Un grand capitaine de l’industrie énergétique disparaît dans un tragique accident.
Il était environ 23h57h, hier lundi, à l’aéroport international Vnoukovo de Moscou, lorsque en phase de décollage, l’avion, un Falcon 50 de Dassault Aviation, qui transportait Christophe de Margerie et trois membres de l’équipage est entré en collision frontale avec un chasse-neige, déclenchant un violent incendie. Le président directeur général du groupe français Total (189 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2013 et 4e rang mondial) et les membres de l’équipage qui devaient se rendre à Paris sont morts sur le coup. D’après les autorités aéroportuaires russes, au moment du choc, la visibilité était de 350 mètres, mais selon les premiers éléments de l’enquête, dirigée par Alexandre Bastrykine, le conducteur du chasse-neige était ivre.
Un visionnaire, pourfendeur des sanctions anti-russes
Grand ami de la Russie, Christophe de Margerie avait déclaré, en juillet dernier à Reuters, qu’au lieu de s’angoisser à propos de sa dépendance du gaz russe, l’Europe devrait s’atteler à rendre son
acheminement plus sûr ; ce que Moscou tente de faire, en dépit des entraves de Bruxelles, en complétant son réseau par le gazoduc South Stream -destiné à l’Europe du sud et du centre- pour échapper au chantage permanent de Kiev ; un investissement qui fera suite au North Stream destiné à l’Europe du Nord. « Allons-nous construire un nouveau mur de Berlin ? (…). La Russie est un
partenaire et nous ne devrions pas perdre du temps à nous protéger d’un voisin », avait-il réagi à l’infantilisation de la politique à travers le jeu des sanctions.
La fin tragique de Christophe de Margerie, « big moustache », comme affectionne le surnommer son entourage est, d’ailleurs survenue alors qu’il rentrait d’une réunion sur « l’investissement étranger » organisé par le gouvernement russe. Il y a peu de temps à l’occasion du forum économique de Scotchi (18 au 21 septembre 2014), au même titre que son collègue de Shell, le représentant de Total en Russie avait fait clairement comprendre à ses interlocuteurs qu’il passait outre les sanctions imposées par l’Occident ; une posture inimaginable sans l’aval de Christophe de Margerie.
« Éminent homme d’affaires »
Au même moment, défiant Bruxelles, le groupe français confirmait son intention de continuer à travailler sur Yamal, le projet russe d’exploitation des gigantesques réserves de gaz naturel du nord-ouest de la Sibérie qui devra permettre au pays de doubler sa part sur marché mondial de l’offre ; montant de l’investissement : 27 milliards de dollars.
Le président russe Vladimir Poutine a adressé un message de condoléance au président français François Hollande. « Je vous prie de transmettre mes sincères condoléances à la famille et aux proches de M. de Margerie, éminent homme d’affaires, initiateur de plusieurs projets russo-français d’envergure qui ont contribué à la promotion de la coopération fructueuse entre la France et la Russie dans le domaine énergétique. La Russie a perdu, en la personne de Christophe de Margerie, un ami que nous n’oublierons jamais », avait notamment écrit Vladimir Poutine.
Selon la presse française, Philippe Boisseau directeur général de la branche marketing du groupe Total et Patrick Pouyanné responsable de la branche raffinage seraient pressentis pour succéder à Christophe de Margerie.
Dahmane Soudani
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