Sud Liban. Une dame barre la route à un char

Lorsque le pot de terre n’a plus rien à perdre face au pot de fer, l’inattendu peut se produire.

Cela s’est passé le dimanche 26 du mois de janvier courant, dans le village de Maroum al-Ras à la frontière sud du Liban. À l’issue des 60 jours, après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, le 27 novembre 2024, dates butoir à laquelle l’armée du prévenu Netanyahou devait évacuer les quelques positions frontalières où elle a pu, très difficilement, se positionner, une dame croyant en l’aptitude à la contractualisation des signataires, voulait rentrer chez elle. Mais à sa grande surprise, elle découvre que non seulement, l’armée d’occupation n’a pas évacué, mais un char lui barrait la route et fonçait dangereusement sur elle. Un blindé contre une femme, les mains nues, quelle attitude magnanime !

Après avoir pris une poignée de terre friable pour l’exhiber face au tankiste ; une façon basique de lui signifier que cette terre est la sienne -Peut-être a-t-elle pensé que c’est le seul langage qu’il peut comprendre-, cette brave dame a mis les mains en croix et a simplement barré la route à cet engin de la mort. Malheureusement, les internautes n’étant pas toujours bien préparés à la gestion de l’information, cette patriote libanaise restera anonyme et devra se contenter d’une vague identification toponymique.

À force de vouloir régner par la terreur et la cruauté !

Ce que cette dame ne savait pas c’est que sur demande de Netanyahou -il en a toujours-, le retrait de ses soldats a été reporté au 18 février 2025 avec de facto une prolongation de la trêve ; une trêve qui n’empêche pas néanmoins, périodiquement, l’armée de Tel Aviv d’ouvrir le feu sur des civils libanais innocents.

À son corps défendant, la dame de Maroum al-Ras ne pouvait pas être au courant de ce sursit, tant l’annonce qui l’a accompagné est ambiguë pour ne pas dire suspecte. La première annonce a été faite par la Maison-Blanche, le dernier jour de la trêve et elle n’a été confirmée par les autorités libanaises que le lundi 27 janvier, le lendemain de cet incident.  Quel désordre !

La leçon à tirer de cet incident est la suivante :  à force de vouloir faire peur, de régner par la terreur et la cruauté, on pousse les opprimés à se surpasser et on finit par devenir soi-même insignifiant.

Dahmane SOUDANI