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Représailles iraniennes du 14 avril : Un test en guise d’avertissement

La base Nevatim touchée par 5 missiles (c. écran-DR)

Hormis les missiles qui ont visé le centre de renseignement du Mont Hermon, dans la Golan syrien occupé et les bases aériennes de Nevatim, dans le désert du Néguev et Ramon le long de la frontière avec le Sinaï, non loin de la base aérienne égyptienne d’Eitam, l’Iran n’a, selon toute vraisemblance, envoyé vers la Palestine occupée que du matériel obsolète et en fin de parcours, de la ferraille volante. Le but de la manœuvre est simple. Il s’agit pour l’Iran de localiser les concentrations des moyens de défense anti-aérienne israélienne, d’observer et de caractériser leurs réactions, mais également de savoir quelles sont les autres parties qui vont réagir pour soutenir militairement Israël. À ce propos, les frappes contre la base aérienne de Ramon visaient peut-être à connaitre avec précision la réaction de l’Égypte, pays dont les positions sont, pour le moins, illisibles.

Aujourd’hui, Téhéran sait avec minutie qu’en cas de nouveaux raids contre Israël qui va réagir et comment Tel Aviv et ses protecteurs vont riposter aux engins volants iraniens. Tout porte, donc à croire qu’en cas de réplique avérée d’Israël, l’Iran va, de nouveau, frapper. Mais on ne sait pas si la République islamique va se contenter d’éviter les interceptions, américaines, anglaises, françaises et jordaniennes et frapper directement Israël ou si elle va nettoyer la totalité du terrain en considérant que les interceptions de ses aéronefs, lors de la première attaque, par des forces étrangères à la région étaient des actes de guerre.

Le centre de renseignement du Mont Hermon détruit par les Iraniens (c. écran-DR)

Cela dit, aujourd’hui, à moins d’être forcé, l’Iran ne veut pas aller plus loin. Téhéran ne veut pas faire supporter à son économie le lourd fardeau d’une guerre évitable. Elle ne veut pas non plus noyer la question palestinienne dans un conflit régional majeur. Ce n’est pas dans son intérêt, ni dans celui du peuple de Palestine.

Mais il est clairement établi, aujourd’hui que, sans recourir à son armement balistique le plus sophistiqué et le plus puissant, l’Iran est en mesure de percer n’importe quel système de défense. « Nevatim est l’endroit le plus lourdement défendu dans le monde (…). Il dispose de tout ce qu’il y a de mieux. Personne n’a de meilleurs équipements que ceux qui sont là-bas. L’Iran a lancé 7 missiles contre cette bases et 5 d’entre eux ont atteint leur cible. Cela signifie qu’Israël est sans défense ; ce qui signifie que l’Amérique est sans défense », déclarait récemment l’ancien officier du renseignement militaire américain, Scott Ritter avant d’ajouter « Ce qui signifie que si l’Iran voulait saturer cette base de missiles, ils auraient tout détruit. L’Iran a simplement voulu faire valoir un point. Ils ne voulaient pas détruire la base. Ils voulaient dire à Israël : « nous pouvons vous toucher à n’importe quel moment que nous aurions choisi ».

Nevatim est le site d’où avait décollé l’avion israélien qui a bombardé, le 1er avril dernier, l’annexe du consulat iranien à Damas.

Et pourtant s’étonne l’ancien officier américain : « nous avons donné à Israël la parfaite capacité de surveiller les missiles iraniens. Israël ne pouvait pas être pris par surprise. Tout ce que l’Iran a fait, Israël pouvait le savoir. Cette technologie de surveillance est couplée aux défenses anti-missiles les plus sophistiquées dans le monde : Arrow 1, Arrow 2, David’s Sling’s multi-mission amélioré (…), le système Patriot amélioré, les missile Thaad qui est un système anti-missile américain. Nous avons déployé tout cela autour Nevatim. C’est donc l’endroit le plus sécurisé de la planète en matière de défense anti-missiles balistiques. Il n’y a pas de place aussi lourdement défendue sur terre que Navatim ».

Non seulement, les missiles iraniens sont passé à travers les entrelacements de tous ces systèmes, mais Téhéran a brisé quelques tabous. 

Désormais, Israël peut être attaqué par un autre État qu’il aura préalablement agressé ou dont il aura porté atteinte à la souveraineté. Et beaucoup de pays de la région se préparent à cette option. Depuis le bombardement, en 1981, du réacteur nucléaire irakien Osirak en passant par l’assassinat du responsable palestinien Abou Djihad en 1988, en Tunisie, les nations agressées, en toute impunité, par Israël sont nombreuses.

À l’avenir, même si les protecteurs d’Israël ont réussi, du moins partiellement, à paralyser les organisations internationales, renonçant ainsi à toute forme d’éthique, cette entité intègre désormais l’idée que pour chacune de ses turpitudes visant un autre état, elle doit s’en acquitter cash des conséquences. L’article 51 de la Charte des Nations Unies leur donne ce droit[1]

Le test iranien est donc également un avertissement, mais il inaugure aussi un nouvel équilibre des forces dans la région.

Dahmane SOUDANI

Dernière minute. On apprend aujourd’hui qu’outre la coalition défendant Israël, formée des États-Unis, de la France, de la Jordanie et du Royaume-Uni, les Émirats Arabes Unis et l’Arabie Saoudite ont communiqué les données de leurs observations radar à cette même coalition à des fins d’interception.


[1] Article 51. Aucune disposition de la présente Charte ne porte atteinte au droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un Membre des Nations Unies est l’objet d’une agression armée, jusqu’à ce que le Conseil de sécurité ait pris les mesures nécessaires pour maintenir la paix et la sécurité internationales. Les mesures prises par des Membres dans l’exercice de ce droit de légitime défense sont immédiatement portées à la connaissance du Conseil de sécurité et n’affectent en rien le pouvoir et le devoir qu’a le Conseil, en vertu de la présente Charte, d’agir à tout moment de la manière qu’il juge nécessaire pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales.

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