La spirale de la violence ne date pas d’aujourd’hui, mais elle est devenue plus visible en raison des explosions de colère des populations.
Encore une fois, un homme de couleur qui ne portait sur lui aucune arme est tombé mardi après-midi, à Phoenix, capitale de l’Arizona, sous les balles d’un policier blanc. Comme à New York et à Ferguson dans le Missouri, les scénarii se succèdent et se ressemblent. Père de quatre enfants auxquels il ramenait à manger depuis un fast food, Rumain Brisbon a été abattu à l’entrée de son domicile.
D’après la version donnée par la police ses agents auraient agi sur la base d’une indication, selon laquelle Rumain Brisbon était en train de dealer de la drogue dans sa voiture. Toujours selon la même source, lorsque l’un des fonctionnaires avait tenté d’interpeller le suspect, celui-ci se serait sauvé et aurait glissé sa main dans sa poche. D’après cette même version, c’est alors qu’en se sentant menacé que l’agent avait ouvert le feu.
Mais cette version des faits est démentie par Brandon Dickerson, un ami de Rumain Brisbon qui était avec lui, sa la voiture, juste avant les tirs mortels. « Je n’ai jamais vu le policier tenter de parler avec Brisbon », soutient ce témoin, cité par la radio publique américaine NPR en ajoutant : « Qui peut discuter avec la police. Hier, il (NDLR. Rumain Brisbon) n’a pas fait le vœu de mourir ».
Dans ses poches, la victime n’avait qu’un tube d’oxycodone, un antalgique destiné à soulager les douleurs.
« Saison de chasse à l’homme noir »
L’agent « a fait exactement ce que nous voulions qu’il fasse » a déclaré l’officier Trent Crump, porte-parole de la police de Phoenix.
Ann Hart, présidente de la police afro-américaine pour le sud de Phoenix n’est pas du même avis. Ce nouveau drame « renforce le sentiment que c’est l’ouverture de la saison de chasse pour abattre les hommes de noirs », confie-t-elle à NBC Phoenix. « Nous avons besoin de regarder les choses en profondeur (…). Nous devons explorer en profondeur les raisons pour lesquelles les policiers se sentent obligés de tirer et de tuer au lieu d’arrêter et de conduire en détention ? », s’interroge-t-elle.
2013 : 572 vies emportées par les violences
Immédiatement après les explications de la police, des manifestations ont éclatées à Phoenix, notamment devant le siège de la sureté urbaine.
Aux Etats-Unis, selon le FBI, qui évoque des « homicides justifiés », en 2013, la police a abattu 461 personnes. La même année 111 agents de la police ont été tués dans l’exercice de leur fonction. Au total, ce sont donc 572 vies qui ont été emportées par les violences.
Si la presse en parle aujourd’hui, ce n’est pas en raison d’une subite lune de miel avec les principes d’éthique, mais tout simplement parce que les Américains eux-mêmes n’en peuvent plus et ont décidé de hausser le ton. Pour les média bien pensants, c’est l’occasion de racoler de la pub. Ils vont être bien servi. Selon toute vraisemblance la grogne est plutôt persistante. New York connait, ce vendredi, sa troisième nuit de protestation.
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