La jeunesse algérienne ne veut pas d’un printemps transgénique aux relents de boules puantes et de fertilisant pour les forces les plus obscures. Elle se bat pour une Algérie démocratique, épanouie et prospère.
Dans quelques heures, les Algériens vont sortir dans les rues pour que cesse la tragicomédie de la candidature, pour un cinquième mandat, du président sortant Abdelaziz Bouteflika.
Tout a commencé en novembre 2008 lorsqu’à l’issue d’un vote à main levée, le parlement avait procédé à la révision de la constitution dont la modification la plus significative se résume à la suppression de la limitation à deux mandats successifs à tête de la magistrature suprême du pays. Bouteflika fut l’unique bénéficiaire de cette dérive constitutionnalicide. Trois mois plus tard, il annonce son intention de briguer un troisième mandat et en avril 2009, il est réélu avec le score peu crédible de 90,24% des suffrages exprimés.
Annonce humiliante
Victime de deux AVC, en avril et mai 2013, durant le troisième mandat, le chef de l’État algérien est depuis, pratiquement immobile, invisible et inaudible. La campagne électorale pour son quatrième mandat, il y a cinq ans, avait été menée par procuration. Le président n’avait fait aucune sortie sur le terrain pour défendre « son programme » et sa candidature. En 2014, il est quand même réélu pour la quatrième fois, mais son image est écornée et le divorce entre la direction du pays et les citoyens algériens est engagé.
Mia alors qu’il présidait pratiquement sous régence, le 10 février dernier, Abdelaziz Bouteflika déclare par une lettre fleuve, sa candidature pour un cinquième mandat ; une annonce vécue par la majorité des Algériens comme un humiliation. Douze jours après cette sortie tonitruante, ceux-ci sortent dans les rues, y compris à Alger où les manifestations sont interdites depuis 2001. Depuis, le protestataires se sont rendu maitres des espaces publics, rivalisant de civisme et d’ingéniosité.
L’appel à une nouvelle manifestation, ce vendredi 1ermars, a de grandes chances d’être très suivi. Non seulement, la mobilisation bat son plein, mais tous les grands partis politiques de l’opposition ont appelé à une participation massive.
Le mouvement anti-cinquième mandat est spontané, mais il est traversé par un courant unitaire et civique extrêmement puissant et très visible. Le pacifisme des manifestations, le respect des institutions du pays, des corps constitués, des biens publics et privés et le rejet systématique de la violence et des casseurs –ce nouveau cancer de toute expression publique collective- font l’unanimité.
L’espoir secret des gourous
Cela dit, parti de la contestation du cinquième mandat, mais ayant, par la suite, pris conscience de sa force, le mouvement revendique, à présent, le départ de tout ce qui symbolise la dérive mafieuse et/ou monarchique du pouvoir.
En ce sens, ceux qui nourrissent les intentions criminelles d’une attitude collective de destruction suicidaire, comme celles qui a ravagé les autres pays arabes, sous couvert de l’imposture du soi-disant « printemps arabe » se verront boire le calice jusqu’à la lie. Les Algériens veulent un régime politique démocratique qui agit conformément à la volonté de ceux dont il est l’émanation. Il n’ont pas du tout l’intention d’affaiblir ne serait-ce que d’un iota leur pays. Pour s’en convaincre, il suffit de tendre l’oreille cette jeunesse saine, moderne, hautement politisée et très responsable qui est aux avant-postes de ce combat pour la démocratie. Il est indéniable que cette ligne de conduite permettra, par ailleurs, aux services de sécurité du pays d’être plus disponibles pour d’autres missions et en la circonstance, elles sont vitales.
Certains gourous qui nous ont habitué aux conjectures macabres commencent déjà à se gargariser de « Printemps arabe » en Algérie. Non messieurs, les Algériens ne veulent pas de votre printemps transgénique –car né dans les laboratoires de propagande et de déstabilisation- aux relents de boules puantes et de fertilisant pour les forces les plus obscures. Ils entendent se battre pour une Algérie épanouie et vigoureuse qui, non seulement prendra en main son propre destin, mais qui aura son mot à dire dans le concert des nations.
Dahmane SOUDANI
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