Anne-Claire Legendre, consule générale de France à New York sera, lundi prochain, à Hartford, capitale du Connecticut. En particulier, Madame la Consule passera un peu plus d’une heure avec l’équipe de l’Alliance Française de Hartford (AFH) ; une association membre de la fondation-mère éponyme et qui, cette année, allumera sa 120e bougie. Cet anniversaire a été précédé par la mise en ligne d’une rétrospective, retraçant le parcours de l’AFH, signée du juriste et membre du conseil d’administration Philip Sussler.
Une nouvelle stratégie pour la langue française
On ne dispose que de très peu d’informations sur le message que va délivrer Anne-Claire Legendre, mais son contenu, ne devrait pas trop s’écarter du cap fixé, aux réseaux internationaux français et francophones, par Emmanuel Macron, lors de ses vœux diplomatiques du 4 janvier dernier. Selon le président de la République, « une nouvelle stratégie de promotion de la langue française et du plurilinguisme » sera rendue publique au printemps 2018. Elle sera l’émanation d’une consultation internationale via une plateforme numérique dont le lancement est prévu dès la fin de ce mois de janvier. À la fois, cette stratégie obéira une démarche résolue, incitant le plus grand nombre de personnes à embrasser la langue française, mais elle veillera, par ailleurs, à respecter le plurilinguisme. Un exercice périlleux, diront les mauvaises langues. « Nous devons accepter, encourager, les peuples, des intellectuels, des scientifiques, des femmes et des hommes libres, des consciences, des journalistes, des dirigeants politiques à embrasser pleinement cette francophonie, son inventivité, à la porter avec nous, parfois pour nous. C’est pourquoi, je souhaite que nous ayons une stratégie plus résolue en la matière, décomplexée et qui s’inscrive pleinement dans le plurilinguisme. Parce la francophonie (NDLR. le français) n’est justement pas une langue qui se construit dans la capacité à absorber les autres langues », plaide Emmanuel Macron en taclant, au passage, l’administration du président Donald Trump, qui en octobre 2017, avait annoncé le retrait des Etats-Unis -le plus grand contributeur- de l’UNESCO, dès 2018.

L’Alliance française de Hartford s’apprête à accueillir Mme Legendre (photo DS)
L’UNESCO n’est pas un luxe, « mais notre conscience éclairée »
« Le bien commun du multilatéralisme qu’il nous faut aussi préserver, c’est la diversité de nos langues et de nos cultures dont l’UNESCO est l’un des lieux de présentation les plus importants au sein du système international. Je salue, pour cela, l’élection de sa nouvelle directrice générale, Audrey Azoulay et votre soutien pour promouvoir l’UNESCO, dans les prochains mois. L’UNESCO a été profondément bousculée, ces derniers années, par des jeux d’influence, de pouvoir, des décisions prises… N’oublions jamais que l’UNESCO a ce rôle qu’évoquait Blum, de conscience des Nations Unies. Penser que nous pouvons aujourd’hui, nous passer de l’UNESCO parce que ça serait, en quelque sorte, un luxe, c’est commettre une erreur historique, fondamentale ; parce que c’est notre conscience éclairée, parce que c’est le lieu où nous pouvons, les uns et les autres, dans un cadre multilatéral, laisser la diversité culturelle s’exprimer, avec elle aussi, différentes voix morales, et organiser ce pluralisme des consciences. Et en un temps si barbare, pour reprendre, encore, cette formule de Péguy, écrire sur du papier, exprimer ces consciences diverses, n’est pas un luxe. Je vous le dis avec beaucoup de franchise et des forces, et… Puissiez vous être, les relais utiles dans chacun de vos pays pour redire l’importance de l’UNESCO et l’importance de l’engagement de tous les grands pays auprès de cette organisation», assène le président français.
Une conférence internationale sur les peuples premiers
À bien écouter le locataire de l’Élysée, c’est donc du multilatéralisme dont l’UNESCO est l’expression vivante et partant de la diversité des langues, des cultures et des consciences que doivent s’inspirer tous les acteurs qui essaiment ou enracinent le français de par le monde.
Dans la perspective de la mise en place du projet de l’Élysée, disposant de 800 établissements implantés dans 133 pays différents, le réseau des Alliances françaises représente, à l’évidence, un partenaire incontournable. « Cette stratégie se déclinera, ensuite dans le monde entier, à travers nos lycées français, nos instituts culturels et nos Alliances françaises envers lesquels je réaffirme notre engagement plein et entier, sur lequel, je souhaite que nous puissions, aussi, réformer en profondeur notre mode de financement et nos capacité à nous engager. Mais je veux dire ici, toute l’ambition que je porte à l’égard de ces différents réseaux », détaille le président Macron.
