Selon l’agence de notation Moody’s, la baisse de l’investissement direct étranger et des recettes tirées du tourisme et se traduisent progressivement par une érosion des réserves de change du pays provoquant ainsi sa vulnérabilité extérieure.
Assassinat du parlementaire Mohamed Brahmi, six mois après celui de Chokri Bélaïd, embuscades meurtrières tendues à des unités de l’armée…, pour l’agence de notation Moody’s, « la dernière flambée de violence menace la reprise en Tunisie». La situation que traverse ce pays affecte « en particulier les recettes touristiques et les investissements directs étrangers (IDE). Sur une année, l’afflux de touristes s’est amélioré, au premier semestre 2013, mais reste encore de 10% en deçà de son niveau de 2010 », poursuit l’agence de notation. « Le meurtre de Bélaïd en février avait déjà affecté négativement les performances économiques de la Tunisie, le PIB du premier trimestre 2013 a connu une croissance de 2,7% par rapport à l’année précédente, mas avait enregistré une baisse de 0,3% point par rapport au quatrième trimestre 2012 », ajoute l’agence de notation. De son côté, l’investissement direct étranger a dévissé de 9,4% par rapport à la même période 2012.
Ces tendances ont fini par avoir des répercussions négatives sur les réserves de change du pays qui, « à fin juin, étaient en dessous de l’objectif de la banque centrale de 100 jours d’importations, montrant ainsi une augmentation de la vulnérabilité extérieure ». Les réserves étaient de 6 milliards de dollars contre près de 11 milliards en juin 2010.
Vers un gouvernement d’union nationale dirigé par une personnalité indépendante
Et l’agence de notation de souligner : « La politique d’inertie potentielle engendrée par les négociations pour un nouveau gouvernement et les
retards de mise en place du programme de réformes tel que défini par un récent accord avec le Fonds monétaire international, sont susceptibles de réduire la confiance des investisseurs ».
« Nous voyons peu de chances pour l’actuel gouvernement de transition, dirigé par le parti des islamistes modérés d’Ennahda, de survivre, dans sa forme actuelle. Ennahda est confronté à des critiques pour avoir été trop lent à traquer les éléments radicaux, et Ettakatol, jeune membre de coalition laïque d’Ennahda, a appelé le gouvernement conduit par Ennahda à démissionner. Le puissant syndicat UGTT a également appelé le gouvernement à démissionner (…) », souligne l’agence de notation qui pronostique la formation prochaine d’un gouvernement d’union nationale, dirigé par une personnalité indépendante et le maintien de l’assemblée nationale constituante.
En tout cas, Moody’s ne croit pas à un scénario à l’égyptienne. Et pour cause, la Tunisie dispose d’une expérience de dialogue entre islamistes modérés et opposants laïques et contrairement à Mohamed Morsi en Egypte, Ennahda a su faire des compromis pour traverser les phases difficiles.
Dahmane Soudani
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