Cette évolution du dossier est lourde de conséquences pour la France
À en croire les représentants du complexe de l’industrie de défense russe, cités par les média moscovites, un groupe de spécialistes de ce pays va se rendre à Saint-Nazaire pour retirer les équipements de communication et de gestion embarqués installés à bord des bâtiments de projection et de commandement (BPC) Mistral. De son côté, l’équipementier Sistémi Oupravlenia indique que ces équipements sont universels et peuvent être utilisés par d’autres navires de guerre russes.
En vertu d’un contrat, d’un montant de 1,2 milliard d’euros, passé en 2011, entre le groupe russe Rosoboronexport et les constructeurs et équipementiers français DCNS, STX et DCI-NAVFCO, le premier Mistral devait être livré à la Russie en novembre 2014. Le deuxième (mis à l’eau à la mi-avril) devait l’être quelques mois plus tard. Mais suite à la crise ukrainienne, voulant faire jouer à la France le rôle de gendarme du monde, le président François Hollande a décidé, au grand dam des groupes français et de leurs salariés, de ne pas honorer ce contrat.
Sur le montant global prévu par le contrat, Moscou avait déjà versé 890 millions d’euros ; ce qui a permis de générer 1 000 emplois sur une durée de 4 ans.
Alors que des équipements sensibles russes ont été installés à bord et que des centaines de marins y ont été formés, Paris propose le remboursement de 784,6 millions d’euros, mais à condition de pouvoir revendre les deux bâtiments, en l’état, à une tierce partie ; ce à quoi le vice-premier ministre russe Dimitri Rogozine et le général Youri Yakoubov avaient répondu par un niet estimant, à juste titre, que cela concernait la sécurité de leur pays.
Avec le retrait des équipements embarqués russes, cette option devient donc possible, mais vraisemblablement, les deux Mistral ne trouvent pas preneur.
Paris dans l’impasse
Pour ce qui la concerne, la Russie a décidé de construire ses propres bâtiments de projection et de commandement en exploitant les failles des Mistral. Car comme l’a livré, il y a peu de temps, un officier russe qui avait séjourné à bord de l’un des Mistral, au quotidien Moskovski Komsomolets Saint-Pétersbourg « Le Mistral n’est pas le meilleur navire du monde dans sa classe, mais ce n’est de loin pas le moins bon.»
En revanche, pour la France, en cette période de disette, la facture est plutôt salée. Non seulement, elle doit rembourser l’intégralité des montants versés par la Russie, mais elle devra également s’acquitter des pénalités de non-respect de clauses contractuelles qui devraient s’élever à plusieurs millions d’euros. C’est d’autant plus frustrant que, pendant ce temps, pour ce qui les concerne, les Américains ne se sont pas privés des moteurs de fusées russes.
Ajouté à cela, le maintien à flot et l’entretien des deux navires est estimé à 5 millions d’euros par mois. Par sa décision, le président français n’a causé aucun dommage majeur à la Russie. En revanche, sur ce dossier, il a mis son pays dans l’impasse en altérant sérieusement sa crédibilité contractuelle.
Constamment plombé par les enquêtes d’opinions, François Hollande est en quête de la moindre action spectaculaire pour redorer son blason, mais pour le contribuable français, la facture est lourde, sans compter que les constructeurs de l’Hexagone peuvent dire adieux aux commandes stratégiques russes.
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