La découverte d’un charnier de plus de 400 corps humains près de Donetsk jette l’effroi sur la ville et la province du même nom. Des dépouilles avaient été mutilées et des organes prélevés et volés. La Garde nationale de Kiev est pointée du doigt.
Hier, la presse locale a annoncé la macabre découverte de plus de 400 corps humains dans deux fosses communes près de Donetsk –est de l’Ukraine- ; un constat effroyable conformé par Ainars Graudins, militant letton des droits de l’Homme, cité par le journal Rossiskaïa Gazeta. Selon le témoignage d’Ainars Graudins, les deux charniers ont été inspectés par un groupe d’observateurs européens dont il faisait partie.
Les victimes ont été enterrées à la hâte, sous une mince couche de terre.
Donetsk, ville martyr
Il y a seulement quelques jours, 40 corps de prisonniers de guerre issus de la milice et de civiles ont également été découverts près de la même ville.
Des cadavres ont été retrouvés sans certains de leurs organes. Lundi dernier, Madina Dzharbusynova, représentante spéciale de l’OSCE, n’a pas écarté l’hypothèse de prélèvement d’organes inférieure à des fins de trafic de l’humain.
Aujourd’hui, Human Right Watch (HWR) qui d’habitude bénéficie des bonnes grâce de la presse bien pensante, a demandé l’ouverture d’une enquête immédiate. « Nous devons commencer une enquête approfondie, impartiale et rapide y compris avec la participation des experts médico-légaux indépendants et impartiaux », a déclaré Rachel Denber, directrice adjointe de HRW en Europe.
Selon les leaders de la République populaire de Donetsk, l’implication de la Garde nationale de Kiev et Pravy Sektor, la milice ukrainienne d’extrême droite, dans ces crimes, ne fait aucun doute.
Les 400 corps découverts lundi ont été transférés à la morgue de la ville de Donetsk.
La presse fait la sourde oreille
Ces crimes ont été commis de sang froid au cœur de l’Europe dont les dirigeants ne ratent aucune occasion pour scander leur attachement aux droits de l’Homme ; dans une Europe où la liberté d’expression est censée être un fait acquis. Mais comment expliquer alors ce silence assourdissant des média de l’Union européenne sur de tels génocides ? Comment une presse peut-elle être crédible en restant muette devant des horreurs d’une telle nature ?
La cécité donne des leçons de clairvoyance.
En 2013 déjà, à l’occasion d’une mémorable conférence de presse organisée à l’Élysée, à une question sur l’opportunité d’une intervention militaire en Syrie, Vladimir Poutine avait répliqué : « Regardez l’Irak, la Libye, est-ce que c’est le bonheur là-bas ? Est-ce que ces pays sont en sécurité aujourd’hui ? Nous savions tous, que Kadhafi était un tyran, mais pourquoi n’écrivez-vous pas ce qui s’est passé après sa chute, à Syrte notamment ?
À ce jour, aucun reportage sérieux n’a été réalisé sur la tragédie de la ville natale de Mouammar Kadhafi. La presse bien pensante sait se taire et va jusqu’à faire écran quand il le faut. Le rédacteur en chef invisible veille ! Mais « La cécité donne des leçons de clairvoyance », disait Victor Hugo (1).
D. S.
(1) L’auteur de « La légende des siècles » disait aussi : « Mais pourquoi le peuple est ignorant ? Parce qu’il faut qu’il le soit. L’ignorance est gardienne de la vertu. Où il n’y a pas de perspectives, il n’y a pas d’ambitions ; l’ignorant est dans une nuit utile, qui supprimant le regard, supprime les convoitises. De là l’innocence. Qui lit pense, qui pense raisonne. Ne pas raisonner, c’est le devoir ; c’est aussi le bonheur. Ces vérités sont incontestables. La société est assise dessus ».
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