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Syrie. Al-Assad s’en va, l’incertitude s’installe

Face à la pression des groupes armés agglomérés autour de Hayat Tahrir al-Cham (l’affiche de vente d’al-Nosra, la branche syrienne d’al-Qaïda) et directement entrainés et soutenus par Ankara, le pouvoir syrien s’effondre. Le président Bachar al-Assad est donc renversé. On a appris, ce matin, par la diplomatie russe que celui-ci a décidé de démissionner de son poste et de se retirer à l’étranger, sans préciser la destination du président déchu. Il a sans doute été exfiltré, avec sa famille, par et vers l’un des pays alliés.

Alep, Hama, Homs et Damas, les villes syriennes sont tombées une par une, comme un château de cartes, devant l’avancée des groupes armés, avec une facilité des plus surprenantes. On ne pouvait pas s’imaginer que les institutions du pays étaient dans une situation de décomposition aussi avancée. Même les Russes, les Iraniens et le Hezbollah ne se sont pas précipités pour défendre leur protégé, renonçant ainsi à soutenir un allié stratégique. Cette rapide implosion du régime n’a, sans doute pas, pas encore livré toutes ses zones d’ombre.

Par le biais du ministère des Affaires étrangères, la Russie va jusqu’à dévoiler qu’elle est « en contact avec tous les groupes de l’opposition syrienne ». Moscou indique, par ailleurs que « toutes les mesures nécessaires sont prises pour assurer la sécurité de citoyens russes en Syrie » et que les bases russes présentes dans le pays sont mises en état d’alerte.

Hasard du calendrier, actuellement en visite en France, Donald Trump annonce, de son côté, que l’aide à l’Ukraine va être réduite.

Reste que les putschistes ont déjà acté leur manière de respecter les règles d’étique et de déontologie, en vandalisant l’ambassade d’Iran, dès leur entrée à Damas. C’est sans doute pour cette raison que par anticipation, un certain ministre des Affaires étrangères, avait, en son temps, déclaré qu’al-Nosra « faisait du bon boulot ». Les vidéos que les insurgés ont, eux-mêmes, mises en ligne montrent, en outre, que la première question qu’ils posent à leurs captifs tournait autour de leurs rites et appartenances religieuses. Quelles implications vont avoir les différentes appartenances sur le sort de ces personnes. L’avenir, seul nous le dira !

Toute la presse et les faiseurs d’opinion qui jusqu’à présent, se sont évertués à recycler en « rebelles » des terroristes armés et violents, vont bientôt faire semblant de découvrir et étaler, au grand jour, le véritable visage de ces groupes. On change son fusil d’épaule. Le but étant, à présent, de justifier toutes les actions possibles et imaginables pour que la Syrie ne relève plus la tête et la nature des nouveaux maîtres de Damas va leur fournir tous les prétextes. Le tort de ce pays, c’est d’être la principale porte de l’Asie vers la méditerranée. Une situation compliquée par les relents impériaux de la Turquie d’Erdogan et l’apparition, sur scène, d’Israël dès 1948. Ce dernier régime ne va pas se faire prier pour poursuivre ses abus contre la Syrie et, pourquoi pas, grignoter encore un peu de terrain du territoire de ce pays. Les cris d’orfraie, ça les connais !

La Syrie en ligne de mire n’a donc rien à voir, ni avec la démocratie, ni avec les droits de l’homme, ni avec aucun des autres leitmotivs régulièrement avancés par les Occidentaux pour renverser les régimes qui adoptent une ligne politique souveraine. Tout cela, n’est qu’une vaste et grotesque fumisterie.

Puisque nous somme en Syrie, il suffit de se rappeler et de chercher à savoir qui, après 1936 avait empêché Hachem Khaled el-Ataasi (1875-1960), le premier président syrien élu démocratiquement à exercer le pouvoir qui lui avait été confié par son peuple ? N’est-ce pas l’assemblée nationale de la 3e république française qui avait alors la haute main sur les décisions politiques majeures ?

À son tour, élu en 1943, le président Choukri al-Quawatli (1891-1967) a eu le privilège de superviser, trois ans plus tard, l’indépendance de son pays en le débarrassant du dernier résidu vichiste. Réélu en 1948, Il adopte une ligne de conduite de neutralité entre les deux blocs. L’histoire officielle se contente de relater que par la suite, il avait été renversé en 1949, par un coup d’État militaire dirigé par Housni al-Zaïm. La vérité est plus prosaïque et moins linéaire.

Au début de cette même année, le président Al quawatli se montre réticent au projet occidental de pipeline reliant les champs pétrolifères saoudiens aux ports libanais via la Syrie -comme l’histoire se répète ! -. Pour le punir, on fomente un coup d’état par lequel on installe au pouvoir, Housni al-Zaïm (1897-1949), un escroc notoire qui fut de toutes les trahisons.

Le président élu démocratiquement est arrêté par les putschistes, puis exilé en l’Égypte. Le pipeline voulu par Washington est approuvé 4 jours après le coup d’État. Les citoyens syriens se rendent très rapidement compte de la supercherie. Al-Zaïm eut tout juste le temps de dissoudre le parlement qu’il est destitué, à l’issue de 137 jours d’exercice. Il est abattu au palais présidentiel, le 4 août 1949. Soutenu par le Parti National, Al-Quawatli revint en Syrie et remporte la présidentielle de 1955. Mais déçu par l’implication de Washington dans son renversement, il décide de se tourner vers le bloc soviétique.

On enverra alors Kermit Roosevelt (dit Kim Roosevelt, petit-fils du 26e président des États-Unis) et Rocky Stone, à Damas, la mallette bourrée de dollars pour tenter de renverser le président élus démocratiquement. Le complot est déjoué et l’ambassade des États-Unis est investie. Ces deux sorciers des coups d’État, épaulés par le M16 britannique avait, déjà, en août 1953, réussi à renverser le premier chef de gouvernement élu en 4 000 ans d’histoire, en Iran, en l’occurence Mohammad Mosaddegh (1882-1967).

Victime d’un nouveau coup État baasiste en 1963, Al-Quawatli, ce patriote et grand homme d’État syrien, meurt d’une crise cardiaque, au Liban, quelques semaines après la défaite de la Syrie, lors de la guerre des Six jours de 1967.

Dahmane SOUDANI

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