Selon les militaires au pouvoir depuis le 26 juillet dernier, des préparatifs sont en cours pour attaquer le Niger. L’Algérie rejette « complètement et catégoriquement » une telle intervention.
Ce Dimanche, Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), issu du coup d’État du 26 juillet dernier, a annoncé la fermeture avec effet immédiat, de l’espace aérien du pays, « à tous les aéronefs jusqu’à nouvel ordre ». Dans le même communiqué, les militaires préviennent que « Toute tentative de violation de l’espace aérien national fera l’objet d’une riposte énergique et instantanée ». Cette mesure fait suite « à la menace d’intervention à travers la préparation d’un pays voisin ».
« La CEDEAO était juste un quitus »
Auparavant, le communiqué N°22, du CNSP avait fait état d’un pré-déploiement de force devant participer à cette guerre (…) entamé dans deux pays de l’Afrique centrale » Et le CNSP d’ajouter : « Le CNSP suit avec attention les préparatifs de cette guerre par procuration pour laquelle le mandat de la CEDEAO était juste un quitus nécessaire. Le CNSP prend à témoin l’opinion nationale et internationale et affirme que tout État à partir duquel une action militaire est dirigée contre le Niger sera considéré comme co-belligérant ».
Dans le 3e communiqué de la journée le Conseil « met en garde la CEDEAO à la solde d’une (de cette) puissance étrangère contre toute ingérence dans les affaires intérieures du Niger ainsi que les conséquences désastreuses de cette aventure militaire sur la sécurité de notre sous-région, sa stabilité et l’unité de notre communauté » et appelle les jeunes à se tenir prêts pour défendre le pays.
Les gisements d’or et d’uranium en ligne de mire ?
À en juger par le contenu de ces trois communiqués le spectre d’une intervention de forces combinées de la CEDEAO s’éloigne et que certains pays membres changent de fusil d’épaule pour faciliter des opérations menées par une puissance étrangère à l’Afrique. Un séisme pour les populations africaines ! Si ce scénario se confirmait l’objectif pourrait être la prise de contrôle des gisements d’or et d’uranium.
Le Nigéria qui devait constituer la principale force de la CEDEAO est confronté à un rejet du sénat, à des réticences au sein de l’armée et sur un autre plan à un puissant mouvement social. Il semblerait, en outre, que la province du Biafra (13,5 millions d’habitants et un passé tumultueux) serait, par ailleurs, opposée à la participation du Nigéria à une coalition militaire dirigée contre le Niger. À ce tableau déjà dissuasif s’ajoute la menace constante du groupe terroriste Boko Haram.
Sous une pression populaire sans précédent, catégoriquement opposée à toute guerre entre Africains, les autres pays de la CEDEAO -dont fait d’ailleurs partie le Niger au même titre que Mali et le Burkina Faso-, traînent les pieds.
À présent, il y a une opinion africaine très mature et il faudra bien faire avec.
Les opposants à la guerre, plus déterminés
En face, la détermination semble être plus marquée. Récemment, le Mali et le Burkina Faso ont adopté une position sans équivoque en déclarant que toute agression menée contre le Niger sera considérée, par les deux pays comme une déclaration de guerre.
Par ailleurs, échaudée par l’instabilité générée en Libye suite à sa destruction par les pays occidentaux, par la voix de son président, l’Algérie considère toute intervention militaire au Niger comme « une menace directe pour l’Algérie ». « Nous rejetons complètement et catégoriquement toute intervention militaire », martèle le président Abdelmadjid Tebboune avant de poursuivre : Regardez où se trouvent aujourd’hui les pays qui ont subi des interventions militaires. Les problèmes y persistent et y sont enracinés. Regardez du côté, de la Libye, du côté de la Syrie… L’intervention militaire ne résout aucun problème ».
Rappelons que l’Algérie partage environ un millier de km de frontière avec le Niger et elle n’acceptera jamais que ce voisin soit transformé en aspirateur pour les groupes terroristes.
La jubilation criminelle de certains médias
Ce qui se passe au Niger est un problème interne au pays. Il n’y a aucune justice et aucune humanité pour un pays militairement plus fort de rouler les mécaniques et de prendre la décision arbitraire d’envahir ou de bombarder un autre pays qui plus est, ne constitue aucune menace et qui se trouve à des milliers de km, avec les conséquences dramatiques que cela implique. La démocratie et l’ordre constitutionnel ne sont qu’une tromperie. Depuis Hamani Diori combien y a-t-il eu de coups d’État au Niger et avec quel appui ? Qui a poussé au soulèvement des Touaregs contre le président démocratiquement élu Mamadou Tandja. Hors du Niger qui était vraiment Omar Bongo et qui l’avait installé au pouvoir ?
En Afrique et ailleurs la liste de telles forfaitures est longue et elle n’est pas à porter à l’actif de ceux qu’on a pour habitude de désigner du doigt. Loin s’en faut !
Dans tous les cas, les africains ne veulent pas d’une démocratie de façade. Ils aspirent à une démocratie assise sur une souveraineté réelle, de fait au service des intérêts supérieurs de chaque pays. Pour ceux qui sont tentés par une gymnastique cérébrale stérile, documentez-vous sur le sort réservé à Hachem al-Atassi, le premier président syrien élu, en novembre 1938. Vous avez là une illustration éclatante de l’impasse d’une « démocratie » sans souveraineté. D’aucuns vont sortir le faux joker du contexte. Ce qui est une pure imposture grossière, car dans le Niger d’aujourd’hui comme dans la Syrie des années 1930, on a voulu et on veut privilégier le moule sur le contenu. C’est ce principe de base qu’il faut avoir constamment en tête. Ceux qui, aujourd’hui, veulent vendre aux africains un décor de démocratie sont les véritables ennemis de la démocratie, car la participation des citoyens à la décision politique à travers des représentants élus, entraînera de facto la fin du pillage des ressources des pays africains et la destruction de leur environnement.
Une guerre ce sont des souffrances, des atrocités, des disparitions, des mutilés, des orphelins, des veuves, de la famine, des dispersions de familles et des déplacements de populations… De façon cynique certains médias la célèbrent, malheureusement comme un évènement excitant à même de faire exploser l’audimat. C’est une attitude qui s’assimile à l’apologie du crime portée de ceux qui sont censés vivre de la liberté d’expression.
Dahmane SOUDANI


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