À propos de l’article

Avatar de MaghNord News

Information sur l'auteur

Continuous news from both sides of the Atlantic

L’UE était officiellement renseignée sur les crimes commis en Palestine depuis 2024

La fuite d’un document interne de l’Union européenne révèle que les dirigeants de cette institution -si tant est, il lui reste encore quelque chose d’institutionnel- sont au courant, depuis 2024, des crimes de guerre commis par Israël, en Palestine occupée, et particulièrement à Gaza. Le document en question est un rapport interne, daté de l’année dernière, signé de l’avocate et ancienne Première ministre de l’Estonie, alors représentante spéciale de l’Union européenne pour les Droits humains, Kaja Kallas. Cette information a fuité mercredi dernier et a été relayée par l’eurodéputé belge, Marc Botenga, membre du Parti du Travail de Belgique. 

Marc Botenga, l’une des références morale du parlement européen (c. écran-DR)

En particulier, il en ressort qu’Israël cible sciemment et en non-stop, des hôpitaux et des écoles ; ce qui au regard du droit international constitue un crime de guerre, en principe, à même d’enclencher automatiquement une réaction de l’UE. Mais « l’Union européenne exporte toujours des armes, (maintient) un accord privilégié avec Israël et donc, ça doit s’arrêter et ce rapport le dit clairement. Et qu’a fait l’Union européenne de ce rapport ? Ils l’ont enfoui, ils l’ont caché. En fait, suite à ces informations, l’Union européenne n’a pas du tout agi. Elle a continué à exporter des armes. Elle a continué son partenariat privilégié avec Israël et cela constitue évidemment une complicité très, très claire, avec ce qui est en train de se passer. Ils sont au courant. Ils savent qu’ils doivent agir, qu’ils ne peuvent pas rester complices, selon le droit international. Et pourtant, c‘est exactement ce qu’ils font », détaille Marc Botenga avant de poursuivre : « Aujourd’hui, nous nous battons plus que jamais, non seulement pour un embargo immédiat sur les armes, pour un arrêt de ce partenariat privilégié avec Israël, mais aussi, évidemment, nous allons, maintenant, poser la question de la complicité légale, de la responsabilité légale des institutions européennes et de gouvernements européens ».

Rappelons que selon le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI), par ordre de gravité les crimes jugés par cette juridiction internationale sont les crimes de génocide, les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre et les crimes d’agression (article 6 du Statut). Par ailleurs, outre les auteurs directs des crimes, la convention sur le génocide punit également « l’incitation directe et publique à commettre le génocide » et « la complicité dans le génocide » (article III de la convention).

Caché pendant des mois, le rapport Kallas a fini par faire surface (c. écran-DR)

En dernière instance, il appartient à la Cour internationale de justice, la plus haute juridiction des Nations Unies et à la CPI de caractériser les carnages et les atrocités de Gaza et de Cisjordanie, mais ce qui se passe dans l’enclave palestinienne semble s’apparenter plus aux crimes de génocide qu’aux autres délits.

 Le 9 mai dernier, six mois après avoir passé le témoin à Kaja Kallas, l’Espagnol Josep Borrell, alors haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité a publiquement a reconnu que « la moitié des bombes qui tombent sur Gaza sont fournies par (nous) l’Union européenne ». Une reconnaissance tardive, mais révélatrice du niveau de complicité de l’UE dans le génocide toujours en cours à Gaza.

Depuis, la construction mensongère d’une Europe clean, soucieuse des droits de l’homme, a encore vacillé. Mercredi dernier, le média d’investigation Disclose, en collaboration avec le portail irlandais The Ditch a dévoilé une nouvelle livraison de matériel militaire français à Israël et dont l’embarquement devais s’effectuer le 5 juin courant, depuis le port de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et avec pour destination finale, le port de Haïfa, en transitant par Gênes et Salerne. Constitué de 19 palettes contenant 14 tonnes de pièces métalliques dites maillons, ce matériel militaire est fabriqué par la société française Eurolinks, basée à Marseille. Ces pièces sont destinées à assembler des cartouches pour fusils mitrailleurs. Le fret en question était destiné à la société Israel Military Industries, filiale du groupe Elbit Systems, principal fournisseur de l’armée israélienne. Selon Disclose, les lots de maillons, prêts à être livrés, sont compatibles avec des mitrailleuses de type Negev 5, utilisées par l’armée israélienne, notamment lors du “massacre de la farine” le 29 février 2024, où plus d’une centaine de civils palestiniens ont été tués à proximité d’un convoi d’aide humanitaire.

La cargaison dont il est question ici devait être embarquée à bord du Contship Era, un cargo de la compagnie israélienne Zim. Cette expédition n’est pas la seule. Tant s’en faut ! Rien qu’en 2025, deux autres livraisons identiques ont déjà été expédiées vers Israël, les 3 avril et 22 mai derniers.

 Suite à une mobilisation lancée par la CGT, la dernière cargaison a finalement été bloquée, mais pour combien de temps encore ?

Invité sur RTL, le locataire du Quai d’Orsay, Jean-Noël Barrot a tenté de s’en sortir par une pirouette -en évoquant du matériel de défense destiné au Dôme de fer et un armement n’ayant pas vocation à être utilisé en Palestine occupée- qui ne peut convaincre que ceux qui ont envie de l’être. Et pour cause, il n’existe aucun mécanisme de contrôle sur la destination finale de ces composants. À plus d’un titre ces arguties ressemblent bien à la virile « repoussade » de Brigitte Macron visant le président français lors de l’arrivée du couple à Hanoï, qu’on s’est empressé de vendre au public comme un instant de « tendre complicité ».

À plusieurs reprises, depuis des semaines, le président Macron répète à qui veut l’entendre que la France veut bien reconnaître l’État de Palestine, mais pas sous le coup de l’émotion -ce qui ne veut absolument rien dire, surtout pour un régime addictif de la politique de l’émoi. –  avant de décider finalement que ce sera au mois de juin courant. L’émotion semble s’éterniser et la reconnaissance de l’État de Palestine se fait toujours attendre.

Dahmane SOUDANI  

Tags:, , , , , , , , , , ,

Pas encore de commentaire.

Laisser un commentaire