Après l’orage des recettes animé par les tensions autour de la fiscalité, le ciel de la Maison-Blanche s’obscurcit de nouveau par des agitations autour des dépenses publiques.
Aux Etats-Unis, le plafond de la dette publique a été fixé à 16,4 billions de dollars depuis janvier 2012. Face au risque d’assèchement des ressources, sa réévaluation devient incontournable. Mais les Républicains posent comme condition préalable la réduction des dépenses. Barak Obama n’est opposé à un débat sur le déficit budgétaire, mais il entend clairement dissocier cette question de la négociation sur l’augmentation du niveau de la dette. Et le président américain ne mâche pas ses mots. Il accuse ses adversaires républicains d’avoir déjà tenu en otage l’économie américaine, lors du débat de fin d’année sur la politique fiscale. Une situation dont Barak Obama veut éviter la réédition à l’occasion des discussions sur les autres volets budgétaires. Au cours d’une conférence de presse, tenue ce lundi à la Maison-Blanche, il a promis qu’il ne négociera pas la réduction des dépenses publiques voulues par John Boehner –porte-parole des Républicains au Congress- et ses amis, en contrepartie de la réévaluation du niveau de l’emprunt public.
« Un pistolet sur la tempe du peuple américain »
« Ce que je ne ferai pas, c’est d’avoir cette négociation avec un pistolet sur la tempe du peuple américain », promet le président Obama. Et la métaphore n’est pas excessive. Les Etats-Unis risquent d’être en défaut de paiement si la Chambre des représentants -Congress- dominée par les Républicains rejettent le relèvement du niveau de la dette publique. Une conséquence grave que le président Obama demande à ses adversaires d’assumer. «Ils peuvent agir de façon responsable, et payer les factures de l’Amérique ou ils peuvent agir de façon irresponsable, et conduire l’Amérique à une autre crise économique (…).Mais ils n’obtiendront pas de rançon en échange d’éviter à l’économie américaine de s’effondrer », martèle le locataire de la Maison-Blanche.
De l’autre côté, de Mitch McConnell, leader républicain au Sénat à John Boehner, on n’est pas à court de munition. Le premier appelle au « sérieux »
pour prendre en charge à la fois la question des dépenses et celle du plafond de la dette. « Le peuple américain ne prend pas en charge le relèvement du plafond de la dette sans réduire les dépenses du gouvernement en même temps», assène, pour sa part, John Boehner.
« Nous ne serions pas en mesure de payer nos troupes »
À la guerre comme à la guerre, Barak Obama rappelle, à ses adversaires, que les Américains l’ont élu en novembre dernier, en partie, en raison de son approche des questions budgétaires. « Si, au Congress, les républicains refusent d’autoriser le payement des factures de l’Amérique à temps, les chèques de la Sécurité sociale et les prestations aux anciens combattants seraient retardés. Nous ne serions pas en mesure de payer nos troupes, ou d’honorer nos contrats avec les dirigeants des petites entreprises. Les inspecteurs du contrôle alimentaire, les contrôleurs de la navigation aérienne, les spécialistes de détection des matières radioactives n’obtiendraient pas leurs salaires …», avertit Barak Obama. La département du Trésor emboite le pas à la Maison-Blanche en soutenant, le même jour, que les États unis seraient à court de moyens si le plafond de la dette n’est pas relevé d’ici mi février-début mars.
En 2012, selon plusieurs sources, en bloquant les rallonges budgétaires, les Républicains avaient contraint les services publics américains à effectuer des commandes à vu –court terme- très couteuses et hautement budgétivores.
Dahmane Soudani
Repères
La dette américaine. Comment ça marche ?
– Plafond de la dette publique fixé à 16,4 billions de dollars depuis janvier 2012.
– Pour financer la dette publique, le Trésor américain émet des bons. Il y en a plusieurs types. Mais le point commun entre ces titres, c’est qu’ils rapportent des intérêts à des taux fixes et constituent un prêt au Trésor, donc gouvernement américain.
– En règle générale, ces bons sont achetés par des particuliers, des banques privées nationales ou des pays étrangers en tant qu’investissements garantis par l’État américain.
– La dette publique est constituée de l’ensemble des emprunts réalisés par le gouvernement américains auprès de ces créanciers détenteurs des bons du Trésor
– Environ près de la moitié de la dette publique américaine (47%) est due à des investisseurs étrangers et les banques centrales d’autres pays.
– En 2010, les plus grands créanciers des États-Unis étaient la Chine (1,1 billions de dollars), le Japons (800 milliards de dollars), les pays du Moyen-Orient (173 milliards de dollars), la Russie (168 milliards de dollars), le Brésil (164 milliards de dollars) et Taïwan (152 milliards de dollars).
– La deuxième portion de la dette qui en représente un gros tiers (36%), est détenue par les investisseurs nationaux (particuliers et banques privées).
– Également national, le reste de la dette est détenue par la Réserve fédérale américaine –institution indépendante du gouvernement- à hauteur de 9% et les États de la fédération (8%).
– En dépits des affirmations de leurs détracteurs, en 2010, la Sécurité sociale, les fonds de Retraite, Services civil et handicap, les fonds de retraite et santé dédiés aux militaires, et le fonds de santé pour les séniors, figuraient parmi les comptes fédéraux les plus sollicités pour renflouer les caisses de la nation.
– Le budget 2013 prévoit le remboursement de 247,72 milliards de dollars sous forme d’intérêts de la dette (6,76% des dépenses).
– En 2013, le déficit devra se situer autour de 5,5% du PIB (soit 901 milliards de dollars) contre 8,5% en 2012. L’objectif est de ramené ce taux à 2,8% d’ici 2018.




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