Selon l’agence de notation Moody’s, la récente démission de Hamadi Jabali, Premier ministre tunisien augmente le risque d’inertie de la politique économique du pays déjà classé Baa3 négatif.
Cette tendance est aggravée par « l’incertitude politique en Tunisie, qui fait suite à des semaines de troubles sociaux et politiques », incertitude qui « va probablement retarder l’adoption de la constitution et les élections à venir, ce qui est susceptible d’entraver la mise en œuvre des réformes économiques nécessaires et de conduire à l’aggravation de mesures fiscales », expliquent les experts de l’agence qui considèrent qu’il « s’agit de la plus grave crise politique en Tunisie depuis 2011 qui à son tour va prolonger la transition vers un gouvernement démocratique ».
Autre élément aggravant, « la nomination de M. Larayedh a suscité réactions des représentants de partis d’opposition, dont certains ont critiqué le ministère de l’Intérieur qu’il a dirigé, tout en étant hésitant ou incapable de faire face à la violence islamiste contre les militants des Droits de l’Homme ». Selon Moody’s, la solution à « l’impasse politique » actuelle consiste à « redynamiser le rythme de la transition démocratique ». Un nouveau départ qui conduirait à une relance économique progressive, notamment en boostant le tourisme et l’investissement direct étranger (IDE). Après avoir chuté de 25% en 2011, à 1,918 milliards de dollars, l’IDE a augmenté de 85% en 2012 dépassant ainsi son niveau de 2010. À 2,031 milliards de dollars, les recettes touristiques ont augmenté de 30% (soit 4,5% du PIB), mais elles sont restées de 10% inférieures à leur niveau d’avant la crise de 2011.
Des signes d’espoir
« La perspective négative de la Tunisie est sous-tendue par l’incertitude liée à la révolution 2011, qui a placé la situation politique et sociale du pays dans un état de fragilité. Comme nous l’avons mentionné précédemment, 16 événements politiques risquent, avant l’élection 2013, de menacer une transition en douceur. En effet, instables et/ou immatures les institutions politiques augmentent souvent les risques de comportements imprévisibles dans les moments de tension ».
Cela dit, Moody’s y voit malgré tout des signes d’espoir. Même si la dette publique a atteint 46% du PIB en 2012 en hausse de 40,8% par rapport à son niveau de 2010 et devra culminer à 49% du PIB en 2013, l’agence de notation estime que la dégradation financière reste limitée. Il y a une semaine, Tunis a remboursé 330 millions de dollars d’obligations arrivant à échéance et le respect du calendrier de remboursement de la dette limite les risques de refinancement.
Autres éléments d’espoir, le pays continue à recevoir le soutien de la communauté internationale en matière d’assistance technique et financière et les récents développements n’ont pas empêché (…) les discussions avec le FMI sur la possibilité d’une interventions du Fonds –actuellement en stand-by-, d’un montant de 1,78 milliard de dollars.
Dahmane Soudani


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