La cours suprême condamne quatre banquiers à de lourdes peines de prison.
Hreidar Mar Sigurdsson, ancien directeur général : 5 ans et demi ; Sigurdur Einarsson, ancien président : 5 ans ; Magnus Gumundsson, ancien directeur de la filiale luxembourgeoise : 42 mois ; Olafur Olafssona, actionnaire influent : 3 ans. L’information est passée à la trappe, les média à grande audience n’ayant cure de ce genre de décisions. La Cour suprême d’Islande vient de condamner le quarteron de banquiers responsables de l’effondrement du système financier du pays pour des peines allant donc de 3 à 5 ans et demi de détention. Il s’agit de quatre anciens dirigeants ou membre influent de la banque Kaupting, septième institution financière des pays nordiques, en terme de capitalisation, au moment du déclenchement de la crise de 2008. Les prévenus devront également s’acquitter des frais liés à la procédure d’un montant de 670 000 dollars américains.
Un prince qatari dans le coup
À ce niveau de la procédure, la décision est irrévocable et l’honneur de briser le mur du silence sur cette affaire revient au portail Conseiller, le média québécois dédié aux professionnels des services financiers.
Cela dit, la justice islandaise reproche aux quatre détenus d’avoir contribué à l’effondrement du système financier du pays. Un point particulier ressort dans ce dossier. Les quatre condamnés sont accusés d’avoir couvert les agissements d’un prince Qatari Sheikh Mohammed Ben Khalifa Ben Hamad al-Thani –à ne pas confondre avec Sheikh Hamad ben khalifa al-Thani ancien émir du Koweït, mais au fond on n’en est pas très loin. C’est son fils ; le sixième de la descendance-. L’impudent prince a eu le toupet de s’offrir 5,1% de Kaupting pour 25,6 milliards de couronnes islandaises, lors de la crise de 2008 par le recours à un prêt consenti par cette même banque. Rien que ça !
L’effondrement de la banque a contraint, l’Autorité de surveillance financière islandaise à prendre son contrôle. Des poursuites ont, par la suite, été engagées contre l’homme d’affaires qatari, du coût devenu principal actionnaire, mais elles ont été abandonnées suite à un accord -conclu entre ce dernier, Kaupting et « d’autres parties »- dont un volet est placée sous le sceau de la confidentialité.
Les anciens banquiers, quant à eu, ne sont pas pour autant tirés d’affaire. À partir du 21 avril prochain, avec neufs anciens salariés du même groupe bancaire, Hreidar Mar Sigurdsson et Sigurdur Einarsson seront de nouveau devant les juges pour répondre des chefs d’accusation de manipulation de marché.
La fermeté de la justice islandaise servira-t-elle de force d’exemple ? Il faut l’espérer. Mais à en juger par l’ambiance délétère dans les pays générateurs de prêts toxiques, rien n’est moins sûr.
Dahmane Soudani
Votre commentaire