Huit des douze humanitaires du Madleen, kidnappés par des soldats israéliens dans la nuit de dimanche à lundi, dans les eaux internationales, refusent d’admettre qu’ils étaient entrés illégalement sur le territoire israélien. Une vérité absolue, mais qui, pourtant, les conduira devant un tribunal.
Il s’agit des Français Rima Hassan, Yanis Mhamdi, Pascal Maurieras, Reva Viard, de l’Allemande Yasemin Acar, du Brésilien Thiago Avila, du néerlandais Mark Van Rennes et du Turc Suayb Ordu.
Après 24 d’absence totale de contacts avec le monde, les avocats d’Adalah, le Centre juridique pour les droits de la minorité arabe en Israël, a finalement réussi à rencontrer 10 des 12 militants kidnappés, les journalistes Omar Faiad (al Jazeera) et Yanis Mhamdi (Blast) étant représentés par leurs avocats particuliers.
Violence, brimades et privations multiples
Selon le médecin français Baptiste André, expulsé et arrivé mardi matin, aux premières heures, en France, il y a eu des actes de violence et des brimades contre les militants, dès leur arrivée au port d’Ashdod. Une fois écroués, ils ont été soumis à un régime de privation d’accès aux sanitaires, à l’eau et à la nourriture. Greta Thunberg, 22 ans, a également été privée de sommeil. « Plusieurs militants ont également signalé des conditions insalubres dans les locaux de l’IPS, notamment des infestations de punaises de lit » confirme Freedom Flotilla Coalition (FFC).
Thiago Ávila en grève de la faim
Pour protester contre toutes les actions illégales et inhumaines perpétrées par Israël dont les conditions dégradantes de détention des bénévoles humanitaires, le Brésilien Thiago Ávila s’est en mis en grève de la faim (eau et nourriture) et dès lundi matin.
Outre le Dr Baptiste André, le Français Omar Faiad, journaliste à al-Jazeera, Greta Thunberg et l’Espagnol Sergio Toribio ont également été expulsés. Pour être rapatrié en France, le Dr Baptiste André a déclaré à France Info qu’il a dû signer des documents d’expulsion sur la base d’informations fallacieuses. Le médecin dit avoir consenti à apposer sa signature « pour des raisons personnelles et familiales, mais aussi pour pouvoir témoigner » des événements survenus depuis l’arraisonnement du Madleen.
Un acte de piraterie dans les eaux internationales
« La flottille n’a jamais pénétré dans les eaux territoriales israéliennes, et ce n’était d’ailleurs pas son intention.Le Madleen naviguait dans les eaux internationales, où Israël n’a aucune juridiction ni autorité légale, et se dirigeait vers les eaux territoriales de l’État de Palestine, reconnues par le droit international.Le navire a été intercepté après que des images ont montré des drones larguant une substance blanche non identifiée sur lui et sur les militants », assène le centre d’avocat Adalah. Même par rapport aux eaux territoriales palestiniennes, lorsqu’il a été arraisonné, le vaisseau Madleen était à 100 miles des côtes. Donc dans les eaux internationales, de ce point de vue-ci également.
L’eurodéputée Rima Hassen ne signera pas un faux
Finalement les huit humanitaires dont Rima Hassen et Thiago Ávila qui n’ont pas voulu reconnaître qu’ils étaient entrés illégalement sur les territoires occupés par Israël, ont été jugés une première fois mardi en fin de journée par le tribunal de détention de Ramleh. Et alors qu’ils ont été kidnappés dans une zone sur laquelle Israël n’a absolument aucun droit et ramenés de force et contre leur gré jusqu’au port d’Ashdod, le ministère publique israélien persiste à soutenir qu’ils étaient « entrés illégalement en Israël ». C’est ce qu’il faudra bien appeler la vérité d’Israël ; un travestissement intégral de la vérité au vu et au su de la planète entière.
Sans attendre la décision du tribunal, Israël a déjà imposé une interdiction d’entrée de 100 à tous les passagers de la flottille.
La prison, c’est le sort de 10400 Palestiniens dont 400 enfants
« Dans leurs déclarations, les huit humanitaires ont affirmé avoir été enlevées et emmenées de force en Israël contre leur gré. Ils ont souligné que leur seule mission était de briser le siège de Gaza et d’acheminer de l’aide. Lorsque le tribunal leur a demandé s’ils étaient au courant du blocus naval, ils ont fermement répondu que ce blocus était illégal au regard du droit international », relate FFC qui pourtant ne se fait aucune illusion quant à l’issue de la procédure judiciaire engagée. « Ceux qui n’ont pas consenti à partir restent en détention et comparaîtront devant un tribunal. Or, nous savons que le soi-disant « système judiciaire » israélien existe pour maintenir l’apartheid, l’occupation et la colonisation, et non pour rendre justice, et qu’il finira par ordonner une expulsion forcée », dénonce l’organisation.
C’est d’ailleurs à partir de telles ignominies que 10 400 Palestiniens dont 400 enfants croupissent actuellement dans les geôles israéliennes sur la base de procédures expéditives et de simulacres de justice. Plus de 3 500 Palestiniens sont détenus sans procès, sans inculpation et sans les garanties minimales d’une procédure régulière[1]. Quant aux conditions de détention, il suffit de visionner quelques vidéos sur les détenus palestiniens libérés pour s’en faire une idée.
Dahmane SOUDANI
[1] Ces données ont été rendues publiques le 4 juin 2025 par l’association Addameer de soutien aux prisonniers et de défense des droits de l’homme


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