Dans le pays des pharaons les simulacres de justice se multiplient et conduisent inévitablement à la mort.
L’ex-président égyptien, Mohamed Morsi, issu des rangs des Frères musulmans, déposé par l’armée en 2013, a été condamné, ce samedi, en première instance, en même temps qu’une centaine de co-accusés, à la peine capitale. Dans le lot des condamnés à mort figurent également Mohamed Badie, le guide suprême de la confrérie des Frères musulmans et le prédicateur qatari Youssef el-Qaradaoui ; ce dernier ayant été condamné par contumace. Ces peines doivent d’abord obtenir l’avis consultatif du mufti d’Égypte avant d’être confirmées le 2 juin 2015.
Mohamed Morsi et ses co-accusés étaient jugés pour des évasions de prison et pour des violences commises lors de la révolte de 2011 qui avait abouti à la chute de Hosni Moubarek.
Le deuxième chef d’accusation serait une sombre « affaire d’espionnage » au profit de l’Iran. En complicité avec le Hamas palestinien et le Hazbullah libanais, Mohamed Morsi et son entourage auraient transmis « des rapports de sécurité » à Téhéran.
Reste que sur les 165 mis en cause dont des Palestiniens du Hamas, seule une cinquantaine était dans le box des accusés. Pour ce qui le concerne, l’ex-président Mohamed Morsi était présenté à la cour dans une cage insonorisée. À l’humiliation, s’ajoute une belle manière de permettre aux accusés de se défendre.
Humiliation
Cela dit, malgré sa condamnation à mort Mohamed Morsi qui a déjà été condamné, il y a une vingtaine de jours, à 20 ans réclusion criminelle pour violence contre des manifestants, n’est pas au bout de ses peines. Il devra encore se retrouver devant les juges pour répondre des chefs d’accusation « d’outrage à magistrat » et « espionnage au profit du Qatar ».
La réaction des groupes armés ne s’est faite attendre. Peu de temps après l’annonce du verdict, trois magistrats et leur chauffeur ont été assassinés par armes à feu dans le nord de la péninsule du Sinaï.
La sentence prononcée contre les mis en cause a été aussitôt dénoncée, aussi bien par l’ONU que par les organisations internationales de défense des droits de l’Homme.
Dans l’Égypte d’Abdel Fattah al-Sissi, malheureusement, les exécutions sommaires, les sentences démesurées, la justice expéditive et autres simulacres de justice sont devenus monnaie courante. Ces turpitudes des autorités égyptiennes, outre le fait qu’elles soient injustes, n’ont aucune prise réelle sur le terrorisme. Bien au contraire elles enferment l’Égypte dans la spirale de la terreur et l’éloigne, chaque jour, un peu plus, du mouvement de la modernité et de la démocratie auxquelles aspirent légitimement les citoyens de ce pays. L’avenir de l’Égypte n’est pas dans la quantité de sang versé, mais dans la préservation et la protection de la vie et de l’épanouissement des femmes et des hommes de ce pays. Ce n’est pas parce qu’on n’est pas du même avis qu’un opposant qu’on doit disposer de sa vie ; tout simplement parce qu’on est au pouvoir. Rien, absolument rien, ne justifie de telles pulsions, pour le moins sanguinaires.
Dahmane Soudani
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