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New York. The Labor Day marqué par une gigantesque manifestation pour la Palestine

Rassemblement avant la marche (photo-D. S.)

Ils étaient des milliers à se rassembler, hier lundi, au parc Union Square avant d’arpenter la Park Avenue et retour au point de départ par la même artère avec un passage fort symbolique sous l’Arc de triomphe George Washington (Washington Square Arch).

Passage symbolique sous l’arc George Washington (photo D. S.)

Au milieu d’une forêt de drapeaux palestiniens, de pancartes, d’écriteaux et de divers supports, ils étaient surtout des jeunes de tous horizons, en habits modernes, en tenues traditionnelles, apparentées à diverses cultures et/ou religions, donnant de la voix à une cause qu’ils ont choisi de défendre par ce Labor Day. Avant que le cortège ne se mette en mouvement, c’était l’heure de la prière du Dohr. Les Musulmans pratiquants accomplissent alors ce devoir en formulant des vœux pour la Palestine. En dépit de cette diversité, ils étaient tous unis par la nécessité de rendre justice au peuple Palestinien. Même la monture du monument dédié à George Washington s’est vu flanquer de l’emblème de la patrie de Yasser Arafat. Les plus chanceux des manifestants ont pu participer à étaler et/ou porter un gigantesque drapeau palestinien, en la circonstance vénéré et entouré d’une attention toute particulière, voire d’affection. Le cortège était si imposant qu’il était impossible pour les manifestants de scander un slogan unique. Finalement chacun des carrés, quoi que bien encadrés, en avait le sien.

Des jeunes unis et déterminés (photo-D. S.)

En tête de cortège, on observe des banderoles déployant des slogans comme « Pas de vote pour le génocide : résister pour la Palestine », « Mondialisons l’Intifada » de Within Our Lifetime for Palestine[1], « Durant toute notre vie unis pour la Palestine », de Résistance jusqu’au retour[2], « Les professionnels de la santé unis pour la Palestine libre », signés des Travailleurs de la santé de New York pour la Palestine[3], « Aucune fierté dans le génocide » et « Silence = mort », non apparentés.

Prière et recueillement (photo D. S.)

Comme dans la quasi-totalité des manifestations pour la Palestine, la participation de personnes ou d’organisations de confession juive est de plus en plus importante. La plus visible est celle des juifs orthodoxes affiliés à Neturei Karta [4].  Sur leurs pancartes, ils arborent des dénonciations telles que :   « La Torah interdit aux Juifs d’occuper la Palestine », « Israël est responsable de 76 années du sang versé des Arabes et des Juifs », « Les Juifs soutiennent les étudiants : L’antisionisme n’est pas de l’antisémitisme » « L’État d’Israël ne représente pas la communauté juive mondiale », « Le judaïsme exige la liberté pour Gaza et pour toute la Palestine et interdit tout État juif » ou encore « Le judaïsme condamne l’État d’Israël et ses atrocités ». Ce groupe est la cible de prédilection des harceleurs pro-israéliens dont les propos, à leur adresse, sont des plus triviaux. La solidarité de tous les manifestants a, à chaque fois, repoussé avec succès, ces provocateurs, mais à la fin de la manifestation d’hier, il a fallu que la police new-yorkaise s’interpose et éloigne les perturbateurs.

Les Juifs dénoncent Israël (photo D. S.)

Au milieu de cette impressionnante foison d’emblèmes et de supports divers de messages, il y a les écriteaux de particuliers, de celles et ceux qui ont choisi d’apporter leur soutien à la Palestine à leur façon, à l’image de cette jeune dame qui faisant allusion au massacre d’enfants à Gaza, a imprimé sur le dos de son pull « Tuer les fleurs ne retardera pas le printemps » ou de ce jeune homme dont la pancarte dénonce « Assez d’hypocrisie et de double standard ».  « Sauvez les enfants », brandit une autre jeune fille ». « Les mamans pour une Palestine libre », « Arrêtez de financer le génocide avec l’argent de nos impôts »,  « Combien d’églises doivent encore être bombardées pour que les chrétiens s’en soucient !? » « Mettre fin à l’apartheid »… sont les quelques-uns des autres cris de colères et de détresse qui jaillissaient en flux continu des divers supports.

« Tuer les fleurs ne retardera pas le printemps » (photo D. S.)

De cette ambiance et des interventions de certains des animateurs du mouvement, on sent qu’il y beaucoup de détermination et une réelle volonté d’inscrire leur action dans la durée et de l’approfondir dès ce mois de septembre. Si le cessez-le-feu, la libération de la Palestine restent la priorité du mouvement, les complices du génocide sont de plus en plus dans le viseur du mouvement.

En dépit de cette gigantesque mobilisation, ce nouvel épisode du combat pour l’humanité -car il ne s’agit pas que de la Palestine. Tant s’en faut ! – a été largement boudé par les médias américains à grande audience. Mais dès lors que deux jeunes ont, l’un brandi le drapeau du Hezbollah et l’autre découvert un tee-shirt avec le portrait de Sinowar, un caméraman surgit de nulle part pour zoomer sur ce détail ; détail qui aurait pu devenir l’Évènement, si ce n’était la vigilance d’un autre manifestant qui s’était mis à bloquer systématiquement le champ de l’objectif avec son keffieh. Découragé le caméraman aux œillères se retire la queue basse.

Le 2 septembre restera une grande journée d’action pour la Palestine (photo-D. S.)

Faire grossir le détail et le servir comme fait exclusif au menu d’une opinion publique préalablement préparée -mais pas totalement acquise, encore heureux ! – à mordre à pleines dents, n’est que l’une des nombreuses meurtrières d’un arsenal manipulatoire bien huilé.

D’autres médias ont choisi, purement et simplement d’effacer l’évènement de leur agenda.     À ce titre, cette imposante manifestation n’a pas eu droit à la « une » de l’édition de mardi du New York Times. Sauf erreur de notre part, elle n’a même pas fait l’objet d’un entrefilet, alors que l’évènement s’est déroulé dans la ville d’édition de ce quotidien.

L’esquive du N. Y. Times (c. écran-DR)

Ce gommage d’une réalité qui, par son actualité et sa proximité crève les yeux et les oreilles, est comblé par des platitudes entourant le ventre de la « une » du genre : « Netanyahou promet de garder le contrôle de la frontière avec Gaza » (la force efface le crime), « Biden en soutien, Harris courtise les électeurs syndiqués » (proche des gens simples) et « Le livre que le Hamas a écrit sur la lutte contre les forces israéliennes dans la clandestinité » (des méchants qui frappent dans le dos).

À l’assassinat physique de masse des Palestiniens à Gaza vient ainsi s’ajouter l’élimination de tout fait participant à la visibilité de leurs souffrances, de leur martyr et de leurs espoirs… tout simplement de leur existence. L’invisibilité pour les uns, l’hyper-visibilité pour les autres, telle semble être la recette de traitement appliquée à la tragédie qui a pour théâtre la Palestine historique. Elle restera en vigueur tant que le tropisme qui l’anime et qui l’explique demeure tapi dans l’ombre.   

Dahmane SOUDANI


[1] Within Our Lifetime (comme Durant toute notre vie) est une organisation communautaire dirigée par des Palestiniens fondée à New York depuis 2015. Site : https://wolpalestine.com.

[2] Lien : https://www.palestineposterproject.org/poster/resistance-until-return

[3]Travailleurs de la santé de New York pour la Palestine : https://www.workers.org

[4] Neturei Karta International: https://nkusa.org

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