L’accès au pouvoir n’est pas un long fleuve tranquille. Loin s’en faut !
Dans la vie de tous les jours, commettre un larcin sur un voisin ou sur une tout autre personne avec laquelle on a une relation quelconque ou pas, subit, à juste titre, la foudre de l’environnement immédiat de l’auteur et la sanction de la justice sans compter les incidences induites par la réputation qui en découle. Cette double, voire triple peine, tout le monde l’accepte. Mais dès lors qu’il s’agit de coups bas politiques, il y a toujours des troupeaux d’inconditionnels prêts à cautionner les plus vils simulacres de pratiques institutionnelles. Et l’histoire nous gratifie d’un éventail de forfaitures allant de l’élimination physique à la mise à mort politique et c’est loin d’être des pratiques propre à un pays particulier ! Les politiques s’en donnent à cœur joie. Le peuple se régale des cadavres qu’on lui jette
Découvertes et amnésies de l’histoire
Ah ! ces leaders qui ont eu ou qui ont encore leur temps de gloire en France. Aussi loin que les faits puissent être restituer –avec plus ou moins d’exactitude-, on évoque souvent Vercingétorix (-72 à -48), aristocrate arverne et, un laps de temps durant, chef suprême des tribus gauloises, qui défia les légions de César –combat qu’il perdra à Alésia en 52 av. J-.C.-. On cite un peu moins Camulogène chef aulerque -peuples de la Seine- et défenseur de Lutèce –aujourd’hui Paris- qui, la même année, livrera, lui aussi, combat aux troupes du général romain Titus Labienus (-100 à -45). Contre ce lieutenant et ami de César et talentueux commandant de cavalerie, Camulogène remportera une courte victoire, mais au final échouera, lui aussi. Mais, on se remémore beaucoup moins d’autres leaders gaulois, comme Cassivella 1er, roi des Celtes bretons, Correos, chef des Ballovaques, Drappes chef des Sénons…, bref, l’histoire rappelle autant qu’elle en estompe…, qu’elle en efface.
Qu’importe ! C’est finalement un chef militaire, venu de Tournai (sud-ouest de l’actuelle Belgique) et dont les origines remontent aux Saliens, une ligue de guerriers venus de la rive ouest du delta du Rhin, en la personne de Clovis (465-511), fils de Childéric 1er de la famille des Merovingi, et de la Thuringe Basina (Thuringe, province de l’Allemagne centrale), qui rendra justice à Vercingétorix, Camulogène et même au Germain Arioviste. Il chassa les dernières troupes gallo-romaines et captura, grâce à la complicité – il y a toujours un allié inattendu !- du chef wisigoth, Alaric 1er (370-410), leur chef Afranius Syagrius (430-486).
La religion, l’un des premiers ascenseurs
Que va-ton retenir des descendants de Mérovée (412-457) ? Que Clovis, alors païen s’était reconverti au christianisme à la cathédrale de Reims, le jour de la nativité ? Que cela s’était passé en 498, 499 ou 506 ? Les historiens hésitent encore ! Un euphémisme pour ne pas dire qu’ils ne savent pas. C’est vrai que ce n’est pas facile. « L’histoire, c’est la nuit. En histoire, il n’y a pas de second plan. La décroissance de l’obscurité s’empare immédiatement de tout ce qui n’est plus sur le devant du théâtre. Décor relevé, effacement de l’oubli. Le Passé a un synonyme : l’Ignoré », disait Victor Hugo (1)
Mais tout de même ! Allez messieurs-dames bougez-vous ! Un peu plus vite, désembuez le rétroviseur, on en a besoin pour avancer !
Allons, soyons honnête ! Ils en savent quand même quelque chose, puisqu’ils nous apprennent, par ailleurs que Clovis s’était converti christianisme, parce qu’il avait promis de le faire s’il eût battu les Alamans (nord-est de l’actuelle Suisse). Copieur ! À cette époque, ton épouse, Clotilde était déjà une fervente catho. Et puis avoue ! ce sont tout de même les évêques qui te l’ont demandé pour contrebalancer l’arianisme, n’est-ce pas grand chef ! Allez passons !
Plus substantiellement, on retiendra que la première entité fondée à l’échelle de la Gaule était l’œuvre de germains « Pour moi, l’histoire de France commence avec Clovis », déclarait le général de Gaulle en 1965.
Rivalités où le plein emploi des marionnettistes
Ville des sacres, ville des rois, on ne sait plus comment la désigner pour qualifier son prestige, mais Reims aura pour rivale, sa voisine Soisson. Ne dit-on pas souvent que le ver est dans le fruit ?
Mérovingiens, Mérovingiens, Mérovingiens ! Des assassinats ? Non, que Dieu nous en garde ! Pas fondée, cette réaction de vierge effarouchée !
Tout de même Childebert 1er (497-558) et Clotaire 1er (498-561) n’ont-il pas commandité les meurtres des deux fils ainés de leur propre frère Clodomir (495-524) pour empêcher la succession par filiation directe ? Ah ! le pouvoir ! C’est envoutant, peut-être même un peu pervers et dévergondant. Pauvres Théobald et Gontaire ! Ils sont partis trop tôt, ils sont partis trop jeunes et en perte et profit !
Parfois, pour ne pas recourir à ce genre de procédés, on a divisé le royaume franc –comme courageux- en autant de territoires que de descendants. Mais dans les partages, il y a toujours des bénéficiaires qui sont plus gourmands que les autres. Des conditions idéales pour le plein emploi des marionnettistes. Dans ce cas leur taux de chômage avoisine le 0%. Ils ont du taf à pleins tubes.
Dahmane SOUDANI
(1) Victor Hugo. L’Homme qui rit, éditions Gallimard, collection, Folio Classique, Paris 2002, P 660).
Demain. Brunehaut et Frédégonde manipulatrices ou souffre-douleur de scribes en soutanes.
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