Comme en Libye, l’ancienne chef de la diplomatie américaine veut instaurer une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Syrie
Entêtement insensé et quelque peu pathétique de Hillary Clinton, lors du débat de ce soir – le troisième du genre- entre les trois candidats aux primaires démocrates, en vue de la présidentielle de 2016. Alors qu’elle est sévèrement démentie par l’actualité à propos de sa gestion du soi-disant printemps arabe en Libye, l’ancienne secrétaire d’État persiste dans la même politique injuste et inconséquente et avec une démarche où le curseur n’a pratiquement pas bougé.
À moins de fermer les yeux face à la lumière, tout le monde sait aujourd’hui comment Daech a été créée et avec quels objectifs précis, mais Madame Clinton s’entête à dire que c’est à cause du président al Assad. Aucune personne normalement constituée ne peut comprendre comment, dans la même région, des régimes théocratiques moyenâgeux ne puissent pas représenter des siphons pour les mouvements extrémistes et que le seul pays arabe encore laïque du Moyen-Orient le soit !
Dans une autre déclaration pour le moins troublante, l’ancienne secrétaire d’État défend point par point, jusqu’aux aspects procéduriers, la réédition des mêmes erreurs faites en Libye. Elle dit vouloir instaurer, dans le cas où elle serait élue, une exclusion aérienne au-dessus de la Syrie et de combattre Daech tout en procédant au changement du régime syrien, mais sans engagement au sol. Madame la candidate insiste lourdement sur la simultanéité de ces deux actions. Une position qui outre son caractère insensé est un déni total de la nouvelle donne.
On sait ce que « l’exclusion aérienne » avait donné en Libye. Partie de l’idée de protéger les populations à partir d’accusations exagérées, elle s’est traduite par la destruction de l’État libyen et de l’instauration du chaos ; c’est-à-dire exactement ce que fait Daech en Syrie et en Irak et ce que fait l’Arabie saoudite au Yémen.
Bernie Sanders plus original et plus combatif
En dépit de la priorité qui doit être accordée à la destruction de Deach défendue par Bernie Sanders, sénateur de New Hampshire et l’inconstitutionnalité de la destitution, par la force, des autres chefs d’États soutenue Martin O’Malley, ancien gouverneur de Maryland, rien n’y fait. Hilary Clinton persiste et signe. Nous avons la force nous faisons ce que nous voulons et ce que nous faisons est par principe juste, semble vouloir dire Hilary Clinton. Parole d’impératrice !
« En Libye, pérore l’épouse de l’ancien président des Etats-Unis, nous avons tenté de promouvoir la démocratie ». « Non, répliqua sèchement Martin O’Malley, nous avons créé un paradis pour Daech ».
Le service presse de l’ancienne chef de la diplomatie américaine n’a pas dû l’avertir que juste avent son intervention, les rédactions du monde entier venait d’apprendre que 12 récipients de gaz sarin avaient été volés des anciens stock chimiques libyens et qu’ils ont pris la direction de la côté méditerranéenne.
Outre l’inconséquence de son programme, contrairement à ses deux concurrents, Madame Clinton n’apporte rien de nouveau. C’est pour cela qu’à l’issue de ces primaires du camp démocrate, aussi irréaliste que cela puisse paraître, Bernie Sanders qui s’est montré tant original que combatif, risque bien de la coiffer sur le poteau. Ce qui pourrait ouvrir un boulevard devant les Républicains.
Dahmane Soudani
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