Les sénateurs imputent la responsabilité de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi au prince héritier et appellent à mettre fin à la guerre du Yémen.
Le prince sanguinaire Mohamed Ben Salmane est dans de mauvais draps. Après avoir pris connaissance du rapport de la CIA et quelques heures seulement après les interventions à huis clos, à la Chambre des représentants, de Mike Pompeo, secrétaire d’État et de Jim Mattis secrétaire à la Défense, à l’unanimité, le Sénat a voté pour que Mohamed Ben Salmane soit tenu pour responsable de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, le 2 octobre dernier, au consulat d’Arabie Saoudite à Istanbul. Le vote des sénateurs, démocrates et républicains réunis, a été largement influencé un récent rapport de la CIA indiquant que le prince héritier avait probablement ordonné et suivi en direct l’assassinat du journaliste.
Dans la foulée, cette même chambre s’est prononcée pour la fin du soutien des Etats-Unis à la guerre que l’Arabie Saoudite et ses alliés mènent au Yémen. Le régime saoudien et son prince trublion –et c’est un euphémisme- ne sont pas les seuls à être morigénés par le Sénat. Le président Donald Trump dont l’attitude envers les agissements de la monarchie saoudienne, est plus qu’évoque, est également visé par le vote du sénat.
Bernie Sanders, Chris Murphy et Mike Lee, un trio très lucide
Connu pour sa vigilance constante, vis à vis des dérives saoudiennes, le démocrate (Connecticut) Chris Murphy a déclaré : « Ce que nous avons montré lors du vote d’aujourd’hui, c’est que les républicains et les démocrates sont prêts à reprendre le travail avec un président – et parfois contre un président – afin de définir la politique étrangère de ce pays » en ajoutant : « Les États-Unis ont signifié, par le biais du Sénat, que notre soutien à la coalition saoudienne n’était plus illimité. »
Adoptée par 56 voix contre 41, la motion sur le Yémen avait été portée par le sénateur indépendant du Vermont et ancien candidat à la présidentielle (primaire) Bernie Sanders et ses collègues le démocrate Chris Murphy (Connecticut) républicain Mike Lee (Utah). Elle a recueilli l’ensemble des voix des démocrates et de sept autres votes républicains.
En début de semaine, le républicain Paul Ryan et ses amis ont empêché le vote d’une motion sur les Yémen par la Chambre des représentants. Mais ce n’est que partie remise. Dans quelques semaines, l’élu du Wisconsin ne présidera plus aux destinées de cette assemblée.
Au-delà des parties directement ou indirectement visées par ce vote, cet événement montre que face à l’horreur, l’inconditionnalité partisane ne peut pas tenir indéfiniment.
Dahmane SOUDANI
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