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Les crapauds de Willimantic. Battle of the Frogs

Mais pourquoi donc ces amphibiens sont-ils, si vénérés au point d’avoir des représentations qui leur sont dédiées au centre de la petite cité du Nord-Est de l’État du Connecticut (Nord-Est des Etats-Unis), en particulier sur son célèbre Willimantic Bridge, devenu par la force des choses The Frog Bridge ?

L’histoire, sans doute un peu remodelée au fil du temps, est relaté comme suit : Composée d’environ un millier d’âmes, aux alentours de 1750, la population de Windham dont fait partie Willimantic vivait dans la crainte constante d’attaques d’Indiens et des Français. Une crainte d’autant plus fondée qu’un projet de colonisation d’un territoire dit vallée de Susquehanna irritait fortement certaines tribus indiennes. Un incident qui aurait pu être banal, allait étaler, au grand jour, cette angoisse collective.

ImagePhoto DS

Par une chaude et obscure nuit d’été, les braves gens de cette cité de la Nouvelle Angleterre furent extirpés de leur sommeil par des salves de cris qui, jusque là, leur étaient complètement étrangers. Sur une sorte d’autosuggestion collective, ils avaient alors conclu à des cris de guerre, lancés par des indiens, en vue d’une attaque imminente. L’alerte fut immédiatement donnée. Un mouvement de panique généralisé s’empara alors de la cité. Les villageois couraient dans tous les sens, les enfants pleuraient, les femmes criaient… Fusils, fourches, couteaux, épées, machettes…, dans un élan d’autodéfense, les hommes s’emparaient de tout ce qui était à portée de main.

Résignés à considérer qu’il s’agissait du Jour du Jugement dernier, certains des habitants s’agenouillèrent pour prier jusqu’à ce que, selon David E. Philips –in Legendary Connecticut-, un sage vieil homme de couleur leur expliqua que le Jour du Jugement dernier ne peut pas se produire la nuit.

ImagePhoto DS

Enfin, surpassant leur peur, les plus valeureux des villageois se dirigèrent alors vers le lieu d’où semblaient venir les terrifiantes clameurs pour tirer des salves entières jusqu’à épuisement de leurs réserves de poudre, en vain.

Au fur et à mesure que l’obscurité nocturne laissait place aux premières lueurs matinales, l’effrayant vacarme s’estompait, pour, disparaître enfin dans le décor des inconnus.

Et c’est au lever du jour que les martyrisés d’une nuit de Windham découvrent le pot aux roses : un étang quasiment asséché et dont il ne subsistait que quelques flaques entourés de dizaines de ouaouarons (nom donné par les Iroquois aux bullfrogs ou grenouilles mugissantes), éventrés, suite à une guerre intestines d’une férocité exceptionnelle -selon la version dominante-.

Comme les « chevaux qu’effrayait le coassement d’une multitude de grenouilles » immortalisés par Chateaubriand, l’embarras des habitants de Windham est pour toujours gravé dans le marbre de leur cité. Au fil du temps, la gêne a cédé la place à un épisode complètement assumé, voire revendiqué. Aujourd’hui, l’ouaouaron est devenu le symbole de la Ville.

Dahmane Soudani

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