Depuis le début des bombardements, Sanaa a donné une vie humaine pour chacune des années de son histoire. Aujourd’hui, les Saoudiens et leurs alliés sont en train de lui voler son âme.
Sans discernement, sans professionnalisme aucun, sans objectif clairement avoué et avec une sauvagerie inqualifiable la soi-disant coalition, dirigée par l’Arabie Saoudite, vient de lancer –ce vendredi- un raid contre le Vieux Sanaa atteignant de plein fouet le quartier Al Qasim, un secteur classé patrimoine mondial de l’Unesco. Ce qui a frappé de stupeur, les habitants de la ville et provoqué la colère des responsables des institutions internationales en charge de la protection du patrimoine historique mondial.
La directrice générale de l’Unesco « affectée » et « choquée ».
Irina Bokova, directrice générale de l’Unesco ne trouve pas de mots assez durs pour qualifier ces forfaitures. Elle se dit « profondément affectée par les pertes en vies humaines et les dommages causés à l’un des plus anciens joyaux du paysage urbain islamique » Et la directrice générale d’ajouter : « Je suis choquée par les images de ces magnifiques maisons-tours aux nombreux étages et aux jardins paisibles en ruine. Cette destruction va encore détériorer la situation humanitaire. Aussi, j’appelle une nouvelle fois toutes les parties à respecter et protéger le patrimoine culturel au Yémen. Ce patrimoine porte en lui l’âme du peuple yéménite. C’est un symbole de son histoire millénaire en matière de connaissance, qui appartient à l’humanité tout entière.»
Tours en pisé richement décorées
La directrice générale de l’Unesco rappelle que : « Sanaa, qui est habitée depuis plus de 2500 ans, témoigne de la richesse et de la beauté de la civilisation islamique. Au premier siècle, elle est devenue le carrefour des routes du commerce terrestre et ses habitations et édifices publics sont un exemple éminent d’établissement humain islamique traditionnel. Les tours en pisé et en brique cuites de Sanaa, richement décorées, sont célèbres dans le monde entier et font partie intégrante de l’identité et de la fierté du peuple yéménite ».
Fort heureusement, l’un des missiles qui se sont abattus sur le quartier Al Qasim n’a pas explosé.
Depuis l’aventure de la dite « coalition », le 29 mars dernier, plusieurs vestiges et monuments historiques ont subit des dommages irréparables, à défaut d’être complétement rasés.
Des inscriptions datant du royaume de Saba et 12 500 pièces de musée parties en fumée
Plusieurs habitations patrimoniales ont été touchées par les bombardements et se sont effondrées. Au mois de mai dernier, le musée de Dhamar (100 km au sud de Sanaa), abritant quelque 12 500 pièces historiques, avait été totalement rasé. Le 31 du même mois, le barrage de Marib contenant des inscriptions datant du royaume de Saba aurait été, à son tour, atteint. Le 9 juin, le complexe historique Al-Owrdhi, datant de l’ère ottomane et situé à l’extérieur de la Vieille ville, avait, selon les termes de l’Unesco, « été sérieusement endommagé ». « Les bâtiments résidentiels historiques, les monuments, les musées, les sites archéologiques et les lieux de culte n’ont pas été épargnés. La valeur historique et la mémoire ces sites a subi des dégâts irréparables quand elle n’a pas été totalement détruite » s’insurge la directrice générale de l’Unesco dans son communiqué, daté de ce vendredi.
Les « défenseurs » des droits de l’Homme : des pétrodollars dans la gorge
Plus grave encore, le nombre de victimes de ces bombardements aveugles qui relèvent d’un amateurisme militaire des plus séniles, s’élève à 2 584 morts et 11 065 blessés, en très grande majorité des civils. Curieusement le nombre de morts correspond à celui des années que compte l’histoire de Sanaa et le nombre de blessés est relativement identique à celui des pièces du musée Dhamar, aujourd’hui détruit.
Fin mai, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a rendu publiques des preuves montrant que la coalition, dirigée par l’Arabie Saoudite, utilise des bombes à sous-munitions dont l’usage est interdit par le droit international.
Ce qui est dramatique, c’est que toutes ces violences débridées s’exercent dans un silence assourdissant des crieurs –ils n’en ont jamais été de véritables défenseurs- habituels des droits de l’Homme. Le son trébuchant de pétrodollars est plus fort que tous les cris de douleur et de soif de justice des peuples.
Votre commentaire