Pâtisserie. Saveurs françaises à l’Alliance française de Hartford

Hier, dimanche, pour leur plus grand bonheur, les membres de l’Alliance française de Hartford et les personnes qui gravitent autour ont pu se délecter des produits et du savoir-faire de deux talentueux pâtissiers français installés, depuis de longues années, dans le Connecticut (USA).

La Lorraine Colette Bérubé et Le Sarthois Michel Abhervé, un duo de virtuoses de l’art

Michel, un artiste à l’oeuvre (photo Dahmane Soudani)

culinaire, spécialisé dans la pâtisserie, étaient, hier après-midi, à l’Alliance française de Hartford (capitale du Connecticut) pour une démonstration de décoration pâtissière, suivie de dégustation. La pièce à décorer était un exquis gâteau à la mousse de chocolat estampillé Michel Abhervé. Alors que ce talentueux professionnel déployait patiemment son art pour donner forme aux motifs qui allaient agrémenter la pièce, captivante, Colette déroulait l’éventail de leurs passions et leurs aventures dans le monde feutré du summum des métiers de bouche.

Langue de belle-mère en coeur

Colette et Michel un duo de cordons bleus (photo Dahmane Soudani)

Rose relevée de feuilles vertes, cernée de fleurs en miniature de couleur bleu turquoise, le magnifique décor était complété par quatre oiseaux d’un jaune canari, déposés aux quatre angles du gâteau sur lequel le chef avait apposé l’inscription « Club français Hartford ». « On ne devient pas riche avec le métier de pâtissier, mais on en tire une autre forme de satisfaction souvent partagée avec les clients », soutient Michel, non sans une forme fierté à peine dissimulée. En revisitant les interventions de Colette et de Michel, on retient que pour ce duo de cordons bleus leur richesse, c’est plutôt le partage des bonnes choses et l’envie de faire plaisir, voire même le souci de prendre soin de la santé de leurs clients. Fidèle traduction de leurs discours, le gâteau de mousse au chocolat était relevé d’une table entièrement garnie de délicieuses mignardises où les mini-éclairs côtoient les cygnes et autres langues de belle-mère. Un régal ! « La langue de belle-mère est un gâteau français très ancien en principe de forme ovale, mais là, j’ai décidé de lui donner la forme d’une cœur », explique le chef.

C’est Michel Abhervé, aujourd’hui à la retraite, qui était à l’ouvrage ; une ouvrage de fée devrait-on dire ! Colette Bérubé à qui le Sarthois avait, autrefois, appris le métier était venue pour l’accompagner. Le maître en avait besoin, car son humilité qui n’a d’égal que sa maîtrise de l’art a tendance à évoluer vers une forme de timidité qui sied parfaitement à ceux qui n’ont plus rien à prouver.

Pâtissier par hasard, mais grand chef quand même

Reste que ce cordon bleu est inoxydable, patient, mais passionné. Le doigté, la dextérité du geste, la passion de la perfection et l’envie folle de vivre pleinement chaque instant de ses réalisations sont très présents dans les faits et gestes du chef et mettent en évidence le bonheur qu’il éprouve à exercer son métier.

La décoration fin prête (photo Dahmane Soudani)

Le hasard a joué un rôle important dans la vie et le parcours professionnel de Michel. C’est par un concours de circonstances qu’il avait emprunté la voie des métiers de bouche et c’est par un autre concours de circonstances qu’il a croisé Colette, Voilà 30 ans. Après avoir exercé pendant 17 ans en France, Michel a mis le cap sur les Etats-Unis. Ce fut d’abord la Californie, le Missouri et New York après une halte dans le Texas, avant d’atterrir dans le Connecticut. Et c’est là qu’il a rencontré Collette. Elle venait de reprendre une affaire de

la fierté d’un grand chef (photo Dahmane Soudani)

pâtisserie boulangerie, mais ne savait pas tout-à-fait comment s’y prendre. Pas suffisant pour décourager cette battante ! Enfant, Collette avait été à la bonne école. Endurci par le brasier de la ligne Maginot, son père lui avait alors appris qu’avant de dire qu’il était impossible de faire quelque chose, il faudrait d’abord tenter. « C’est cette ténacité que mon père m’avait apprise », explique-t-elle à une assistance tout ouïe. C’est ainsi que, aidée par Michel et les conseils que son cousin lui prodiguait par téléphone, depuis la France, elle a réussi à transformer l’essai et à faire de son commerce, La Brioche French Bakery –à Vernon dans le Connecticut- une enseigne de référence. Chaque été, Colette retourne, pour un mois, dans sa Lorraine natale pour garder le contact, mais aussi pour se ressourcer. Car en dépit de son dévouement, reproduire, ici, les goûts et les saveurs du terroir français n’est pas une affaire gagnée d’avance. « Il y a toujours le petit quelque chose qui manque. Alors, je dis à mes clients : je vous donne tout pendant onze mois, mais le mois d’août, je ne vous le donne pas, c’est pour moi… je vais en France ! », confie-t-elle.

De son côté, la retraite de Michel n’est toujours pas venue à bout de sa passion. Il continue de prendre des commandes mais en quantités limitées et toujours avec les mêmes soucis : amour du travail bien fait et le partage du plaisir du palais et des papilles.

L’histoire de Colette et Michel est celle de parcours professionnels certes singuliers, mais aussi une celle d’une aventure humaine de deux personnes, au demeurant, très attachantes.

Dahmane SOUDANI

Plus d’infos

Michel Abhervé : 860 993 5201

Colette Bérubé – La Brioche French Bakery, 29 West Main Street Vernon CT 06066- : 860 896 0750