L’Afrique sub-saharienne est la première victime de la mortalité maternelle ; un drame humanitaire passé sous silence.
Lorsque vous aurez fini de lire cet article entre 2 et 3 femmes seront mortes des suites d’une grossesse.
À l’échelle mondiale, entre 1990 et 2015, la mortalité maternelle, c’est-à-dire celle qui affecte la mère pendant la grossesse, l’accouchement et les six semaines qui suivent la naissance, a chuté de plus de 43% passant de 532 000 en 1990 à 303 000 décès en 2015. C’est ce qui ressort d’une étude rendue publique, aujourd’hui, par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il s’agit de progrès, certes importants, mais pas moins de 830 femmes meurent encore, chaque jour, des suites de la grossesse ou de l’accouchement. Cela correspond à 216 décès maternels pour 100 000 naissances contre 385 en 1990. Mais tout le monde n’est pas logé à la même enseigne.
Ce fléau frappe surtout les pays en voie de développement où surviennent 99% de la mortalité maternelle et plus particulièrement l’Afrique sub-saharienne où 2 sur 3 (66%) de ces décès sont enregistrés. Malgré une baisse de la mortalité de 45%, dans cette partie de l’Afrique, le taux de mortalité maternelle est toujours de 546 pour 100 000 naissances contre 987 en 1990, soit près de 1%.
Les adolescentes et les pauvres plus exposées
Dans les pays développés, sur la même période, la mortalité maternelle a diminué de 48% passant de 23 à 12 pour 100 000 naissances.
Mais c’est dans les pays de l’est asiatique où la chute de la mortalité a connu la baisse la plus spectaculaire, passant de 95 à 27 décès pour 100 000 naissances, soit une réduction du taux de 72%.
De façon générale les adolescentes sont exposées à des niveaux de risques plus élevés de complications et de mortalité, à l’issue de la grossesse et le taux de mortalité maternelle est également plus élevé chez les plus démunies et dans les milieux ruraux.
Quelles solutions faudra-t-il apporter à ce drame humanitaire silencieux. « Des soins qualifiés avant, pendant et après l’accouchement peuvent sauver la vie des femmes et des nouveau-nés », plaide l’OMS. Reste qu’il faudrait d’abord en disposer.
Notons toutefois que l’équivalent du revenu de quelques prédateurs de valeurs ajoutées de par le monde peut suffire pour mettre à la disposition des femmes sub-sahariennes les équipements et les personnels nécessaires pour une maternité moins tragique. C’est une modeste ristourne sur le pillage systématique des ressources de leurs pays.
Dahmane Soudani
Repères
De quoi meurent les femmes durant la maternité ?
Selon l’OMS, les principaux facteurs de mortalité maternelle sont :
- les saignements graves, principalement après l’accouchement ;
- les infections, généralement après l’accouchement ;
- l’hypertension artérielle pendant la grossesse ;
- Les complications lors de la délivrance ;
- L’avortement non médicalisé.
L’OMS précise, en outre, que la plupart des complications qui se déclarent pendant la grossesse sont évitables et traitables.
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