Les populations du nord de Gaza jetées dans la rue

Après avoir tout perdu, les Gazaouis du nord de l’enclave palestinienne perdent la dernière condition de leur survie : leurs gîtes. Le monde demeure momifié ou enfermé dans des simulacres d’actions.

Après la faim, la soif, les humiliations, l’assèchement des stocks de médicaments, la fermeture des centres de soins, les arrestations, les enlèvements, les exécutions sommaires, et un bouclage total d’une vingtaine de jours, avec toutes les conséquences que cela implique, l’armée israélienne jette des milliers d’habitants du nord de la bande de Gaza hors de leurs domiciles ou ce qui y ressemble. Désormais sans savoir où aller, cette partie de la population palestinienne de Gaza est massée sur l’avenue Salah Eddine (nord-est de la bande de Gaza), sans aucune condition de survie.

Les hommes et des adolescents enlevés

C’est ce que montre le dernier reportage d’Al Jazeera signé du courageux journaliste Anis asharif. Immeubles, centres de refuge, maisons particulières, tentes et autres abris de fortune, tout, absolument tout, a été détruit par des bombardements à l’artillerie d’abord. Dans un deuxième temps, ceux qui ont quand même utilisé les décombres comme abris, pour rester chez eux, ont été délogés à l’arme à feu, parfois en y laissant la vie.

Ces destructions qui ne peuvent aucunement représenter des objectifs militaires vital sont autant de violations flagrantes de l’article 53 de la IV^e convention de Genève. Si tant est ces conventions signifient encore quelque chose auprès des criminels de guerre de Tel Aviv.

« Les hommes ont été arrêtés. Les femmes et les enfants, après avoir été pris en souricière des heures durant, ont de leur côté été forcés de se diriger vers la rue Salah Eddine sans autres perspectives », relate, depuis Gaza, Anis asharif au moment où des journalistes de salons exultent de se retrouver en présence de criminels de guerre er de leurs porte-voix.

« Sous nos yeux nos enfants ont été mutilés »

« Ils sont arrivés en nous bombardant et en nous tirant dessus. Ils ont arrêté nos enfants. Certains ont été tués. Ils nous ont jetées dans la rue, sans nos enfants et sans nos hommes. Nous ne savons pas où aller. Nous ne savons pas que faire. Au moment où je vous parle, nous ne savons pas ce que sont devenus nos enfants. Des enfants, pourquoi déchiqueter nos enfants. Sous nos yeux nos enfants ont été mutilés. Qu’ont-ils fait, ces enfants, pour être tyrannisés de la sorte. Ils nous ont déplacés en nous tirant dessus, en utilisant les gaz, en brûlant nos maisons, nos abris et tous les lieux de vie. Ils ont sacrifié nos filles, nos petits. On ne retrouve plus nos enfants. Où sont nos enfants ? réveillez-vous ! aidez-nous ! Ça suffit comme ça ! » s’insurge une dame au micro d’Anis asharif.

Des hommes conduits vers un lieu inconnu

« Étranglée par ses sanglots, une dame, en âge avancé, lance un appel au secours au monde et à l’humanité. « À ce monde, je dis où devrions-nous aller ? Aidez-nous ! », lance-t-elle, désespérée.

« Nous sommes dans le nord de Gaza depuis octobre 2023. Nous avons connu les abus, l’injustice, la faim, les privations de toutes sortes, mais nous voulons rester chez nous. Nous n’irons nulle part ailleurs », s’insurge une troisième dame.

Dans un autre reportage, Sky News montre des hommes habillés en blanc, pieds nus, les mains attachées derrière le dos, les yeux bandés, encadrés par des militaires lourdement armés qui les conduisent vers un lieu inconnu.

Dahmane SOUDANI

Visionner le reportage d’al-Jazeera : https://www.tiktok.com/t/ZTF4btKM9

visionner le reportage de Sky News: https://www.tiktok.com/t/ZTF4WaTyt

Article 53 de la Convention de Genève . – Il est interdit à la Puissance occupante de détruire des biens mobiliers ou immobiliers, appartenant individuellement ou collectivement à des personnes privées, à l’Etat ou à des collectivités publiques, à des organisations sociales ou coopératives, sauf dans les cas où ces destructions seraient rendues absolument nécessaires par les opérations militaires.   

Consultable à travers le lien : https://ihl-databases.icrc.org/fr/ihl-treaties/gciv-1949/article-53?activeTab=