Pour répondre aux sérieux défis de santé publique, un diagnostic exhaustif sera établi d’ici fin mai et une stratégie d’actions devra être élaborée avant la fin de l’été. Priorité absolue à l’enfance !
Sur la base des données déjà existantes, le préambule du décret exécutif créant la commission « Make America Healthy Again » du 13 février courant, commission qui sera présidée par Robert Kennedy, le nouveau secrétaire d’État à la Santé et aux affaires sociales, a révélé une situation sanitaire du pays peu reluisante, pour ne pas dire alarmante (notre hors-texte). Mais loin de toute démagogie, le nouvel exécutif américain a établi un constat sans concession.
Souhaitant, sans doute, être au plus près de la réalité en introduisant des données actualisées, les initiateurs de ce texte ont inscrit à l’agenda de cette nouvelle commission une évaluation complète et rigoureuse de l’état de santé de la population américaine qui devra être impérativement remise au président Donald Trump, le 24 mai prochain, soit 100 jours après la prise du décret de sa création. L’axe prioritaire d’étude et d’amélioration de la santé publique aux USA s’articulera, d’abord, autour de l’enfance. « Cette préoccupation s’applique de toute urgence aux enfants américains » stipule le texte règlementaire.
77% des jeunes adultes inaptes au service militaire
Une fois le diagnostic établi, Robert Kennedy et son équipe auront quatre-vingt jours, soit jusqu’au 12 août prochain, pour soumettre au président américain une stratégie d’amélioration de la santé des enfants. Et pour cause, « En 2022, on estime que 30 millions d’enfants (40,7 %) souffraient d’au moins un problème de santé, comme les allergies, l’asthme ou d’une maladie auto-immune. Le trouble du spectre autistique touche désormais 1 enfant sur 36 aux États-Unis, soit une augmentation stupéfiante par rapport aux taux allant de 1 à 4 enfants sur 10 000 diagnostiqués avec cette maladie dans les années 1980. Dix-huit pour cent des adolescents et des jeunes adultes souffrent de stéatose hépatique, près de 30% des adolescents sont pré-diabétiques et plus de 40 pour cent des adolescents sont en surpoids ou obèses », peut-on lire sur le préambule du décret cité plus haut. Et les conséquences vont au-delà de la question, déjà sérieuse, de santé publique. « Cela représente une menace grave pour le peuple américain et notre mode de vie. Soixante-dix-sept pour cent des jeunes adultes ne sont pas éligibles à l’armée, en grande partie en raison de leur état de santé (…). Ces tendances nuisent, à notre économie et à notre sécurité », spécifie le même texte.
Coup d’arrêt aux conflits d’intérêts
Il apparait, à travers ce même décret, que la nouvelle administration américaine entend réduire l’influence des entreprises sur tous les aspects de la santé de la population et, en la matière, faire preuve de plus de transparence. Mardi dernier, à l’occasion d’une réception organisée à l’occasion de la prise officielle de ses nouvelles fonctions, Robert Kennedy s’est engagé à soumettre les causes potentielles des maladies chroniques à « une enquête scientifique impartiale » y compris le calendrier de vaccination des enfants. « Certains des facteurs possibles sur lesquels nous allons enquêter étaient auparavant tabous ou insuffisamment examinés », mais à l’avenir, « Rien ne sera tabou », explique-t-il. Selon le nouveau secrétaire d’État, la Commission enquêtera également sur d’autres facteurs potentiels de l’épidémie de maladies chroniques, notamment les rayonnements électromagnétiques, le glyphosate et d’autres pesticides, les aliments ultra-transformés, les additifs alimentaires artificiels, les antidépresseurs et d’autres médicaments psychiatriques, les PFAS (polluants durables) et les microplastiques.
Robert Kennedy a, par ailleurs, déclaré qu’il s’efforcerait de mettre fin aux « conflits d’intérêts » au sein des comités consultatifs du secrétariat d’État à la Santé et aux affaires sociales.
Dans tous les cas, le décret « Make America Healthy Again » insiste particulièrement sur la restauration de « l’intégrité du processus scientifique en protégeant les recommandations des experts contre toute influence inappropriée et de la transparence ». Il vise à éliminer les conflits d’intérêts qui faussent les résultats et perpétuent la méfiance et les accointances avec les entreprises et leur influence. Les projets financés partiellement ou totalement par les industriels devront être soumis aux règles d’éthique et de transparence. Il y a réellement de quoi réjouir le professeur Didier Raoul !.
Dahmane SOUDANI
Éléments du constat établit par le préambule du décret « Make America Healthy again«
- L’espérance de vie aux États-Unis est nettement inférieure à celle des autres pays développés : avant la pandémie de COVID-19, l’espérance de vie moyenne aux États-Unis était de 78,8 ans, contre 82,6 ans dans les pays comparables. Cela équivaut à 1,25 milliard d’années de vie en moins pour la population américaine.
- 6 Américains sur 10 souffrent d’au moins une maladie chronique, et 4 sur 10 de deux maladies chroniques ou plus.
- On estime que 1 adulte américain sur 5 souffre d’une maladie mentale.
- Sur 204 pays et territoires, les États-Unis ont enregistré le taux d’incidence du cancer standardisé par âge le plus élevé en 2021, soit près du double du taux le plus élevé suivant.
- Entre 1990 et 2021, les États-Unis ont connu une augmentation de 88 % du nombre de cancers, soit la plus forte augmentation en pourcentage de tous les pays évalués.
- En 2021, l’asthme était plus de deux fois plus fréquent aux États-Unis que dans la plupart des pays d’Europe, d’Asie ou d’Afrique
- Les troubles du spectre autistique avaient la prévalence la plus élevée dans les pays à revenu élevé, y compris les États-Unis, en 2021
- Les maladies auto-immunes telles que les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, le psoriasis et la sclérose en plaques sont plus fréquemment diagnostiquées dans les régions à revenu élevé comme l’Europe et l’Amérique du Nord.
- Dans l’ensemble, les données de comparaison mondiales démontrent que la santé des Américains suit une trajectoire alarmante qui nécessite une action immédiate.
- En 2022, on estime que 30 millions d’enfants (40,7 %) souffraient d’au moins un problème de santé, comme les allergies, l’asthme ou une maladie auto-immune.
- Le trouble du spectre autistique touche désormais 1 enfant sur 36 aux États-Unis, soit une augmentation stupéfiante par rapport aux taux de 1 à 4 enfants sur 10 000 diagnostiqués avec cette maladie dans les années 1980.
- 18% des adolescents et des jeunes adultes souffrent de stéatose hépatique
- Près de 30 % des adolescents sont pré-diabétiques
- Plus de 40% des adolescents sont en surpoids ou obèses.
- Les problèmes de santé ont continué d’augmenter parallèlement à l’augmentation des prescriptions de médicaments.
- 77% des jeunes adultes ne sont pas éligibles à l’armée, en grande partie en raison de leur état de santé
- 90% des 4,5 billions de dollars de dépenses annuelles de santé du pays sont destinés aux personnes souffrant de maladies chroniques et de santé mentale.
- En résumé, les Américains de tous âges sont de plus en plus malades, en proie à des maladies que le système médical ne traite pas efficacement. Ces tendances nuisent aux Américains, à leur économie et à leur sécurité.



Laisser un commentaire