C’est l’appréciation portée par la Haute cour d’Irlande sur les conditions de détention aux États-Unis qui a permis à ce ressortissant algérien, la cinquantaine, d’échapper à une procédure devant le conduire droit au redoutable –c’est le moins qu’on puisse dire- centre fédéral de détention du Colorado. Arrêté en 2010 à Dublin, Ali-Charaf Damache a été remis en liberté, le 21 mai dernier après avoir purgé sa peine. Alors que la justice irlandaise l’avait condamné pour menaces proférées par téléphone, le tribunal américain de Philadelphie l’accuse d’avoir organisé des forums en ligne pour recruter des femmes américaines au profit de réseaux terroristes.
Dans cette affaire, un homme et deux femmes dont l’épouse d’Ali-Charaf Damache ont déjà été jugés par des tribunaux américains et reconnus coupables de fournir un soutien logistique à des groupes terroristes. Ils ont écopé de peines allant de 8 à 15 ans de prison ferme.
À l’instar de certains pays européens, la justice irlandaise considère que les conditions de détention aux Etats-Unis sont dégradantes pour la personne humaine. Selon la Haute cour irlandaise, les conditions de détention dans une prison comme Supermax « constituent une violation des dispositions constitutionnelle visant à protéger les personnes contre les traitements inhumains et dégradants et à respecter la dignité humaine ».
Surnommée l’Alcatraz des Rocheuses, Supermax est souvent décriée par les média américains et les défenseurs des Droits de l’Homme. Ces derniers estiment que l’isolement involontaire et prolongé est préjudiciable à l’intégrité physique et mentale de la personne humaine. Et quel isolement ! « La nourriture est livrée à travers une fente dans la porte de la cellule. Les visites familiales sont interdites, les conversations avec d’autres sont limitées, et rarement, sinon jamais, les détenus arrivent à entrevoir un arbre ou un oiseau à travers la fenêtre. Les détenus passent ainsi des jours et des nuits, seuls, leurs pieds à même le béton, livrés à leurs propres pensées », rapporte dernièrement le quotidien The Hartford Courant, en précisant que l’accès aux média est également très limité.
Dans cette prison, les conditions sont si dures que de plus en plus d’avocats les utilisent pour éviter à leurs clients la peine capitale. « Les conditions de détention à Supermax sont pires que la peine de mort », soutiennent-ils.
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