Au vu des crimes commis, la création d’un tribunal international sur le financement du terrorise apparaît de plus en plus comme une nécessité.
224 morts, le 31 octobre 2015, dans l’attentat à la bombe contre l’Airbus A321 de la compagnie russe Kogalymavia, 41 morts et 200 blessés, à Beyrouth le 12 novembre dernier et 129 morts et 352 blessés dans les attaques de Paris, le 13 novembre, soit au total 394 vies fauchées et 552 blessés. Loin de nous le tropisme criminel qui consiste à faire l’impasse sur la douleur et toutes les victimes syriennes et irakiennes dont on impute de façon régulière, pour des raisons purement idéologiques, la responsabilité –pour la Syrie au moins- à l’armée et au forces de l’ordre syriennes.
Cela fait des victimes, beaucoup de victimes et les groupes terroristes endossent l’entière responsabilité.
Trafic en tout genre, pétrodollars et impôt arbitraire
Or ces groupes fanatiques n’agissent pas seuls. Les éléments qui sont dévoilés, chaque jour, montrent qu’ils sont même instrumentalisés comme des variables d’ajustement géostratégiques ; ce n’occulte en rien, bien évidemment, leur responsabilité de meurtriers. Et ce que nous en savons n’a rien de comparable avec les informations en possession des différents gouvernements qui bénéficient de prestations de services renseignement très compétents.
Malgré tout, il est clairement établi aujourd’hui que Daech et les autres organisations terroristes qui sévissent en Irak et en Syrie bénéficient de ressources financières considérables et d’équipements militaires qui leurs sont fournis par les monarchies du Golfe via des personnes privées. Il est également clairement établi que le pétrole vendu par Daech transit par la Turquie. En outre Daech lève un impôt arbitraire dans les zones qu’il contrôle, mais ça c’est un autre problème.
Après le président russe, Vladimir Poutine qui dit affirme avoir remis, à l’occasion du dernier sommet du G20 en Turquie, à ses homologues, la preuve que des personnes privées, citoyennes de pays membres à ce même forum, financent Daech, l’eurodéputé Français Jean-Luc Mélenchon vient donner un nouveau coup de pied dans la fourmilière.
Le fils d’Erdogan serait un pétro-trafiquant
Lors de la récente émission Des Paroles et des actes, sur France 2, le leader du Parti de gauche déclare : « Heureusement que depuis trois jours on peut, enfin, dire que l’Arabie Saoudite et le Qatar sont des pays suspect, mais on n’avait pas le droit de dire, jusqu’à il y a quelques jours, que la Russie peut être un allié et un partenaire et pas un adversaire abominable comme cela a été caricaturé. Enfin que le grand non-dit, c’est la question du financement.» Puis s’adressant à Jean-Jacques Urvoas, député PS du Finistère, Jean-Luc Mélenchon poursuit : « M. Urvoas, vous êtes membre du Parti socialiste et de l’Internationale socialiste, le Parti socialiste turc, pas moi ! le Parti socialiste turc, accuse le fils de M. Erdogan d’être celui qui organise la contrebande du pétrole clandestin qui vient de Daech ». Le député socialiste acquiesce sans piper mot. Participant à la même émission, Marion Maréchal-Le Pen et Bruno Le Maire consentent.
Tow, le missile anti-char peut atteindre des avions de ligne au décollage
De l’autre côté de l’Atlantique, dans une lettre ouverte adressée le 14 novembre dernier au gouvernement syrien, le Sénateur républicain de Virginie, Richard Black indique que “Les gens ont commencé à réaliser que les terroristes syriens sont soutenus militairement par nos alliés turc, saoudien et qatari » en ajoutant “Il est clair que l’objectif des Turcs et des Saoudiens est d’imposer une dictature religieuse au peuple syrien. Dans le cas de leur succès, les Chrétiens et les autres minorités seront décapités alors que beaucoup de bons sunnites et de bons Chiites seront brulés, noyés ou égorgés ». Et le sénateur de dénoncer le « jeu idiot » « de bons et de mauvais terroristes » en pointant du doigt l’effroyable évidence selon laquelle les missiles américains antichars de longue portée Tow, livrés à Jound al-Fatah –l’armée de la reconquête- qui entre autres regroupe al-Nosra, la branche syrienne d’al-Qaïda, peuvent facilement atteindre des avions de ligne au décollage et à l’atterrissage.
« Et nous, nos valeurs c’est quoi ? »
Il y a quelque temps, dans un entretien avec David Pujadas (France 2), l’ancien juge antiterroriste Marc Trévidic plaidait: « Il faut être carré, droit dans ses bottes et c’est notre ambiguité, l’ambiguité des sociétés modernes. On est copain avec des gens qui ont des idéologie très proches ». À la question, « Vous pensez à l’Arabie Saoudite ? », le magistrat rétorque : « Oui bien sûr, le wahhabisme…, la wahhabisme a diffusé, cette idéologie (ndlr. salafiste) sur toute la planète, depuis le conflit en Afghanistan (…) depuis 1979. Et voilà quoi ! Est-ce qu’on est copain avec eux parce que ce sont des partenaires économiques ? La politique américaine, vous savez ce que c’est ? c’est : on adore les fondamentalistes religieux s’ils sont libéral économiquement. C’est comme ça depuis des années. C’est leur crédo ; c’est super les Saoudiens, c’est super le Qatar, les Émirats…, parce qu’ils commercent. Ils sont libéral économiquement. C’est ce qui les intéresse. Ils aiment les fondamentalistes religieux. On est dans le paradoxe total, tant qu’on ne sortira pas de ça. Et nous, nos valeurs c’est quoi ? On va serrer la main à quelqu’un qui voile intégralement sa femme, sous prétexte qu’on lui vend des armes et qu’on lui achète je ne sais pas quoi… du pétrole ? »
Indemnisation des personnes et des biens
Enfin, au nom des droits de l’Homme la Suède vient de mettre fin à sa coopération militaire avec l’Arabie Saoudite.
Il n’y plus que le Premier ministre français, Manuel Valls qui persiste encore à dire : «le pouvoir en Arabie saoudite comme au Qatar lutte contre Daech, ça c’est incontestable et je n’ai pas de raison de douter aujourd’hui de l’engagement de ces deux gouvernements». Passons !
Rien ne pourra rendre la vie aux victimes, rien ne pourra non plus réparer entièrement le traumatisme des blessés, mais dans la mesure ou les pourvoyeurs de fonds de Daech sont identifiés, au lieu de persister dans un déni insensé, pourquoi ne pas engager des procédures contre ces acteurs pour indemniser les familles des victimes, les blessés et les propriétaires dont les biens ont été dégradés. C’est le minimum que les gouvernements concernés puissent faire pour leurs citoyens. La deuxième étape pourrait être la création d’un tribunal international permanent sur le financement direct et indirect du terrorisme, un outil qui pourrait être très dissuasif.
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