À Montréal, des manifestants scandent leur colère contre la grâce insensée, accordée au pédophile espagnol Daniel Galvan Fina.
Les effets de l’affaire Daniel Galvan Fina, du nom du pédophile espagnol, dernièrement gracié par le roi Mohamed VI, dépassent désormais les frontières du royaume. Ce scandale, baptisé Danielgate sur les réseaux sociaux, provoque des remous jusqu’au Canada où quelque dizaines de personnes, essentiellement des Marocains, ont manifesté, samedi dernier, devant l’ambassade du Maroc à Montréal. « Non à la grâce aux pédophiles, nous revendiquons une justice indépendante au Maroc », peut-on lire sur la banderole de tête estampillée Démocrates marocains du Canada (DMC). «Penses au mal que tu fais à mon enfant », « Assez d’excuses, présentes des excuses », « Gracier un pédophile=vendre nos enfants », peut-on relever sur certaines des pancartes portées par les manifestants.
« On sent la honte »
« On dit simplement indépendance de la justice, parce que le roi se mêle de notre justice et il peut libérer celui qu’il veut, quand il veut, sans aucune restriction », s’insurge Driss El Rhaïb de DMC, au micro de Radio Canada. « C’est un exemple parmi tant d’autres malheureusement, il y a beaucoup de Daniel Galvan, il y a beaucoup de violeurs, beaucoup de pédophiles, il y a beaucoup d’injustice dans ce pays », enchaine une jeune femme.
Portant sa fillette dans ses bras, un père de famille décrit la détresse de tout un peuple et la douleur provoquée par de telle décision. « Il ne faut pas gracier comme ça, c’est injuste envers les victimes, c’est injuste envers les enfants, envers les familles, envers tout un peuple. On sent la honte, plus qu’autre chose. Nous sommes indignés, nous sommes en colère », déplore-t-il.
Le droit au droit
À la demande de Juan Carlos, roi d’Espagne, lors de sa récente visite au Maroc, Mohamed VI a gracié 47 détenus espagnols dont le pédophile Daniel

Au Maroc, il y a urgence à protéger les enfants contre les prédateurs sexuels (photo d’écran RDI DR)
Galvan Fina, la soixantaine. Or cet individu qui purgeait une peine de 30 ans de prison, s’était rendu coupable de 11 viols sur mineurs.
Suite à la vague d’indignation généralisée provoqué par le geste du palais royal, malgré une répression féroce, Mohamed VI a fait marche arrière, dimanche dernier, en prétextant qu’il n’avait pas toutes les informations sur les délits commis par Daniel Galvan Fina qui entre temps avait rejoint l’Espagne. La crédibilité du souverain prend un coup et à ses dépens, il réalise que le fait du prince a fait son temps. Les Marocains revendiquent haut et fort qu’ils ne sont plus des sujets, mais des citoyens à part entière et que la revendication de leur droit au droit ne peut plus être considérée comme un crime de lèse-majesté.
Ce coup de semonce est salutaire pour la protection des enfants au Maroc. En effet, selon plusieurs sources, chaque année, quelque 26 000 enfants sont victimes d’actes de pédophilie. Il n’est pas exclu que la colère des citoyens de ce pays, à défaut d’ébranler la monarchie, fasse évoluer les dossiers de quelques gros poissons qui pratiquent ou qui ont pratiqué, en toute impunité, le tourisme sexuel.
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