Au mépris de l’ABC des droits de l’Homme et du droit international, les Émirats arabes

Pétromonarchies. Des sociétés brisées au sabre (photo archive. Dahmane Soudani)
unis (EAU, 9,4 millions d’habitants) et le Koweït (3,4 millions d’habitants) fabriquent des apatrides. Depuis la nuit des temps, les bédouins ont vécu et évolué sur les espaces de ces pays, comme c’est d’ailleurs le cas pour toutes les zones désertiques et semi-désertiques du monde. Mais en 2008, les EAU ont décidé de dénier la nationalité aux milliers de bédouins de la confédération de ces pétromonarchies. Ce qui de facto les prive de la répartition des immenses richesses de l’union. Entre autres The cosmopolite. The coming of the Global Citizen, le récent ouvrage d’Atossa Araxia Abrahamian qui relate ces faits, indique que du fait de cette mesure, les bédouins, perdent les avantages liés au mariage, le droit à la gratuité de la santé et de l’éducation, aux services publics subventionnés et aux prêts sans intérêts pour l’acquisition de logements.
Pour déjouer le droit international qui interdit explicitement le statut d’apatride, Abou Dabi (capitale des EAU) a, ô générosité débordante ! décidé dans un premier temps d’accorder à ces authentiques autochtones le statut d’émigrés. Mais sans pays d’origine, le problème reste entier. Pour maquiller sa sordide combine, le pouvoir monarchique a eu recours à l’achat de passeports comoriens qu’il a, d’autorité, revendus aux bédouins émiratis. Ainsi par le fait du prince, mais aussi des intérêts, ces authentiques habitants du pays ont été faits citoyens d’un pays qu’ils n’ont jamais connu.
Dans la région, ce type d’aliénation fait tâche d’huile. Ainsi en 2014, le Koweït dont 25% de l’armée est constituée de bédouins a adopté une mesure similaire.
En examinant ces faits, on ne peut pas penser à feu Mouammar Kadhafi qui, au contraire, avait octroyé la nationalité libyenne à tous les Touaregs. À l’inverse, avec leur projet de déchéance de la nationalité française, François Hollande et Manuel Valls ont été à la bonne école.
Dahmane Soudani
Repères. Le livre The cosmopolite. The coming of the Global Citizen, d’Atossa Araxia Abrahamian est vendu pour le prix de 12,99 dollars. Dans son édition d’hier, The New York Times lui a consacré un compte-rendu.
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