Rappelons, par ailleurs, qu’à l’initiative de Nicolas Hulot, ministre d’État en charge de la Transition écologique et solidaire, la France organisera, en 2019, une conférence internationale sur les peuples premiers ou peuples racines –qui sont toujours restés dans l’espace dont ils sont originaires- ; un rendez-vous, très attendu qui se veut le début d’un éveil des consciences sur cette question.
Dahmane SOUDANI
Anne-Claire Legendre, première femme en poste à New York
La 29 août, 2016, la saison estivale était plutôt caniculaire, à 37 ans, Anne-Claire Legendre, retrouva la ville de New York où 3 ans auparavant, de 2010 à 2013, sous l’autorité de Gérard Araud, actuel ambassadeur de France à Washington, elle faisait partie de la Mission permanente française auprès des Nations Unies. Mais cette fois-ci elle renoue avec la capitale économique des Etats-Unis investie d’une nouvelle mission, et pas des moindres : celle de Consule générale de France à New York. De cette circonscription de 80 000 ressortissants et où active également une quarantaine de personnels, dépendent les États de New York, du Connecticut et du New Jersey aux USA, en plus de l’archipel des Bermudes (Grande Bretagne).
Anne-Claire Legendre est l’une des plus jeunes à défaut d’être la plus jeune

Mme Legendre, première femme consule générale à New York (photo DR/CGFNY)
représentante de l’État français en poste à New York. Succédant à Bertrand Lortholary (2012-2016), elle est, depuis la nomination, un certain 17 novembre 1783, du premier consul général de France, le franco-américain, Michel Guillaume Jean de Crèvecoeur, dit J. Hector St John, la première femme à prendre ses marques à New York.
D’origine bretonne, Anne-Claire Legendre est diplômée de l’Institut d’Études politiques de Paris et de l’Institut national des langues et civilisations orientales (langue arabe) ; un cursus universitaire qui en toute logique la conduit, à l’occasion de son examen d’entrée au ministère des Affaires étrangères, à opter pour le cadre Orient, filière qui exige une certaine maitrise de la langue arabe.
La jeune consule a débuté sa carrière diplomatique à l’ambassade de France au Yémen (2005-2006). De retour à Paris en 2007, elle intègre la Direction des Français à l’étranger au ministère des Affaires étrangères où, elle participera au développement de la coopération consulaire entre les pays membres de l’Union européenne.
De 2008 à 1010, le Quai d’Orsay lui confie le dossier, toujours sensible, des relations franco-algériennes.
Au sein de la Mission permanente de la France auprès des Nations Unies (2010-2013) en pleine ébullition du monde arabe, Anne-Claire Legendre sera amenée à négocier, au sein du Conseil de sécurité de l’organisation onusienne, les dossiers brûlants de Syrie, Liban, Israël, Palestine et de l’Irak.
En 2013, madame Legendre est rappelée à Paris, au cabinet de Laurent Fabius, alors ministre des Affaires étrangères, en tant que conseillère en charge du dossier Afrique du Nord et Moyen-Orient ; fonctions qu’elle occupera jusqu’à son retour, à New York, au cours de l’été 2016.
D. S.
Repères
- À travers ses entreprises présentes sur le territoire américains, la France est le premier employeur étranger avec, à la clé, 500 000 emplois. De leur côté, les entreprises américaines présentes sur l’Hexagone génèrent 450 000 emplois.
- En 2016, parmi des acteurs étrangers, les investisseurs français à New York City ont occupé la plus haute marche du podium.
- Après avoir chuté, en raison des attentats et de la menace terroristes, le tourisme américain en France enregistre de nouveau une embellie et dans une récente déclaration, Anne-Claire Legendre dit s’attendre « à une année (NDLR 2018) fantastique du tourisme américain en France ». Cette tendance correspond, d’ailleurs, à un rebondissement de l’attrait de la France qui redevient la première destination touristique du monde. Selon l’Organisation mondiale du tourisme, en 2017, pas moins de 1,3 milliard de visiteurs internationaux ont passé, au moins une nuit dans l’Hexagone, la meilleure année depuis 7 ans.
- Au-delà des missions liées à son statut, le consulat général de France à New York se fixe comme priorité une meilleure visibilité de la France, de son offre touristique et de sa présence économique, culturelle et linguistique à New York et dans les autres circonscriptions relevant de la chancellerie.
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