C’est ce que ressent la journaliste palestinienne d’al-Jazeera, Najwan Samri en commentant en direct le retour des Gazaouis dans leurs foyers.
Par dizaine de milliers, depuis deux jours, à pied (le plus souvent nus), entassés sur des camions ou de simples charrettes, rarement en voiture -les bombes de 900kg utilisées en milieu urbain ont tout détruit-, les Gazaouis retournent chez eux, sur leurs terres ancestrales, dans le nord de l’enclave palestinienne. Commentant cet évènement majeur, en scrutant en direct, cet immense mouvement humain qui s’étire sur des kilomètres, Najwan Samri, journaliste palestinienne à al-Jazeera, esquisse un sourire avec un petit pincement au cœur, presque une larme, à peine voilé. Et pour cause, la jeune professionnelle y voit une justice rendue à ses propres parents. « En tant que journaliste, je sais que je ne dois pas me laisser déborder par mes émotions, mais c’est difficile, très, très difficile ! Ces images nous rappellent le retour, tant espéré, par nos parents que Dieux ait pitié de leurs âmes, dont mon propre père qui a été forcé de quitter son village dans le Nord de la Palestine. Et ils ont vécu avec l’espoir du retour jusqu’à leur dernier souffle », confie-t-elle, avec beaucoup de dignité, à sa collègue de la même chaîne
Symboliquement, c’est le retour de ses parents
« Aujourd’hui nous voyons que nos proches à Gaza ont réussi à atteindre cet objectif, en dépit de tout ce qu’ils ont vécu. Depuis ce matin, j’essaie de réaliser ce qui se passe et ce n’est pas du tout évident. Ce qui se passe, là, sous nos yeux se, concrétise en dépit des plans de pays très puissants et d’armées aussi puissantes, il n’y a pas que l’armée israélienne, mais surtout tous ceux qui l’ont épaulée », poursuit la journaliste avant d’ajouter en s’efforçant de cacher sa révolte : « Pas plus tard qu’hier, on a appris d’un des chefs d’État les plus puissants au monde, des États-Unis pour ne pas les nommer, a évoqué, dans ses propres termes, l’exil forcé des Palestiniens de Gaza. Mais ce que nous voyons, aujourd’hui, est une réponse à Trump, à Smotrich, à Ben-Gvir, à Netanyahou et à tant d’autres qui soutenu cette guerre contre Gaza. Les Gazaouis ont été confrontés à la mort sous toutes les formes possibles et imaginables ; un million de fois par jour ils ont risqué leurs vies, et en dépit de cela, ils reviennent de cette manière-là, c’est … »
Au prix de 47 161 morts
Et Najwan Samri de dire son admiration et son respect pour la vaillance et le courage de milliers de Gazaouis, qui, en dépit des risques et des menaces réels qui pesaient, à chaque instant, sur leurs vies, n’ont jamais voulu quitter le nord de la bande de Gaza.
Selon des chiffres repris par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires, du 8 octobre 2023 au 22 janvier 2025, 47 161 Gazaouis (hors combattants) ont été tués par l’armée israélienne dont 13 319 enfants et 7 216 femmes et 111 166 autres ont été blessés. Pas moins de 10 000 personnes sont, par ailleurs, portées disparues, sans doute mortes sous les décombres ou enlevées par l’armée israélienne.
Côté adverse, rappelons qu’en août 2024, déjà, le journal israélien Yedioth Ahronoth faisait état, d’au moins 10 000 soldats et officiers israéliens tués ou blessés en 9 mois d’affrontements et que depuis le 7 octobre 2024, les combats se sont intensifiés dans le Nord de la bande de Gaza.
Une réalité de terrain qu’admettra à demi-mot, cinq mois plus tard, Antony Blinken en concédant, le 14 janvier courant : « Nous avons depuis longtemps fait comprendre au gouvernement israélien que le Hamas ne peut être vaincu par une seule campagne militaire (…) En effet, nous estimons que le Hamas a recruté presque autant de nouveaux militants qu’il en a perdu.» Par Hamas, il faut entendre la demi-douzaine de groupes palestiniens armés qui combattent dans la bande de Gaza.
Dahmane SOUDANI






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