Si le conflit ukrainien s’étendait au reste de l’Europe, le Vieux continent pourrait être confronté à « un massacre terrifiant».
L’avertissement livré aux média russes est de Mikhaïl Gorbatchev qui vient d’achever la rédaction d’un ouvrage intitulé « Après le Kremlin ». « Si notre pays y intervient, cela peut déclencher un feu que personne, dans le monde, ne pourra éteindre », ajoute l’ex-président de l’URSS. C’est l’Europe qui risque de payer le prix fort d’une confrontation plus élargie, pourtant, selon le père de la Perestroïka, il n’y a qu’une seule issue crédible à la crise ukrainienne : un dialogue direct entre Moscou et Washington.
Sortir les populations des « pièges à rats »
Même en restant circonscrit, le conflit ukrainien est déjà à l’origine d’atrocités insupportables. En août dernier, les Nations Unies avaient estimé à 2 500 le nombre de personnes tuées. «Nous devrions tout mettre en œuvre pour mettre fin aux massacres. C’est une seule nation. Si d’autres pays s’investissent, que l’intensité croît, nous pouvons déclencher le pire massacre en Europe. Nous ne devons pas le permettre », a martelé l’ancien locataire du Kremlin avant d’ajouter : « Notre proposition consistait à ouvrir des passages et à sortir les populations de ces pièges à rats. Certains sont assis dans des bureaux bien chauffés et parlent. Regardez ce qui, au même instant, arrive aux populations, aux enfants et aux femmes ! Ils bombardent des maternités, des écoles, ils détruisent des hôpitaux».
Dans la préface de sont ouvrage, Mikhaïl Gorbatchev explique que ce qui se passe actuellement en Ukraine est la conséquence de la Perestroïka et « la dissolution opportuniste de l’URSS » qu’il impute à l’administration de l’époque. Mais l’Ukraine était déjà au centre des intrigues. « Devrais-je rappeler qu’au même moment, les dirigeants ukrainiens sabotaient les processus de transformation de l’Union, à la fois avant le coup d’état d’août 1991 et après celui-ci, en dépit du fait que la majorité des républiques avaient coordonné le texte du traité de l’Union (…) Je me suis battu pour préserver un état unifié avec tous les outils politiques disponibles et j’avais proposé à Kiev de discuter des opportunités de créer une union économique (…) Pendant les discussions nous pouvions résoudre tous les problèmes, y compris ceux liés aux statuts de la ville de Sébastopol et de la péninsule de Crimée », détaille l’ancien président de l’URSS avant de poursuivre : « Ils ne tinrent pas compte des suggestions et des mises en garde. Oubliant que l’on devait être aussi prudent que possible dans les relations entre les nations et, sans évaluer toutes les conséquences de chaque étape mise en place, le Conseil Suprême de la Fédération de Russie approuva la destruction de l’Union ».
Bruits de bottes
L’avertissement de Mikhaïl Gorbatchev n’est pas démuni de fondement. Ce mercredi, en parlant de l’Europe, Serguei Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères a déclaré « je suis convaincu que le point de non-retour dans nos relations n’a pas encore été atteint. Nous espérons que le filet de sécurité, que nous avons créé avec les années, s’avérera suffisamment résistant pour que nous puisons rétablir le statu quo d’avant le conflit et avancer vers l’avant ».
Le même jour, l’armée russe annonce la mise en service d’une nouvelle base stratégique aérienne dans l’archipel arctique de la Nouvelle-Zemble, rendant caduques et contreproductifs les tentatives d’encerclement de la Russie sur son flanc ouest. La Nouvelle-Zemble est un lieu hautement symbolique de l’histoire militaire de Moscou. Le 30 octobre 1961, l’URSS a y réalisé l’explosion aérienne de Tsar Bomba, la plus puissante déflagration nucléaire jamais enregistrée (50 à 57 mégatonnes, selon les estimations).
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