Désormais la formule controversée de Laurent Fabius est en opposition frontale avec la dernière résolution du Conseil de sécurité.
En décembre 2012, depuis Marrakech au Maroc, Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères s’était élevé contre la décision de Washington d’inscrire le Front An-Nosra sur la liste des organisations terroristes en arguant : « parce que sur le terrain, ils font du bon boulot ».
Aujourd’hui, il suffit de regarder dans le rétroviseur de l’histoire, avec la longue liste des crimes commis par cette organisation en Syrie et en Irak pour comprendre et réaliser ce qu’était et ce qu’est en réalité ce « bon boulot » avec en sus des atteintes avérées à la sécurité de l’État syrien –la Syrie aussi a le droit à la sécurité M. le ministre ! -.
Dernier crime en date exécuté par An-Nosra pour le compte de l’État Islamique d’Irak et du Levant (EIIL), le massacre, ces deux dernières semaines, d’une tribu de 700 personnes, près d’Alep en Syrie.
Depuis vendredi dernier, la mise d’An-Nosra au banc des accusés n’est plus l’affaire d’un seul pays, en l’occurrence les Etats-Unis, mais de la communauté internationale toute entière. En effet, à l’unanimité de ses 15 membres, le Conseil de sécurité a inscrit l’EIIL et An-Nosra sur la liste noire des organisations terroristes. L’instance onusienne est disposée par ailleurs à inscrire les individus, groupes, entreprises ou entités qui leur apportent leur appui sur la liste des acteurs visés par les mêmes sanctions qu’Al-Qaïda.
Des Saoudiens, des Koweitiens, un Syrien et un Algérien hors-la-loi
Séance tenante, le Conseil de sécurité a également inscrit sur cette même liste:
- Les Saoudiens Aldelrahman Mouhamad Zafir al Dabidi al Jahani –pourvoyeur en armes lourdes des groupes terroriste opérant en Syrie et Abdul Mohsen Abdallah Ibrahim al Charekh -responsable des opérations d’al Qaïda en Syrie- ;
- Les Koweitiens Hajjaj Bin Fahd Al Ajmi –pourvoyeur de fonds pour An-Nosra en contrepartie de la nomination de Koweitiens à la tête de cette organisation- et Hamid Hamad Hamid al-Ali. pourvoyeur d’armes et d’équipement pour An-Nosra et spécialiste de l’exfiltration des combattants de cette organisation ;
- L’Algérien Said Arif, un officier déserteur des services algériens de sécurité, arrêté en Syrie en 2003 et extradé vers la France où il était réclamé par la justice pour des attentats commis sur son territoire en 2002. Aujourd’hui l’Union européenne refuse son extradition vers l’Algérie. Saïd Arif est connu pour être le recruteur de combattants pour An-Nosra en France et dans les pays du Maghreb.
- Le Syrien Abou Mohamed al Adnani, porte-parole de l’EIIL
Le Conseil de sécurité demande à tous les pays membres de rechercher, d’arrêter et de traduire en justice ces individus.
La résolution de vendredi dernier a été adoptée sous le chapitre 7 de la Charte des Nations Unies ; ce qui signifie que dans un deuxième temps, le Conseil de sécurité et uniquement le Conseil de sécurité, peut autoriser l’usage de la force –articles 39 à 51-.
Cette résolution constitue également une mise en garde sérieuse à l’adresse des pays qui, à l’exemple des monarchies du Moyen-Orient, financent directement ou indirectement les organisations terroristes responsables d’un chaos sans précédent dans le monde arabe.
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