Dans l’État de l’Oregon, le nombre de victimes tombées hier, sous les balles du jeune forcené du campus de Umpqua Community College –par solidarité avec les familles, nous tairons son nom- à Roseburg a été revu à la baisse, mais le bilan reste lourd. La chevauchée sanglante du tireur a emporté 9 vies humaines et 9 personnes ont été blessées. À leur grande surprise, les enquêteurs ont découvert que le tueur présumé avait un véritable arsenal de 13 armes à sa disposition dont 6 dans l’enceinte du campus.
Le plus inquiétant aux Etats-Unis, c’est qu’à force de se répéter, les mass shooting –assassinats de masse- risquent dramatiquement de se banaliser.
Mais comment est-on arrivé à ce niveau de dangerosité ? Il y au moins trois raisons qui sont à l’origine de cette menace qui pèse sur l’espace public. Il y a d’abord l’impossibilité d’enquêter sur les antécédents des détenteurs d’armes à feu et des candidats à leur acquisition.
Le jeu des lobbies
Sous la pression des lobbies de producteurs d’armes à feu représentés par le NRA (National Rifle Association), le congrès, tenu par les Républicains refuse de légiférer. Il y a deux ans, une initiative du Président Barack Obama destinée à légaliser l’examen des antécédents des candidats à l’acquisition d’armes à feu, avait été écartée par le Congrès.
Légende
En rouge. Port d’armes dissimulées autorisé par la loi En gris. Port d’armes dissimulées, autorisé par la loi, mais les établissements peuvent restreindre les endroits et l’interdire à certaines personnes En vert. Port d’armes même dissimulées interdit par la loi En jaune. La loi autorise les établissements à décider en matière de port. d’armes Orange. Port d’armes dissimulées autorisé, mais uniquement dans les voiture et à la condition que celles-ci soient fermées |
Quelles pressions peuvent exercer les différents lobbies sur les représentants et les sénateurs ? Ils les tiennent essentiellement par l’argent, le nerf de la batailles pour financer des campagnes électorales, devenues quai-impossibles à mener sans le son, sonnant et trébuchant, du billet vert. De sorte qu’on s’est retrouvé dans un cas de figure où de grands élus sont portés à des fonctions par les électeurs, mais qui se retrouvent redevables envers des groupes ou des entreprises dont les activités peuvent, dans certains cas, heurter une partie de l’électorat. On a donc effectué un retour par effraction vers le procédé moyenâgeux du suffrage censitaire. Et c’est un réel problème pour la démocratie.
Citizen United, un réel problème pour la démocratie
Mais de quelle droit, des entreprises privées peuvent-elles financer une campagne électorale ? diriez-vous. C’est la cour suprême des Etats-Unis qui l’a décidé le 21 janvier 2010 contre l’avis de Barack Obama, lui même, faut-il le rappelé, juriste. C’est ce que les Américains appellent Citizen United. Cette décision de la cour suprême part du principe que les entreprises, peuvent être assimilées à des personnes physiques et que de ce fait, elles peuvent bénéficier des même opportunités que les personnes y compris le déversement de flots d’argent pour financer une campagne.
Dans le cadre de son actuelle campagne en vue de la présidentielle 2017, Bernie Sander’s, le seul candidat aux Etats-Unis qui se dit « ouvertement socialiste », lance une pétition pour mettre fin a Citizen United. Une initiatives saluée par une association de Maman – Moms Demand Action for Gun Sense in America- qui veut soumettre la vente d’armes à des restrictions.
Dernier élément, mis à part les États de l’Illinois, Louisiane, Massachussetts Michigan, New York, Nouveau Mexique, Ohio, Tennessee, Wyoming, sous certaines conditions peu contraignantes, tous les autres États autorisent le port des armes dans les campus.
D. S.
Plus d’infos
Association Moms Demand Action for Gun Sense in America : https://www.facebook.com/MomsDemandAction?fref=ts
Étude sur les détentions d’armes à feu
http://engagedscholarship.csuohio.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1679&context=urban_facpub
Source de la carte sur la circulation des armes dans les campus : http://www.armedcampuses.org
Votre commentaire