En France, le mouvement des Gilets jaunes touche aux fondements mêmes du système mondial institutionnalisé, de détournement et d’extorsion de la valeur ajoutée.
Pour une très grande partie des recettes fiscales (impôts et taxes diverses), l’État français n’a plus qu’un rôle de caisse enregistreuse. L’argent est versé aux créanciers, de grandes banques pour la plupart, qui, elles, se chargent d’engraisser les actionnaires autres spéculateurs en tout genre. Depuis le début des années 1970, la dette de la France a commencé à grimper sous l’effet de la loi dite Rothschild, du 3 janvier 1973 (1) qui interdit à ce pays d’emprunter à sa banque, la Banque de France, c’est-à-dire à lui-même et à taux zéro. Depuis, ce texte funeste, la dette du pays n’a fait que grimper. En 2006, déjà, elle représentait 60% du PIB. Elle a encore explosé sous les quinquennats de Nicolas Sarkozy et de François Hollande -deux inconditionnels du nouvel ordre mondial- en faisant un gigantesque bond de 40 points, Au deuxième trimestre 2018, à elle seule, la dette publique était de 2 299,8 milliards d’euros soit 99% du PIB.
Seuil fatidique
À moins de 25 milliards d’euros, elle franchirait le seuil fatidique de 100% du PIB. Alors que la France est financièrement étranglée par les banques, sous des prétextes peu convaincants, le gouvernement ne trouve pas mieux que de faire un cadeaux fiscal aux plus riches en supprimant l’impôt sur la fortune (ISF) privant les recettes publiques d’une manne de 5,5 milliards d’euros. Au même moment, alors qu’à 13,3 milliards –prévus pour 2018-, la taxe sur les carburants est la quatrième ressource en recettes, l’état compte l’augmenter de 7 centimes pour le diesel et de 4 centimes pour l’essence avec pour objectif de générer 6 milliards de rentrées fiscales supplémentaires, officiellement destinés à la transition idéologique. Comparée aux impôts sur le revenu, les taxes sont la fiscalité la plus injuste, car quels que soient les revenus, elles frappent tout le monde de la même manière.
Loi Rothschild
En matière d’écologie, le Canada est l’un des pays leaders. Pourtant, les taxes fédérales sur les carburants qui sont de 10 cents/litre pour l’essence et de 4 cents/litre pour le diesel, n’ont pas bougé, respectivement depuis 1995 et 1987. Le mazout domestique, le gaz naturel et le gaz propane en sont exemptés.
Comme la France, le Canada avait, lui aussi, sa loi Rothschild, prise en 1974 et en 1980, le montant de la dette avait augmenté de 352,5% par rapport à 1970. Mais sous la pression du Comité sur la réforme économique et monétaire, qui s’est offert les services de l’avocat constitutionnaliste Me Rocco Galati, cette loi a été abrogée le 26 janvier 2015. En 2017, la dette fédérale ne représentait plus que 35,7% du PIB alors que ce taux était de 66% en 1994.
Inutile de rappeler que la presse de l’empire a passé cette décision déterminante sous silence. « Mes évidences sont solides pour soutenir que le Gouvernement a demandé aux média officiels de se taire. Mais, je ne peux pas révéler mes sources », avait alors déclaré Me Rocco Galati
Face à un endettement dont le gouvernement français semble perdre la maîtrise et toute initiative en la matière, les taxes sur les carburants s’identifient de plus en plus à la gabelle ; cet impôt sur le sel initié par Saint Louis, institutionnalisé par Philippe « Le Bel », supprimé par l’Assemblée constituante issue de la Révolution de 1789, mais encore rétabli par Napoléon 1er.
Imposture
Ceux qui aujourd’hui, claironnent que les usagers n’ont qu’à rouler moins pour dépenser moins, se rendent coupable d’une imposture des plus cyniques. Par essence ce type d’imposition cible des consommations incompressibles. On ne peut prévoir des recettes budgétaires qu’en tant que rentrées, à la fois sûres et régulières. Sur la base de données et de recoupements multiples et variées, le Gouvernement sait qu’un seuil de recette sera assuré. Ça serait de l’amateurisme puéril de faire un budget sur des recettes hasardeuses. Comme la gabelle de l’Ancien régime, la taxe sur les carburants s’appuie donc sur cette certitude acquise.
En 1789 également la monarchie s’était présentée aux états généraux avec le seul souci de trouver des alliances pour de nouvelles recettes fiscales et la noblesse n’entendait renoncer à aucun de ses privilèges. Et l’ensemble de cet ordre ne voulait rien entendre des doléances du tiers état. On sait ce qu’il en est advenu. Par des artifices divers, on peut retarder momentanément les échéances, mais pas indéfiniment.
Cela dit, il n’y a pas que la France qui est concernée par de tels risques, mais il faudra bien que ça commence quelque part.
Dahmane SOUDANI
(1) Loi n°73-7 du 3 janvier 1973 sur la Banque de France -en particulier son article 25 auquel certains professionnels de la manipulation tentent d’opposer l’article 19 du même texte.
Cher Dahmane,
Super article!
Merci,
Lili Roquelin
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Merci, chère Lili.