Le secrétaire général des Nations Unies presse le président Assad de ne pas briguer un nouveau mandat.
La Syrie envisage d’organiser les élections présidentielles en début d’été, probablement en juin ou en juillet. L’information a été livrée, hier, vendredi, par son représentant permanent à l’ONU. De son côté Ban Ki-moon, le Secrétaire général des Nations Unies vient d’annoncer qu’il enverrai, demain dimanche, à Téhéran, son médiateur, l’Algérien Lakhdar Brahimi, pour des pourparlers avec les autorités iraniennes.
Les élections peuvent représenter une sortie de crise qui ouvre la voie à la réconciliation nationale, épargnant ainsi au peuple syrien des atrocités et des violences, rarement égalées dans l’histoire contemporaine. Mais pour le Secrétaire général de l’ONU, là n’est pas la priorité. L’Iran peut « exercer des pressions sur le régime syrien pour venir à la conférence de Genève d’une manière plus constructive (…). C’est pourquoi il est important que Lakhdar Brahimi se rende en Iran », explique Ban Ki-moon en insistant sur les exigences de qu’on appelle « les rebelles ».
Interrogé par les journalistes sur son éventuel souhait de voir l’élection présidentielle reportée le Secrétaire général a indiqué qu’il était de la compétence d’un pays souverain de programmer des élections, mais il a soutenu que cela rend difficiles des négociations dont le but principal est discuter de la mise en place d’un gouvernement de transition. Et Ban Ki-moon d’ajouter qu’il est tout aussi important de savoir si le président Bachar al-Assad se représente ou pas. « Si et lorsque le président Assad devenait candidat, il serait alors très difficile d’aller de l’avant dans le processus de paix de Genève », détaille le Secrétaire général des Nations Unies.
La logique du rapport de force contre la volonté populaire
Dès lors, la mission de Lakhdar Brahimi est, on ne peut plus claire. Il s’agit ni plus, ni moins que de demander aux Iraniens de faire pression sur Bachar al-Assad pour qu’il ne brigue pas un nouveau mandat. Au nom de quoi ? Une exigence de droit divin inspirée par les donneurs de leçon en matière de démocratie !
La vérité, c’est que des sondages réalisés par des instituts étrangers montrent que s’il se représentait, le président Assad remporterait facilement les élections. Ce n’est pas une nouveauté, les dirigeants iraniens ont été mis au parfum de ces tendances lors de la dernière assemblée générale des Nations Unies.
En fait nous avons affaire à deux logiques pour le moins inconciliables, marquées par une ligne de rupture. La première consiste à imposer à la Syrie un agenda élaboré à l’extérieur ; ce qui ferait de ce pays une nation à souveraineté limitée. La seconde est celle qui consiste à permettre au peuple syrien d’exprimer librement sa volonté à travers les urnes, selon les standards mondialement reconnus. C’est la volonté du peuple syrien face aux diktats imposés de l’extérieur, à la logique du rapport de force. À ce titre, en dehors de la justice syrienne, nul n’est en droit de dire si tel ou tel citoyen de ce pays peut ou ne peut pas participer à un scrutin. L’ingérence débridée dans les affaires intérieures d’un pays est toute aussi désastreuse que les gouvernances dictatoriales. Pour les mémoires courtes frappées d’amnésie sélective, le drame libyen en est la preuve irréfutable.


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