Les victimes de cette opération, leurs parents et les républicains sincères ont le droit d’être émus et scandalisés par les turpitudes et les visées de l’élu du Front national, mais Robert Ménard n’est pas un deus ex machina sorti du néant.
Ce n’est pas nouveau, le Front national est un parti xénophobe. Tout le monde le savait et tout le monde savait qu’en s’emparant de collectivités, frontalement ou par le recours à la ruse, ce parti allait mettre en place ses politiques. Mais, pourvu que cette formation continue à canaliser les mécontentements, sans pour autant menacer le pouvoir de l’establishment, cela ne dérangeait pas grand monde, à l’exception des républicains sincères –car il en existe encore dans ce pays- bien évidement. Pire encore, jusque là, cela intéresse les pouvoirs successifs englués dans l’impasse de la mondialisation ultralibérale avec ses retombées catastrophiques, de trouver des souffre-douleurs, de désigner du doigt les minorités les plus faibles et les moins organisées, quitte à prendre le risque, quand les conditions l’exigent, de descendre en première ligne. Rappelez-vous le « Tu me mets quelques blancs, quelques whites, quelques blancos », lancé en 2009, par l’actuel Premier ministre Manuel Valls à l’adresse de l’un de ses collaborateurs à la mairie d’Evry ou encore les propos signés de cette même personnalité en 2013 et visant les Roms. Il n’a pour autant pas été inquiété. Ce fut même un critère d’une fulgurante promotion.
Une idéologie qui n’ose pas encore dire son nom
Il y a aussi, ce témoignage terrible livré le 28 janvier 2015, au Lab d’Europe 1 par la Samia Ghali Sénatrice des Bouches-du-Rhône et Maire du 8e secteur de Marseille que le PS aurait empêchée de devenir maire de Marseille, en raison de ses origines, par un mobilisation jusqu’au sommet de l’État. « Le problème du racisme je l’ai plus découvert au PS que ce que j’ai pu le découvrir à l’extérieur du PS. Au PS il y a encore des gens, des personnalités, qui, à tous les niveaux, à toutes les strates, ont encore un regard sur l’immigration qui n’est pas sain. Ils n’ont pas passé un certain cap, c’est une réalité », confiait alors la sénatrice-maire.
Avec des complicités institutionnelles et médiatiques évidentes on a, par ailleurs, promu de façon démesurée de sinistres individus -qui écument les antennes et les plateaux- dont la mission consiste à tester, en toute impunité, l’opinion publique française sur des exactions à grande échelle que pourraient subir les Français musulmans.
Aujourd’hui, Robert Ménard, maire de Béziers, dresse des statistiques ethniques visant les enfants musulmans. Ce qui est interdit par le droit français en particulier la loi informatique et libertés de 1978. L’élu du Front national devra, en toute logique, faire face à l’application de la loi dans toute sa rigueur.
Cela dit, cette forfaiture de Robert Ménard doit être aussi l’occasion de refaire un inventaire à l’intérieur de toute la maison. Car en France, l’action publique visant les délits a tendance, hélas, à multiplier les standards et les régimes préférentiels, comme éléments constitutifs d’une idéologie qui n’ose pas encore dire son nom. La république ne doit ni établir, ni tolérer des préférences ou des exclusions liées aux origines.
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