garantir une succession dans le calme et dans un climat de liberté et de transparence », promet le président. Soit ! Examinons la première partie de cet extrait : « Je m’engage à ne pas me porter candidat lors de cette élection ». En clair, le président sortant prend acte de la contestation populaire de sa propre candidature et, explicitement ou implicitement, admet son bien-fondé. 

Or, au moment où cette promesse était faite, le président ne trouve pas mieux à faire que d’anéantir sa propre crédibilité, puisque selon la loi en vigueur, il doit se présenter personnellement au conseil constitutionnel pour déposer sa candidature. Le texte du 6 avril 2016 « fixant les règles de fonctionnement du Conseil constitutionnel » étant inaccessible, en ligne, en la matière, on ne peut faire autrement que de se fier aux déclarations de juristes. À moins de procéder par voie de fait, le dépôt de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika est entaché de nullité. Pourquoi les membres du conseil constitutionnel ont-ils cédé ? Ça c’est une autre affaire !

Cette élection ne sera pas un long fleuve tranquille

S’agissant de la supposée quête « d’une succession dans le calme et dans un climat de liberté et de transparence », c’est tout simplement un défi au bon sens le plus élémentaire. Dans la mesure où le candidat admet le bien-fondé de la contestation de sa candidature, il sait très bien que sa démarche va provoquer des troubles et que cette élection ne sera pas un long fleuve tranquille. Loin s’en faut !

Les deux dernières décennies ont permis à tout un chacun de se faire une idée de la personnalité d’Abdelaziz Bouteflika. On peut lui reprocher beaucoup de choses, mais se mettre à plat ventre pour obtenir un poste, ce n’est pas du tout son truc. Cette observation jette une première suspicion sur le ou les véritables auteurs de cette missive ; un doute qui ouvre la voie à deux hypothèses : soit ces anachronismes révèlent que le président n’a plus sa tête, soit par manque de temps ou de finesse, les rédacteurs –car si ce n’est pas le président qui en est l’auteur, il ne peut s’agir que d’un groupe de personnes- qui ont accouché de ce document avaient du mal à s’approprier la personnalité du candidat. Dans les deux cas de figure, la candidature du président sortant est irrecevable.

Un régime récidiviste

À présent, essayons de voir à quoi servirait un mandat écourté. Pour qu’il y ait mandat écourté, il faudrait d’abord qu’il y ait mandat. Autrement dit un répit pour organiser des élections régulières bien évidemment, si le rapport de force le permet. C’est donc un délai de plus que s’offre le régime en place. La véritable question consiste donc à savoir quel pourrait être le où les buts recherchés à travers ces prolongations rocambolesques.

Le régime actuel est un régime récidiviste. Mis à part les actions policière et militaire contre le terrorisme, ses gros pontes n’ont tiré aucune leçon sérieuse quant aux causes profondes de ce fléau et à son traitement à long terme. Les citoyens, eux, se sont montrés plus responsables. À leur niveau, ils ont tiré les leçons appropriées et la mise en pratique de celles-ci, soit à l’occasion de l’imposture du « Printemps arabe », soit actuellement, à l’occasion du mouvement civique, est sans faille.  Le peuple a pleinement rempli son contrat. En cas de débordement, les responsabilités sont donc d’ore et déjà clairement établies.

L’option la plus terrifiante

Pour le régime, un mandat écourté serait un moyen de laisser passer la tempête pour, ensuite, reprendre les vieilles habitudes. La révolte civique qui, aujourd’hui secoue le pays, serait de ce fait, la première cible de ce répit. Ce délai pourrait également permettre aux différents clans du sérail de trouver un candidat qui puisse garantir les intérêts de toutes leurs composantes.

Cela dit, l’hypothèse la plus terrifiante serait que dans sa globalité, la candidature du président sortant soit une provocation pour justifier la répression du mouvement contestataire en le mettant, d’abord, au banc des accusés et par la suite, s’offrir la loyauté de l’armée et des services de sécurité. Cette piste n’est pas du tout à écarter, mais ses conséquences seront des plus hasardeuses et des plus tragiques et ébranleront toute la région. À moins que le peuple, le véritable maître de la maison, décide de redistribuer les cartes avant la présidentielle.

Dahmane SOUDANI

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