À l’insu de son collègue des Affaires étrangères, Bruno Retailleau empêche des agents de l’ambassade d’Algérie d’accéder aux valises diplomatiques. Une atteinte sans précédent aux droits des membres de la mission diplomatique !
À la surprise générale, des agents de l’ambassade d’Algérie en France ont été empêchés d’accéder aux zones, des aéroports parisiens, réservées à la prise en charge des valises diplomatiques. Cette mesure pour le moins farfelue viole frontalement les articles 27 et 29 de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques. Dans son alinéa 7 l’article 27 stipule, en effet, que la mission (diplomatique) peut envoyer un de ses membres prendre, directement et librement, possession de la valise diplomatique des mains du commandant de l’aéronef. ». L’article 29 édicte que « La personne de l’agent diplomatique est inviolable. Il ne peut être soumis à aucune forme d’arrestation ou de détention. L’État accréditaire le traite avec le respect qui lui est dû, et prend toutes mesures appropriées pour empêcher toute atteinte à sa personne, sa liberté et sa dignité ». À l’évidence une telle trivialité viole toutes les règles et les normes diplomatiques en usage.
Des pratiques sombres et irresponsables
Conséquence logique, le ministère algérien des Affaires étrangères a convoqué le Chargé d’affaires de l’ambassade de France en Algérie « afin lui demander des clarifications », selon Alger. Parallèlement, le Chargé d’affaires de l’Ambassade d’Algérie en France a pris attache avec les services du Ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères.
Ces contacts diplomatiques ont permis de dévoiler des pratiques sombres et totalement irresponsables de Bruno Retailleau, l’actuel ministre français de l’Intérieur qui n’est pas à sa première manifestation d’obsession à l’endroit de l’Algérie.
Tenez-vous bien, « Les démarches entreprises, tant à Alger qu’à Paris, ont permis d’établir que ladite mesure a été prise par le Ministère français de l’Intérieur, à l’insu du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, dans l’opacité totale et sans la moindre notification officielle comme le veulent les règles élémentaires de la pratique diplomatique », détaille le communiqué du MAE algérien qui pointe une mesure constituant « une atteinte grave au bon fonctionnement de la mission diplomatique algérienne en France ».
L’Algérie applique la réciprocité
Sauf situation exceptionnelle, les Affaires étrangères ne relèvent ni de la compétence du ministère de l’Intérieur et ni de celle de M. Retailleau qui s’autorise ainsi à usurper une fonction et envoyer une nouvelle torpille contre les relations algéro-françaises, bâties pendant des décennies par des fonctionnaires et des diplomates animés par le souci des intérêts bien compris de leurs pays réciproques.
À son corps défendant, l’Algérie annonce la décision « d’appliquer, avec rigueur et sans délai, le principe de la réciprocité ». Par ailleurs, « Elle se réserve, également, le droit de recourir à toutes les voies légales appropriées, y compris la saisine des Nations Unies, afin de faire valoir ses droits et d’assurer la protection de sa mission diplomatique en France ». C’est le résultat du fonctionnement instinctif d’un ministre qui pour se faire une carrière politique, est prêt à détruire irrémédiablement les relations entre deux pays finalement voisins et entre lesquels les relations humaines sont très intenses. Est-ce que c’est le seul agenda qui anime et explique les poussées d’urticaires de ce ministre qui dans son délire n’hésite pas à tordre le coup aux missions d’un maroquin -sans jeu de mots-, en principe marqué par son caractère régalien et un grand sens de la mesure et de la réserve ? Rein n’est moins sûr. Ces provocations récurrentes qui ont fini par prendre en otages des citoyens des deux pays, des familles, des entreprises et des hommes d’affaires et, à présent des diplomates, doivent prendre fin par un retour à des relations diplomatiques plus saines et plus apaisées. Pour ce faire, les pyromanes doivent être neutralisés. Il y va de l’intérêt des deux pays.
Dahmane SOUDANI


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