Après Donald Trump, Ben Carson jette les Américains de confession musulmane à la vindicte publique. La société civile réagit.
La France n’a plus le monopole de poussées de racisme anti-musulman en période électorale. L’Amérique s’y met aussi. Et
c’est à travers un afro-américain, en la personne de l’écrivain et neurochirurgien ultra-conservateur Benjamin Solomon Carson dit Ben Carson, candidat républicain à la candidature pour la prochaine présidentielle, que nous parvient la version la plus radicale de ce sinistre message « Je ne préconiserais pas que nous mettions un musulman en charge de cette nation. Je ne serais absolument pas d’accord avec cela » s’est cru autorisé de déclarer ce fils de pasteur adventiste, s’inscrivant ainsi dans le sillage de la forfaiture commise, quelques jours auparavant, par Donald Trump, un autre candidat républicain.
Violation de la constitution des États-Unis
« Nous demandons à M. Ben Carson de se retirer de la course à la présidentielle, parce qu’il est inapte à diriger », s’est insurgé Nihad Awad, président et fondateur du Conseil des relations américano-musulmanes, lors d’une conférence de presse tenue, hier lundi. Des pétitions pour exclure les deux candidats de la course à la présidentielle sont également mis en circulation.
Les deux candidats violent en effet la constitution des Etats-Unis dont l’article VI stipule expressément que : « aucune profession de foi religieuse ne sera exigée comme condition d’aptitude aux fonctions ou charges publiques sous l’autorité des Etats-Unis ».
Violer un texte fusse-t-il constitutionnel est un acte qui s’apparente de plus en plus à lieu commun dans un certain nombre de pays, occidentaux en particulier, tant il apparaît de bon aloi de casser du Musulman.
Des créatures à usages multiples
Après une levée de bouclier venant de la société civile, les deux candidats ont mis un bémol à leur propos et expliquent que leurs déclarations visaient les Musulman radicaux. Or, il apparaît de plus en plus clairement, y compris dans des rapports officiels, dévoilés ces derniers jours par les média, que les radicaux dont font état les deux candidats, c’est-à-dire les intégristes armés, sont aujourd’hui « fabriqués » à l’échelle industrielle, sous l’instigation des forces que les deux orateurs représentent, par le truchement des pétromonarchies et ont pour missions, non seulement de détruire les états du Monde arabe, mais de déstructurer ces sociétés de façon irréversible ; les régimes en place n’étant que des prétextes. En échange, intéressées avant tout par la pérennité manne pétrolière, les monarchies du Golfe qui n’ont cure de leur indépendance politique, veulent s’assurer la garantie d’un parapluie sécuritaire d’une puissance étrangère.
Les mulets de la doctrine de la vassalisation
Au pire détruire les états arabes au mieux s’assurer leur vassalité à des fins géostratégiques et pour un accès sans conditions aux ressources, telle est la finalité ultime de cette stratégie. Les mulets de cette doctrine de vassalisation sont de véritables dues ex machina qui s’appellent al-Qaïda, Daech, al Nosra… Plus besoin donc d’envoyer des soldats au sol pour envahir un pays !
En périodes électorales, les méfaits de ces comprachicos des temps modernes sont exploités par leurs marionnettistes, contribuant ainsi à créer un cercle dévastateur. C’est comme cela que les musulmans qui vivent dans certains pays occidentaux sont constamment jetés en pâture à des sociétés partiellement vampirisées.
Le résultat est déjà là et il est incontestable. Il est de notoriété publique que même si son père était musulman, Barack Obama ne l’est pas. Or par un effet de redondance, les élus conservateurs et ultra-conservateurs et leurs puissants supports médiatiques ont fini par convaincre une partie des Américains que leur actuel président est un Musulman pratiquant ; une conviction assortie du fantasme concomitant que : être musulman ou d’origine musulmane, c’est dans l’absolu être terroriste, donc par définition un criminel. C’est dire que l’ancrage de ce délire est si puissant qu’aujourd’hui, il n’épargne même pas le président de la première puissance mondiale. Surfant sur cette ambiance, pour le moins nauséabonde, Donald Trump n’a pas hésité à déclarer que « Barack Obama mène la guerre contre les Chrétiens ».
Prélude à des scénarii effroyables
Entre les opportunistes de tout poil qui estiment que le racisme islamophobe est un ascenseur électoral efficace et ceux qui l’instrumentalisent en toute connaissance de cause, le résultat est le même. Il s’agit de préparer l’opinion mondiale à des scenarii effroyables. Pour ce, faire les stratèges de cet ignominieux projet sont capables de permettre au soi-disant État islamique d’utiliser de bombes sales dans des endroits susceptibles de provoquer suffisamment d’émotion pour justifier, en retour, des crimes collectifs, de masse devrait-on dire, contres des populations entières, arabes ou d’origine arabe. C’est dans ce sombre dessein que s’inscrivent en toute impunité les déclarations de certains candidats américains et des gourous français des plateaux de télévision qualifiés par euphémisme complice de « polémistes ». Ce sont des idéologues de crimes collectifs ciblés.
La déportation de musulmans de pays occidentaux, comme le suggèrent certains instigateurs à ces crimes, paraît l’option la moins probable. La proximité de l’opinion publique locale qui, même si elle est anesthésiée par le matraquage médiatique reste fondamentalement saine, peut inverser l’effet d’une propagande coûteuse, montée de toutes pièces, depuis des décennies. En revanche, le recours à des représailles par l’usage d’armes de destructions massives dans des pays arabes, à faible lien de proximité, est très envisageable.
Il est encore temps de faire marche arrière, à la seule condition de prendre conscience de ce qui se trame et de stopper ce plan criminel aux conséquences incalculables.
Dahmane Soudani
Repères : article VI de la constitution des Etats-Unis
Traduction. Toutes dettes contractées et tous engagements pris avant l’adoption de la présente Constitution seront aussi valides à l’encontre des États-Unis dans le cadre de la présente Constitution qu’ils l’étaient dans le cadre de la Confédération.
La présente Constitution, ainsi que les lois des États-Unis qui en découleront, et tous les traités déjà conclus, ou qui le seront, sous l’autorité des États-Unis, seront la loi suprême du pays ; et les juges dans chaque État seront liés par les susdits, nonobstant toute disposition contraire de la Constitution ou des lois de l’un quelconque des États.
Les sénateurs et représentants susmentionnés, les membres des diverses législatures des États et tous les fonctionnaires exécutifs et judiciaires, tant des États-Unis que des divers États, seront tenus par serment ou affirmation de défendre la présente Constitution ; mais aucune profession de foi religieuse ne sera exigée comme condition d’aptitude aux fonctions ou charges publiques sous l’autorité des États-Unis.
Version originale. All Debts contracted and Engagements entered into, before the Adoption of this Constitution, shall be as valid against the United States under this Constitution, as under the Confederation. »
This Constitution, and the Laws of the United States which shall be made in Pursuance thereof; and all Treaties made, or which shall be made, under the Authority of the United States, shall be the supreme Law of the Land; and the Judges in every State shall be bound thereby, any Thing in the Constitution or Laws of any State to the Contrary notwithstanding.
« The Senators and Representatives before mentioned, and the Members of the several State Legislatures, and all executive and judicial Officers, both of the United States and of the several States, shall be bound by Oath or Affirmation, to support this Constitution; but no religious Test shall ever be required as a Qualification to any Office or public Trust under the United States.
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