À en juger par les propos de Liam Cosgrove, journaliste du portail d’investigation The Grayzone, lors de la dernière conférence de presse de Matthew Miller, Porte-parole du Département d’État américain, les professionnels de l’information en ont ras la casquette de jouer aux avaleurs de couleuvres -à leurs audiences s’entend-.
Avant de soulever les questions qui fâchent, le reporter de The Grayzone déploie un long développement
« Israël est toujours prêt à frapper l’Iran. Et en juillet, Blinken a déclaré que l’Iran était à une ou deux semaines de développer une arme nucléaire. Je suppose donc que, pour autant que nous le sachions, ils ont peut-être déjà gagné.
Entre-temps, en Ukraine, ils ont frappé en profondeur sur le territoire russe à plusieurs reprises, jusqu’à 300 miles (près de 500 km) de la frontière (…) Nous n’avons pas besoin d’être devin, nous savons que la Russie possède le plus grand arsenal nucléaire de la planète, avec jusqu’à 6 000 ogives. L’un des risques liés à la dotation des armées qui frappent les territoires des puissances nucléaires est que l’une d’entre elles soit utilisée et que la situation dégénère très rapidement. Ceci est rarement évoqué, mais il est important d’aborder le risque nucléaire. Pour Israël et cela pourrait très brusquement signifier la fin. Nous avons travaillé pendant des milliers d’années pour accomplir collectivement ce que les humains ont accompli. Nous avons aujourd’hui beaucoup de chance de vivre des fruits de ces succès. Mais j’ai l’impression que nous traitons le risque de manière assez arrogante. Ma question est donc la suivante : vous savez, nous entendons souvent, en réponse à ces préoccupations que Poutine, Khamenei, sont des criminels de guerre, des terroristes, car ils sont intrinsèquement mauvais ou immoraux pour que nous puissions négocier avec eux. Mais pendant ce temps, cette administration finance un génocide à Gaza depuis un an et chaque jour, vous êtes là à nier toute responsabilité dans ce génocide. Alors, qu’est-ce qui vous donne le droit de faire la leçon à d’autres pays sur leur moralité ? », interpelle-t-il avant d’être interrompu.
Fronde médiatique ?
Surpris et désarçonné par l’audace du journaliste, brisant une unanimité plutôt convenue, Matthew Miller répliqua : « Si vous aviez une question politique à me poser, je serais ravi d’y répondre. Si vous souhaitez faire un discours… »
Les reste de l’échange ne fut qu’une succession d’interruptions de part et d’autre, mais dans ce dialogue de sourds, Liam Cosgrove parvint signifier à l’adresse du porte-parole que : « les gens en ont marre des c… dites ici. Je veux dire, c’est un génocide (…) Vous risquez une guerre nucléaire en Ukraine pour cette guerre par procuration », dans un silence, plutôt consentant, de ses confrères. Quelque chose est peut-être en train de changer au sein du monde médiatique. La fronde ne se limite plus à quelques rares et brillants journalistes comme Abby Martin, Chris Hedges, Tucker Carlson… Difficile à croire lorsque la transformation d’appareils à usage civil (bipeurs au Liban pour ne pas les désigner), en armes létales, est célébrée par certains médias comme une prouesse technologique.
Depuis, la vidéo relatant cette joute verbale entre le journaliste et le porte-parole est devenue virale, comme on dit. Liam Cosgrove a peut-être brisé un tabou au sein-même de l’antre du sérail, mais professionnellement va-t-il survivre à cette bravade ?
Dahmane SOUDANI
Visionner la vidéo : https://www.tiktok.com/t/ZTF5D7eCd
MaghNord 
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