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Moyen-Orient. Le roi Abdallah a-t-il franchi le Rubicon ?

Ritter : C’est la fin du roi Abdallah (c.écran-DR)

Le député anglais voulait connaitre les raisons qui ont poussé « le roi parlant l’arabe avec un accent anglais » à soutenir militairement, Israël, lors des représailles iraniennes du 14 avril dernier. « Je l’appelle le dirigeant le moins arabe du monde arabe », commence par confier l’ancien officier américain avant d’ajouter : « Comme il l’a (lui-même) souligné, ses racines, son idéologie et son état d’esprit sont très britanniques. Il n’est pas issu de la rue arabe. Il est tellement éloigné de la réalité de son peuple et il est tellement dépendant d’Israël, et j’ai mis Israël d’abord, puis les États-Unis et l’Europe, pour la poursuite de sa survie en tant que leader ».  

À bien écouter Scott Ritter, le roi Abdallah a ouvertement et toute connaissance de cause trahi et souillé la lignée de Hachem Ibn Abd Manaf, l’arrière-grand-père du prophète Mohamed, mort en 510, dont se revendiquent les Hachémites. « Sa trahison de la cause palestinienne est évidente pour tous et maintenant sa trahison du monde arabe et du monde musulman est avérée », soutient-il. « Dans le monde arabe, la chose la plus dangereuse pour le roi Hachémite de Jordanie est en train de se produire. C’est que le peuple palestinien a maintenant une voie vers un État. L’État palestinien est peut-être la plus grande menace pour cette entité artificielle appelée royaume de Jordanie. Parce qu’il n’est pas jordanien. Il est une transplantation saoudienne » rappelle l’’ancien officier américain.

Et Scott Ritter de conclure : « Je pense qu’il est, peut-être, le dernier roi hachémite de Jordanie. Je ne lui souhaite pas le sort du dernier roi hachémite d’Irak (NDLR. Fayçal II) (1), mais je crois qu’il est temps pour le roi de Jordanie de prendre sa famille et sa suite, de s’envoler pour Londres et de vivre dans le monde auquel il appartient réellement, parmi les Anglais qu’il adore tellement. Il est vilipendé et détesté par son peuple et maintenant parmi tout le monde arabe et musulman. Il est un traitre à la cause du peuple palestinien. »

G. Galloway parle du « le roi arabe anglophone » (c. écran-DR)

Rappelons que les manipulations et les manigances anglaises, notamment celles orchestrées par Thomas Edward Lawrence -plus connu sous le sobriquet de Lawrence d’Arabie, en fais un véritable virus mortel pour la région-  et le général Edmund Henry Hynman Allenby ont réussi à éloigner les leaders la dynastie des Banou Hachem -de la lignée de Hachem Ibn Abd Manaf- qui régnait sur le Hidjaz depuis plus d’un millénaire et à leur substituer les Ibn Saoud, drainés à bout de bras, depuis centre de la péninsule arabique (2).

Les trahisons actuelles remontent à la destructuration du Hidjaz (c. écran-DR)

Les accords franco-britanniques Sykes-Picot de remodelage impérialiste du Moyen-Orient, signés secrètement le 16 mai 1916, entérinent ce remplacement en plus d’un découpage frontalier très arbitraire (démembrement de la Syrie et de l’Irak, deux pays dont le tissu social était, à l’époque, déjà, bien structuré). L’extirpation par la ruse la plus malicieuse d’un pouvoir bien ancré dans la société hidjazienne et son remplacement par un corps étranger, des bédouins qui n’avaient aucune culture de la cité, n’est pas le seul cas de ce genre à porter à l’actif du Royaume-Uni Tant s’en faut ! Partout au Moyen-Orient, le régime de Londres a placé au pouvoir des pirates et des brigands en lieu et place de maisons dynastiques séculaires, rodées à la gestion de la vie publique. Le but de la manœuvre est évident : tenir les gouvernants ainsi transplantés et leurs héritiers en laisse.

La recette de domination anglaise est connue. Au Moyen-Orient, elle se décline comme selon les axes suivants :

  • déépecer les pays pour les empêcher d’avoir une configuration et/ou position géostratégique fiable ;
  • implanter des pouvoirs artificiels, sans ancrage et sans traditions de gestion publique et autant que possible avec un passé délictueux pour mieux les tenir ;
  •  déporter des pouvoirs authentiques afin d’aboutir à leur extinction ou à leur dépravation pour les priver de toute forme de légitimité ;  
  • s’attaquer en priorité aux sociétés ayant un tissu social plus affermi.

Sur le premier et le quatrième points, la France rivalise en inventivité avec le Royaume-Uni.

Dahmane SOUDANI

(1). Fayçal II est le fils de Ghazi al-Hachimi  (1912-1939) et petit-fils de Fayçal al-Hachimi 1er (1885-1933), premier roi hachémite d’Irak, de 1921 à 1933, imposé par les Anglais, lui-même fils de Hussein ben Ali al-Hashimi (1853-1931) Chérif de la Mecque jusqu’en 1924 et roi du Hidjaz de 1916 à 1924, date de son exil sur la base d’une ruse anglaise. Fayçal II et son entourage furent tués le 14 juillet 1958, suite à la révolution dirigée par le général Abdul-Karim Qasim, lui-même exécuté le 9 février 1963.  Déjà sous Fayçal 1er, l’Irak avait obtenu, en 1932, une autonomie dite « pleine et entière », mais ce pays n’accède réellement à l’indépendance qu’à l’issue du coup d’État du Général Qasim, en 1958.

(2). En 1916, Pour éloigner la dynastie Hachémite du Hidjaz, les Anglais, soutenus par les Français, les ont poussés à se soulever contre les Ottomans en leur faisant miroiter le Royaume arabe de Syrie (RAS) qui englobe la Syrie actuelle, le Liban et la Jordanie. En 1916, l’Empire ottoman s’effondre et en 1920, Fayçal 1er, le troisième enfant de Hussein ben Ali al-Hashimi est installé à Damas à la tête du RAS et son père devient roi du Hidjaz. Mais les Anglais qui ne voulaient d’un pouvoir avec une assise solide, trahissent les Hachémites en aidant les Ibn Saoud à prendre le pouvoir. Ces derniers prennent la Mecque en 1925 et mettent fin à mille ans de chérifat hachémite.

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