Palestine. La vie du Dr Abou Safiya est en danger

La vie du Dr Abou Safiya est en danger. C’est l’Observatoire Euro-Med des Droits de l’Homme qui le dit, se basant sur les tortures déjà infligées à ce pédiatre de 52 ans et les meurtres délibérés d’autres médecins gazaouis, commis par l’armée israélienne.

Selon Euro-Med le portail de l’Organisation, le 27 décembre dernier immédiatement après son arrestation, le médecin palestinien et directeur de l’hôpital Kamal Adouan (nord de Gaza) a été violenté, puis attaqué à l’aide de bombes assourdissantes alors qu’il tentait d’évacuer l’hôpital -sous statut de détenu- comme le lui avait demandé l’armée du prévenu Netanyahou. Le Dr Abou Safiya a ensuite été transféré dans le centre d’interrogatoire, établi par cette même armée, dans la zone d’al-Fakhura du camp de réfugié de Jabalia où il a été obligé de se déshabiller et soumis à de violents passages à tabac. En particulier, le pédiatre a été durement fouetté à l’aide de câbles électriques utilisés par le réseau de transport du courant. Les soldats l’ont ensuite soumis à un traitement humiliant en présence d’autres détenus, y compris ses collègues du personnel médical.

Torturé et humilié

Le directeur de l’hôpital Kamal Adouan a, dans un troisième temps, été transféré au camp militaire de Teyman au Sud de la Palestine occupée. Selon les témoignages de personnes récemment libérées de ce camp, et recueillis par l’Observatoire Euro-Méd des Droits de l’Homme, « le Dr Abou Safiya a été soumis à de graves tortures, entraînant une détérioration significative de son état de santé ». Sans aucune raison, le médecin subit ces exactions entrainant une dégradation de son état de santé « alors qu’il avait déjà été blessé par des frappes aériennes israéliennes sur l’hôpital, où il a travaillé sans relâche jusqu’à ce que l’établissement soit pris d’assaut et incendié par les forces israéliennes », déplore l’Organisation. 

Le régime de Tel Aviv falsifie la réalité et dénie les évidences

L’armée du régime de Tel Aviv « a tenté de tromper le public sur la détention et la torture du Dr Abou Safiya. Les médias pro-israéliens ont diffusé une vidéo promotionnelle trompeuse décrivant son traitement comme humain, même s’il a été torturé et humilié immédiatement après le tournage », détaille l’Euro-Med.

Jeudi dernier (2 janvier 2025), « l’association Médecins pour les droits de l’homme – Israël (PHRI) a déposé une demande au nom de la famille du Dr Abu Safiya pour obtenir des informations et faciliter la visite d’un avocat », mais une fois de plus le régime israélien se défausse, prétendant « n’avoir aucune trace de sa détention, affirmant qu’ils n’avaient aucune indication de son arrestation » ; ce qui en toute logique fait monter les inquiétudes de plusieurs crans. »

Les docteurs Adnan Al-Bursh et Lyad Al-Rantisi tortures et assassinés

« Euro-Med Monitor exprime sa profonde inquiétude quant au fait que le Dr Abu Safiya pourrait être exécuté pendant sa détention, à l’image du sort réservé au Dr Adnan Al-Bursh, chef du service d’orthopédie de l’hôpital Al-Shifa de la ville de Gaza, tué sous la torture au centre de détention d’Ofer le 19 avril 2024. Le Dr Al-Bursh avait été arrêté avec ses collègues de l’hôpital Al-Awda en décembre 2023. De même, le Dr Lyad Al-Rantisi, chef du service d’obstétrique de l’hôpital Kamal Adwan, a été tué sous la torture dans un centre d’interrogatoire du Shin Bet israélien à Ashkelon, une semaine après sa détention en novembre 2023. Les autorités israéliennes ont dissimulé sa mort pendant plus de sept mois », s’inquiète l’organisation Euro-Méd.

« Des dizaines de médecins et de membres du personnel médical sont toujours soumis à des détentions arbitraires et à des disparitions forcées dans les prisons et centres de détention israéliens, où ils sont exposés à de graves tortures et à l’isolement, selon les témoignages d’anciens détenus.La détention du Dr Abu Safiya doit être comprise dans le contexte du génocide israélien en cours à Gaza, qui dure depuis près de 15 mois. Son arrestation, la torture et son exécution potentielle font partie d’une stratégie plus vaste visant à détruire le peuple palestinien de Gaza – à la fois physiquement et psychologiquement – ​​et à briser sa volonté. Cette stratégie comprend non seulement la destruction délibérée du secteur de la santé et la perturbation des activités du personnel médical, en particulier dans le nord de Gaza, mais aussi une attaque contre le rôle symbolique et humanitaire représenté par le Dr Abu Safiya. Malgré les graves crimes commis contre l’hôpital Kamal Adouan, son personnel et ses patients, en particulier au cours des deux derniers mois, le Dr Abu Safiya est resté inébranlable dans son dévouement à fournir des soins médicaux essentiels et à remplir ses fonctions médicales », précise le portail Euro-Méd.

Aucun médecin n’a encore déchiré sa blouse dans la rue

Par dizaines, des médecins et professionnels de la santé sont arrêtés à Gaza, emprisonnés, torturés et froidement exécutés par les hordes du prévenu Netanyahou et on n’a pas encore vu des médecins des autres pays, de par le monde, déchirer leurs blouses dans la rue, en guise de protestation ou tenir, en groupes, des sit-in devant les représentations diplomatiques des pays complices du génocide en cours dans l’enclave palestinienne ; des femmes enlevées, abusées, torturées, violées et assassinées par milliers et aucun groupe de femmes n’a été protester devant les consulats des pays complices ; pas moins de 203 journalistes et professionnels de de l’information liquidés -selon le dernier décompte établi par la militante des droits de l’homme Eva Karen Barlett- et on n’a vu aucun mouvement de protestation des journalistes devant les représentations des premiers complices du génocide ciblant le peuple de Gaza ;   pas moins de 45 000 Gazaouis assassinés dont 14 500 enfants et on n’a vu aucune manifestation d’enfants accompagnés des parents devant les missions de pays complices… Pourquoi une telle absence d’initiatives et une telle sidération devant un crime de génocide, somme toute, documenté en temps réel ; un crime qui, du reste, ne relève pas de l’opinion de chacun, mais clairement codifié par le droit international ? Pourquoi une telle panne d’idées et d’actions susceptibles de mettre fin, au plus vite, à ce crime biblique commis de sang-froid et pour faire payer aux coupables, le prix de leurs forfaits ?

Dans les circonstances actuelles, ces silences, ces absences d’initiatives, ces indigences de la conscience, sont des participations aux massacres de Gazaouis et des Palestiniens.

Dahmane SOUDANI